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3 décembre 2018 1 03 /12 /décembre /2018 18:58
Une communauté d'intérêts personnels

1) les salariés, le chef d'entreprise, les actionnaires, les créanciers, les fournisseurs, les clients sont des personnes porteuses d'une même dignité humaine à exister en relation d'échange avec les autres.

2) L'entreprise, la société propriétaire du capital, la société civile, les syndicats salariés et professionnels, les sociétés clientes et fournisseurs, l’État et les collectivités locales sont des personnes morales représentant différents intérêts solidaires engagés dans l'activité de l'entreprise.

3) L'objet de l'entreprise est la production de biens et services au bénéfice de ses clients dans le respect de tous les droits des personnes physiques impliquées et intéressées à l'activité de production et de vente.

4) Sous la loi juridique et la morale, l'entreprise est régie par la loi économique qui implique que le prix de tout ce qui est vendu par l'entreprise soit dans la durée supérieur au prix de toutes les ressources consommées : le travail rémunéré en salaires, les intrants, le capital et les primes d'assurance.

5) Toutes les personnes impliquées dans les productions et ventes de l'entreprise sont intéressées à la durabilité de l'activité réalisée par un prix moyen de la valeur ajoutée produite toujours égal ou supérieur à l'ensemble des charges et des nouveaux investissements.

La rentabilité universelle partageable d'entreprise

6) Tous les bénéficiaires de revenus de travail, de capital et de consommation entrepreneuriale de ressources collectives attendent de l'entreprise qu'elle respecte leurs droits juridiques et moraux à s'épanouir par les revenus monétaires de leur travail qui rémunèrent le temps dépensé et les biens propres immobilisés dans les actes de production.

7) A l'échelle des personnes physiques, trois catégories temporelles d'intérêt sont investis : le travail qui produit actuellement, le travail accumulé du passé immobilisé en capital réel, le travail à venir qui apportera les revenus attendus par les salariés, les apporteurs de capital et les créanciers de l'entreprise.

8) Le rôle du chef d'entreprise est de coordonner, de combiner et de défendre toutes les catégories d'intérêt investi dans la production, la vente et le développement humainement bénéfique des activités.

9) Derrière le maintien d'un fonds de roulement en trésorerie toujours positif, le défi du chef d'entreprise est de négocier une rémunération de chaque type d'intérêt qui motive chaque porteur d'intérêt à donner au travail collectif la contribution qui rende le meilleur rapport qualité-prix à la production finale.

10) La négociation la plus subtile et engageante est celle qui intervient entre le chef d'entreprise et les salariés qui assument chacun une fonction spécifique dans une combinaison complexe d'objectifs et de contraintes intermédiaires.

Subsidiarité des différents apports en capital

11) La négociation des tâches, objectifs et responsabilités assignés à chacun implique une symétrie des rôles, une équivalence des droits, une hiérarchie des responsabilités et une complémentarité des savoirs.

12) L'efficacité de la collaboration entre le chef d’entreprise et les salariés est régie par le principe de subsidiarité qui pose à la fois l'égalité de dignité, la communauté d'objectif, la différenciation des tâches, la liberté d'action dans son domaine de compétence et la responsabilité de chacun par rapport à ses clients et fournisseurs internes.

13) La subsidiarité revient à poser sur le plan managérial que chaque personne représente une participation au capital de l'entreprise par les talents, les ressources et le temps qu'il y investit.

14) La subsidiarité posée comme mise en commun des capitaux personnels signifie que l'entreprise produise une valeur différenciable qualitativement et quantitativement selon la nature et le rendement du capital effectivement investi.

15) La rémunération prioritaire du capital de savoir-faire individuel mise à disposition dans la durée de l'entreprise est le salaire.

16) La rémunération du capital juridique, écosystémique et marchand sont les impôts, taxes et charges sociales.

17) La rémunération du capital physique emprunté est le loyer.

18) La rémunération du capital financier d'assurance de la solvabilité de l'entreprise est le dividende.

19) L'équilibre économique et moral des contributions de chaque personne à l'entreprise implique pour chaque personne la mesure de la composition du capital effectivement investi et la négociation du prix de chaque tâche, compétence, actif physique et performance.

Décomposition de la valeur ajoutée par les options de prix

20) La rémunération différentiable des composantes d'un capital personnel s'appelle une prime ; un salaire est une prime de travail ; une prime au sens courant du terme est en réalité économique une attribution de dividende sur l'accroissement de capital financier induit par son bénéficiaire actionnaire, dirigeant ou salarié.

21) La rémunération différentiable des contributions personnelles à la plus-value d'entreprise repose sur un marché financier interne de négociation du prix de chaque unité d’œuvre livrée à la communauté.

22) Un marché financier interne à l'entreprise signifie une représentation commune lisible et compréhensible à tous, des objectifs, règles, contraintes et tâches assumés par chacun quels que soient son poste et sa fonction.

23) La négociabilité pour chaque poste de travail du prix, de la nature et des conditions de chaque unité d’œuvre entre client et fournisseur internes implique un système d'information central et une culture de la confiance responsable entre tous les rôles et fonctions.

24) La culture de la confiance entrepreneuriale implique une connaissance partageable de l'objet social de production et une chaine continue de décomposition de l'objectif d'entreprise en tâches et objectifs subsidiaires.

Principes de régulation entrepreneuriale des prix

25) L'efficience communautaire et solidaire d'entreprise est incompatible avec une inégalité de fait ou de droit entre les actionnaires financiers et les actionnaires par le travail.

26) Le système d'information comptable doit interdire la distribution de dividendes fictifs issus d'un rapport de force déséquilibré entre les salariés et les apporteurs de capital financier.

27) La fonction primordiale du chef d'entreprise est la régulation des rapports d'échange entre tous les rôles afin d'obtenir une évaluation concertée et moralement équilibrée de chaque unité d’œuvre contribuant au chiffre d'affaire et à la plus-value commune.

28) La fonction externe du chef d'entreprise est la représentation du corps commun d'entreprise face aux collectivités publiques et syndicales qui fournissent l'assurance systémique de la personne morale et l'assurance sociale et juridique des personnes physiques investies par leur travail.

29) Le chef d'entreprise est fonctionnellement propriétaire de la prime du capital financier de l'entreprise qu'il dirige : il n'y a que lui qui puisse être arbitre de la répartition de la plus-value entre le capital financier et le capital de travail.

30) A l'échelle du système économique la possibilité de titriser du capital et du crédit d'entreprise indépendamment des personnes physiques qui dirigent et produisent effectivement la valeur ajoutée revient à déconnecter les prix en monnaie des besoins et du travail effectivement humains.

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7 septembre 2018 5 07 /09 /septembre /2018 08:34

La crise mondiale du crédit dont la prime ne peut plus être réellement positive : dixième année

Ce texte a été publié par Paul Jorion le 26 septembre 2015.

Partons des faits. Le 17 septembre 2008, la banque étatsunienne Lehman Brothers est déclarée en faillite. La Réserve Fédérale des États-Unis s’est refusée à prêter de la liquidité centrale à un repreneur éventuel qui aurait garanti le remboursement des dettes de la banque d’affaire. Les paiements quotidiens sur les engagements de Lehman sont donc suspendus à partir du 18 septembre 2008. Des milliers de banques dans le monde ayant prêté directement ou indirectement se précipitent dans leurs livres comptables pour évaluer les créances qu’elles ont sur Lehman en risque de ne jamais être remboursées.

En quelques heures, la panique financière envahit le monde. La réalité saute aux yeux qu’on s’était convaincu d’ignorer : dans le régime de libre circulation du capital financier, il n’existe aucun mécanisme ni aucune règle qui permette de calculer précisément qui doit quoi à qui. Une grande banque internationale a fait faillite et aucun banquier, même pas la moindre banque centrale, n’est capable de garantir qu’il dispose de suffisamment de capital pour couvrir la perte possiblement encourue. La faillite de Lehman est un cataclysme mental et cognitif pour toutes les banques et assurances qui sont branchées sur le marché mondial de la liquidité monétaire en dollar.

Dans la confusion générale, les banques se mettent immédiatement à solliciter les opérateurs financiers qui leur ont vendu des assurances sur leurs crédits potentiellement impayés par Lehman. Très vite, la menace systémique se profile de la concentration des risques sur quelques opérateurs spécialisés dans l’assurance du crédit, dont l’assureur AIG qui essuiera officiellement 100 milliards de perte au 31 décembre 2008. En dépit de leur finalité originelle de répartition et de division du risque, tous les appels en garantie convergent sur les mêmes acteurs. Les réserves financières constituées pour couvrir les risques de crédit du système bancaire mondial se révèlent brusquement radicalement insuffisantes. La Réserve Fédérale des États-Unis se trouve instantanément obligée d’accorder des milliers de milliards de crédits relais pour empêcher la suspension de tous les paiements interbancaires entre des institutions qualifiées ultérieurement de « systémiques » qui ne savent plus réellement si elles sont objectivement et véritablement liquides.

La Loi mise en faillite par la finance

En réalité, les lois nationales et les réglementations internationales interdisent aux banques centrales de consentir des crédits illimités aux banques privées. Les banquiers centraux ont donc dû dans l’urgence et la précipitation, téléphoner aux ministres du budget pour ne pas être déférés devant les tribunaux quand viendrait le moment de mesurer les responsabilités. L’acquiescement général du pouvoir politique à la suspension de tout régime de légalité dans le monde financier a été immédiat quand il est apparu que les déposants de l’économie réelle pouvaient perdre instantanément tout ou partie du prix de leurs dépôts et de leur épargne déposée dans les banques.

La faillite de Lehman n’a donc pas mis fin au régime du capitalisme libéral par le fait para-normal que les grands États ont foulé aux pieds la légalité qui définit juridiquement le capital comme couverture du crédit. Contre la souveraineté, contre leur constitution, contre le principe de la propriété et de la responsabilité, les États dits de droit se sont portés garants collectivement et sans limite du système bancaire mondial piloté par la Réserve Fédérale des États-Unis. D’institution centrale du système de crédit international, la banque centrale des États-Unis est passée au statut transcendant de deus ex machina de la liquidité bancaire internationale. Toutes les banques centrales du monde sont devenues de fait par des autorisations de découvert à la Réserve Fédérale, des filiales du gouvernement mondial de la monnaie au dessus des lois civiles. La banque centrale du dollar est devenue de fait le prêteur universel en dernier recours de toute économie mondiale.

Derrière l’escroquerie cognitive des subprimes qui a servi de catalyseur, et derrière ce qui nous est aujourd’hui gentiment présenté comme l’effacement inéluctable et nécessaire du pouvoir politique en économie, il faut mesurer l’ampleur de la révolution qui s’est accomplie. Depuis la faillite de Lehman, le crédit des banques centrales aux banques privées n’est plus régi par la loi des personnes et de la souverainetés des nations constituées en États. Le crédit central qui fait exister la monnaie par quoi sont réglés les échanges entre les hommes est une pure technique qu’aucun législateur, aucun pouvoir politique, aucun juge ne peut discuter ni modifier. Ce que les hommes produisent et achètent concrètement n’est plus le critère de calibrage de l’émission monétaire. La finalité première du capital comptabilisé en monnaie n’est plus de financer les activités qui répondent à des besoins humains délibérables.

Escroquerie à l’assurance par les dérivés de crédit

Une fois que le système bancaire mondial en dollar à obtenu la garantie sans limite de tous les États pour que les déposants et créanciers des banques ne subissent aucune perte comptable, un calcul approximatif des pertes assurées par les « dérivés de crédit » a pu se faire dans les mois qui ont suivi la faillite de Lehman. Les dérivés de crédit sont des assurances que les banques se vendent et s’achètent sur les pertes comptables qu’elles peuvent subir du fait de crédits non remboursables pour une quelconque raison. Des milliers de milliards de pertes comptables pouvaient être envisagées par les banques du fait de la mise en faillite de Lehman. Mais par les contrats d’assurance du crédit, les pertes réelles pouvaient être moindre, à la condition que les banques en position d’assurance disposent de suffisamment de réserves en capital pour verser tous les dédommagements dus et réclamés.

Le doute général sur la fiabilité du système financier ne pouvait être levé que si le total des pertes réelles sur les crédits effectivement non remboursables restait inférieur au total des fonds propres disponibles dans l’ensemble des banques. Le calcul des pertes effectives engendrées par les faillites bancaires précédant et succédant à celle de Lehman s’est révélé long, complexe et irrémédiablement approximatif. Pourquoi ? Parce que la monnaie et le crédit déconnectés d’une loi commune entre tout ceux qui achètent, vendent, doivent et paient, n’ont aucun fondement objectif quant à ce qui a de la valeur ou n’en a pas. Quand les banques ont confronté entre elles l’évaluation du solde de leurs créances réciproques après la banqueroute des subprimes, elles n’ont pu que constater la non concordance de leurs évaluations de ce qui était réellement perdu ou pas perdu.

En l’absence de critère objectif commun à un même marché, les dettes remboursables des uns sont des dettes non-remboursables pour les autres ; des dettes bien assurées pour les uns ne sont pas réellement assurées pour les autres. L’effondrement de la confiance sur le marché interbancaire du crédit n’a pu être évité que par l’engagement des banques centrales à faire crédit sans limite aux banques qui n’avaient pas été officiellement mises en faillite. « Sans limite » a explicitement signifié à tout esprit financier libéral : hors des limites d’une légalité commune, délibérée et partagée. Tous les banquiers ont alors consciemment réalisé que la détention d’une masse critique de dépôts des entreprises et des particuliers représentait un droit de tirage quantitativement illimité sur la liquidité des banques centrales.

En même temps que les pertes de crédit et que la solvabilité effective des assureurs du crédit ont été laborieusement évaluées pendant l’année 2009, les modèles de prix financier des dérivés de crédit ont été recalibrés afin d’intégrer l’élément systémique nouveau de la garantie étatique illimitée des dépôts bancaires. Miraculeusement, les banquiers sont alors parvenus à démontrer que l’ensemble des fonds propres des banques étaient suffisants pour faire face aux conséquences d’un nouveau krach type Lehman. Qu’avaient réalisé les banquiers au plan technique ? Que la détention des dépôts et de l’épargne des personnes physiques qui élisent les gouvernements, représentait un capital gratuit sans limite légale. Ainsi avaient-ils le moyen d’assurer n’importe quelle politique de spéculation sur la mesure du prix du crédit. La technique financière avait réalisé la dissociation absolue du droit et du bien commun.

Anéantissement financier de l’intérêt général

Depuis le krach des subprimes, il est devenu tout à fait inutile de produire de savants calculs juridiques et mathématiques pour « saucissonner le risque » de manière à le rendre invisible aux épargnants. Quand un banquier « too big to fail » a réalisé trop de pertes sur des opérations d’assurance du risque de crédit sur le faux marché mondial de la liquidité en dollar et en monnaies dérivées du dollar, il lui suffit de montrer ses dépôts pour menacer les pouvoirs publics de sa propre faillite. Autrement dit, il suffit de fabriquer des bombes logiques avec la théorie mathématique des jeux et des options ; puis de vendre ces bombes logiques contre monnaie à des « investisseurs » ; et enfin de présenter la facture aux États quant la bulle spéculative se désintègre. Pour être bien sûr de se faire comprendre par les politiques, on finance leurs campagnes électorales et on provoque des fuites de capitaux chez ceux qui hésitent à puiser dans les finances publiques.

Depuis 2010, les pouvoirs politiques ont cessé de parler du renforcement des règles prudentielles de couverture du crédit par le capital et de la surveillance publique des banques. Officiellement, les nouvelles règles et nouveaux dispositifs mis en place sont incontournables. Officiellement, aucun opérateur financier ne peut plus échapper au contrôle de la loi commune ni à la pénalisation de ses erreurs d’interprétation. Insensiblement, la spéculation bancaire libre sur l’indéfinition du crédit est devenue la crise du surendettement des États. Les banques centrales n’ont jamais pu revenir au régime légal de limitation centrale de la masse des crédits accordée à la liquidité interbancaire.

Les autorisations de découvert des banques auprès du banquier central sont bien revenues dans des limites d’utilisation plus décentes par rapport à la production réelle de richesse. Mais les conditions de couverture des crédits centraux par des actifs réels déposés dans les banques ont dû être assouplies davantage qu’au lendemain de la faillite de Lehman. Et surtout, les primes de crédit payées par les banques aux banques centrales sont devenues quasi nulles. En 2015, sept ans après la faillite de Lehman, les banques centrales prêtent gratuitement aux banques. De toute évidence, il est manifestement impossible de rehausser le prix qualitatif et quantitatif de la liquidité achetée aux banques centrales sans provoquer une cascade non mesurable de faillites financières.

Non seulement la matière première de la comptabilité bancaire ne coûte plus rien, mais cette liquidité n’est plus engagée dans l’économie réelle du risque d’entreprise. Toutes les pertes de l’économie réelle sur les investissements insuffisamment rentables sont prises en charge par le patrimoine et le travail des entrepreneurs réels et par la puissance publique hors des marchés financiers officiels. Entre les banquiers et les États, les pertes réelles de crédit restent non mesurables en capital financier effectivement constitué et disponible dans les banques. De fait, les bénéfices affichés par la finance ne sont plus constitués que du contre-prix des pertes mesurées dans les entreprises publiques et privées de l’économie réelle. A partir de son extra-territorialité, la finance retourne les lois politiques de souveraineté nécessaires à l’économie réelle, pour se faire rémunérer le service de la calculabilité économique qu’elle ne rend plus du tout.

Sophisme intéressé de la neutralité monétaire

Dans l’univers de la financiarisation totalitaire libérale, les flux monétaires de règlement des transactions réelles sont grevés d’un prélèvement libre sans contrepartie réelle. La masse des intérêts réglés sur les emprunts aux non-résidents des zones monétaires territorialisées, ne correspond à aucun service ni public, ni privé. Les intérêts versés par l’économie réelle sur ses besoins de financement ont pour seul contrepartie le risque systémique engendré ex nihilo par le postulat libéral de la monnaie exonérée de la Loi. Le système financier post Lehman réalise absolument le postulat libéral de la neutralité économique morale intrinsèque de la monnaie. Le sophisme de la neutralité monétaire repose sur un postulat juridique arbitraire du capital réel infini des banques centrales.

Le capital réel infini des banques centrales consiste à déclarer leur infaillibilité par une dispense de comptabilisation des pertes de crédit sur les banques privées. L’infaillibilité des banques centrales fait l’infaillibilité des banques en général puisque la banque centrale n’a pas à rendre de comptes sur la qualité de ses crédits. L’infaillibilité des banques centrales étant crée par la Loi, les gouvernements libéraux des États les plus puissants achètent par là un droit de prélèvement infini sur l’épargne mondiale réelle sans avoir à rendre compte du service de l’intérêt général à un bien commun universel. Quand le prélèvement financier oligarchique devient trop visible à partir du krach des subprimes, les « marchés » accusent les citoyens de trop dépenser et d’oublier de payer les impôts qui remboursent les dettes publiques. L’infaillibilité des banques fait la toute puissance des oligarchies.

L’anéantissement de la Grèce dans la zone euro est ainsi absolument nécessaire parce que la BCE ne peut pas comptabiliser la moindre perte sur les banques installées en Grèce ; et parce que les banques ne veulent pas compromettre, dans leur mauvaise appréciation de la solvabilité des États, les intérêts perçus sur les titres de dette publique. La déréglementation financière des années quatre-vingt actuellement en vigueur, a été construite sur la fiction du risque nul des titres publics. Les banques peuvent réallouer sans limite l’épargne de l’économie réelle au rachat des titres publics et peuvent reverser immédiatement et intégralement, la marge d’intérêt qu’elles perçoivent à leurs dirigeants et leurs actionnaires. Les politiques sont incités à endetter leur pays sans limite afin de financer leur story telling électoral qui n’a plus de rapport avec la réalité des citoyens contribuables.

Les portefeuilles de crédits des banques centrales aux banques privées sont devenus gigantesques. Les anciennes règles de proportionnalité quantitative du crédit central aux besoins de paiement quotidiens de l’économie réelle tombent dans l’oubli. La monnaie est désormais émise principalement pour que les banques puissent compenser la fraction de la dette interbancaire qui reste inscrite comme active mais ne pourra jamais être remboursée. Les banques ont vendu à leurs filiales logées dans les paradis fiscaux, tous leurs crédits qui ne leur rapportent plus rien. Les paradis fiscaux sont des trous noirs comptables qu’aucune autorité publique souveraine n’a le pouvoir de regarder. Les banques y sont totalement maîtres des principes de réalité et de légalité qu’elles appliquent aux crédits qu’elles y enregistrent : l’existence d’emprunteurs réels produisant des richesses effectives y est légalement invérifiable.

Utilité du paradis dans la religion féroce

Les paradis fiscaux créés aux XIXème siècle sont le socle du capitalisme financier libéral. Pour concentrer la richesse et les bénéfices de l’esprit d’entreprise aux dépens du travail réel, il faut soustraire à la Justice et au contrôle des citoyens les activités contraires à l’équité et à l’égalité des droits. Au moment du « scandale de Panama » en 1888, Panama était déjà un paradis fiscal parmi tant d’autres. Outre l’évitement de l’impôt, la paradis fiscal est une machine à produire des histoires publiques invérifiables : pas d’identification physique des contreparties engagées, pas de formalisation contractuelle objective, pas d’arbitre public impartial. La mutation qui s’opère effectivement par le krach des subprimes est la levée pour les banques et leurs dirigeants des derniers obstacles institutionnels à l’utilisation des paradis fiscaux.

A l’opposé exacte de ce qu’ils affirment, les gouvernements légaux recourent eux-mêmes aux paradis fiscaux pour ne pas inscrire dans les budgets nationaux présentés aux parlements les dépenses et les défiscalisations financières, dépenses fiscales destinées à solvabiliser le régime de l’anarchie financière absolue. Le symptôme financier de l’insolvabilité du système bancaire et monétaire est la croissance inexorable des dettes publiques officielles et officieuses comptabilisées ou non dans les comptes des États. Malgré les politiques d’austérité consistant à tailler dans les dépenses publiques de justice, d’investissement et de solidarité, et à alourdir la fiscalité, les déficits publics ne se résorbent nulle part. Les États sont contraints de prendre à leur charge par des ressources empruntées le financement de l’économie réelle abandonné par les banques.

Les paradis fiscaux qui masquent les pertes des banques masquent également les bénéfices des activités rentables. Les États payent des intérêts sur leurs emprunts sans pouvoir taxer toute la valeur ajoutée qu’ils ont pu préserver par leurs dépenses. Les dettes publiques s’alimentent d’elles-mêmes par les seuls versements d’intérêt, qui non seulement sont supérieurs à la croissance nette de la valeur ajoutée, mais qui ne sont pas taxables car versés à des faux non-résidents logés dans les paradis fiscaux.

La libre circulation du capital, la mondialisation de la finance hors des souverainetés politiques et la libre production bancaire de crédits hors des réalités objectivement mesurables, sont une machine infernale ontologique. L’économie réelle humaine est détruite par une insurmontable asymétrie d’information entre des oligarques politiques et financiers propriétaires d’une vision générale et des esclaves enfermés dans leur réalité particulière. Le vrai prix des choses entre ce qu’on sait coopérativement produire et la somme des besoins exprimés par les individus est réservé à une minorité d’initiés. La répartition des revenus rémunère la concentration du capital aux dépens du travail réel de transformation de la matière en biens effectifs. Le calcul économique falsifié par l’anarchie financière ne dit plus rien de ce que les hommes demandent ni de ce qu’ils offrent de produire par leur facultés de travail.

Épistémologie de l’escroquerie libérale

Devant l’évidence des destructions opérées par le non-système actuel de la prédation financière libre, la question se pose du mode cognitif par lequel les gens de pouvoir ont perdu à ce point le sens des responsabilités et de la mesure d’une réalité véritable. Si l’on pose que la destruction du monde par la cupidité ou la bêtise n’est pas une fatalité, il y a certainement une erreur cognitive dans le raisonnement libéral. La falsification libérale du réel consiste donc à tout hiérarchiser par les prix sans adosser la monnaie qui compte les prix à la Loi qui réunit les acheteurs et les vendeurs par des biens réels. La réalité libérale est juste quantifiée par des prix qui tombent de la loi surnaturelle de l’offre et de la demande. Les riches sont riches parce qu’ils offrent plus qu’ils ne demandent. Les pauvres payent des intérêts parce qu’ils ne sont pas capables de demander moins que ce qu’ils offrent.

L’intérêt cognitif de la crise des subprimes transformée en crise des dettes publiques est d’avoir mis à nu les dissimulations du paradigme libéral. L’outil financier qui contient cet impensé est justement le dérivé de crédit, dont la version à prix réel négatif s’appelle le « subprime ». Un dérivé de crédit est une prime d’assurance sur le bien fondé d’une décision de crédit. Il s’agit de mettre un prix sur la réalité subjective issue d’une décision qui peut objectivement ne pas atteindre son but dans le futur. Le prix garanti par le dérivé de crédit n’est versé par l’acheteur de la prime que si le remboursement du crédit ne se passe pas exactement comme prévu dans le contrat entre le prêteur et l’emprunteur. Si l’une des conditions du crédit qui détermine son remboursement, ne se passe pas comme prévu, le vendeur du dérivé de crédit se substitue à l’emprunteur défaillant. Une prime de crédit coûte moins cher que le crédit lui-même du fait que statistiquement, parce que tous les emprunteurs ne sont pas impotents, irresponsables ou voleurs, une fraction seulement des contrats de crédit effectifs débouchent sur un défaut total ou partiel.

La valeur primaire, donc le prix, d’un dérivé de crédit est fondé sur l’hypothèse d’un engagement des emprunteurs et prêteurs à respecter les lois civiles et les règles légales du crédit. Un dérivé de crédit est donc une assurance sur les résultats matériels de la subjectivité humaine, laquelle est plus ou moins intelligente, plus ou moins responsable et plus ou moins honnête. Le paradigme libéral pose que la réalité ne contient aucune distinction possible de la responsabilité subjective dans la définition de l’objet sous le prix qu’on lui donne. Un prix n’est pas discutable. Il découle mécaniquement de la définition de l’objet nommé sous le prix. Il est impossible de considérer qu’un acheteur et un vendeur voient un même objet sous leurs subjectivités distinctes. Il n’y a donc pas de rapport de force entre un acheteur et un vendeur, ni aucune nécessité de réguler ce rapport de force par une loi de nature morale qui soit plus qu’une loi physique.

L’économie libérale est intrinsèquement rentable parce qu’irréductiblement simple. Celui qui offre a raison parce qu’il a ; le vrai prix ne peut pas être autre chose que le prix de ce qu’il a. Celui qui demande a tort parce qu’il n’a pas l’objet du prix. Donc la loi de l’offre et de la demande est mécaniquement vérifiée par l’offre de prix de celui qui prétend posséder la chose. Il n’y a plus aucun désaccord raisonnable possible puisque celui qui demande n’a par définition rien de ce qu’il demande. L’économisme libéral élimine le problème de la valeur discutable du fait de la différence des subjectivités. Comme il n’y a plus de discussion, on comprend que l’équilibre de la dignité, des droits et des devoirs des acteurs réduits à la condition d’agents, ne fait plus partie de la problématisation du prix. L’économie n’a plus besoin de politique. Le calcul des prix n’est plus pollué par la finalité d’une demande humaine à satisfaire des besoins subjectifs.

L’être réduit à la matière de l’avoir

Le libéral n’a rien d’inhumain. Il ne voit juste pas du tout pourquoi le prix de ce qu’il a et de ce qu’il offre pourrait s’établir selon un point de vue différent du sien. Il en découle que celui qui demande et va régler son achat en monnaie n’a aucune raison de mettre son jugement personnel dans la balance du prix ; ni dans la balance du crédit que le système bancaire va mobiliser pour mesurer son pouvoir d’achat en offre future. Le postulat libéral de la primauté de l’offre implique la primauté du capital sur le travail. Le capital devient une réalité présente d’un ordre supérieur à la réalité future de ce que le travail produira. Celui qui offre de travailler pour compenser le prix de l’emprunt qu’il contracte, doit forcément être aux ordres du propriétaire immédiat du capital offert. Le capital n’est pas l’acquisition possible de biens futurs aussi réels que le prix actuel.

La vision libérale fait l’économie de la loi et de la définition contractualisée des biens qui déterminent la demande de travail. Le prix possible des biens n’est plus subordonné à la condition politique commune du bien. N’accorder de réalité qu’à l’offre de ce qui existe déjà, a pour avantage d’exclure du débat public, donc du processus de négociation des prix sur le marché, la question de ce qui doit exister et de la nature du travail qui est à l’origine de la production. La politique de la demande et de la rémunération du travail engagé dans la production ne sont plus négociables par le droit applicable à l’économie. Le propriétaire du capital se trouve de fait propriétaire de la définition des droits reconnus au travail. Il devient logique d’attribuer à l’entrepreneur le droit de racheter par la diminution de la rémunération du travail les coûts qu’il supporte sur les droits servis aux travailleurs.

L’explication par le coût excessif du travail de la décroissance post subprimes est irréfutable dans le paradigme libéral. La vraie valeur étant dans le prix de ce qu’on possède déjà et non dans le prix anticipé par le crédit de ce qu’on va produire par le travail, il faut forcément abaisser la rémunération du travail en droits et en salaires pour avoir une chance de revenir à une proportionnalité plus acceptable entre le prix du capital disponible et le prix de la production future. Aucun politique ou économiste libéral, ne peut imaginer que le rapport de prix de l’unité de capital à l’unité de travail puisse être ajusté par une politique monétaire délibérée du bien commun. Comme la monnaie libérale n’est qu’un instrument et non la mesure normative du capital par les droits du travail du citoyen, il est impossible de concevoir la proposition keynésienne de revalorisation du capital en crédit par la resolvabilisation de la demande en droits monétaires servis au travail.

L’incurie libérale s’écroule si la croissance de la dette est indexée par la valeur ajoutée objective du travail. Si la monnaie redevient l’expression de la souveraineté politique sur l’équilibre des échanges dans le temps entre les personnes, c’est à dire du travail par le capital, alors le crédit devient le prix actuel de la richesse véritable. Après avoir observé l’effondrement économique du paradigme libéral dans l’entre deux guerres, Keynes a implicitement défini l’instrument monétaire comme l’outil politique de proportionnalisation du prix du travail au prix de capitalisation en crédit bancaire de la production future. La monnaie est de nature politique parce qu’elle résulte du crédit issu de l’État de droit adopté par les sociétés politiques. L’État de droit keynésien n’est naturellement pas cantonné à l’intériorité des États souverains puisqu’il est international par la monétisation des échanges.

Substance monétaire de l’économie du vivre ensemble

L’outil d’internationalisation du droit entre des souverainetés différentes est la monnaie ; parce que la monnaie est une fonction de souveraineté, en l’occurrence celle de l’indexation des prix par la justice des contrats ; mais aussi parce que la monnaie est un instrument commun à tous les États par quoi les nations peuvent rationnellement négocier leurs rapports de prix en capital. La théorisation keynésienne de la monnaie revient à l’étymologie du capital : prix d’échange de la richesse globale d’une société humaine gouverné par une « tête » incarnant une communauté de normes partagées de transformation des biens. Le capital keynésien n’est donc pas dissociable ni de la tête qui le gouverne ni des têtes qui le travaillent. Le capital est donc le prix relatif d’une politique de production identifiable par une société incarnée.

Si deux sociétés sont en relation d’échange dans la durée, elles peuvent régler leurs échanges par le crédit qu’elles se font réciproquement. Le crédit intersocial est comptabilisé en prix unitaire du capital commun qu’elles constituent. Dans la chambre de compensation internationale que Keynes avait proposé à Bretton Woods, l’unité de compte des dettes internationales est de fait étalonnée sur le capital commun de tous les États engagés dans le commerce international. Un État en excédent commercial se retrouve créancier de la société des États en unité du capital nominal commun. Les créances ne sont pas garanties par chacun des États débiteurs mais bien par la communauté des nations propriétaires du capital international en « bancors ».

Si un État à la tête de sa propre zone monétaire vient à accumuler trop de créances sur ses partenaires par rapport au capital monétaire international qui le garantit, alors la prime de crédit de l’actif monétaire étatique créditeur est dépréciée par la réévaluation de la parité de change de la monnaie nationale en monnaie internationale. En contrepartie et afin de maîtriser la croissance de la masse monétaire internationale en proportion de la croissance mondiale réelle, les monnaies des zones excessivement déficitaires et excessivement endettées par rapport au capital international, sont dévaluées. La dévaluation d’une parité de change nationale revient à revaloriser la prime de crédit de la dette zonale en monnaie internationale. La compensation keynésienne est un système de garantie internationale du crédit.

La compensation en monnaie de capital étatique international a pour conséquence de distinguer le prix national et le prix international du capital. La contre-révolution libérale des subprimes serait renversée dans ses conséquences quant à la rémunération du travail. Le prix du travail à l’intérieur des zones monétaires n’est plus calculable directement dans les monnaies des autres zones monétaire. Pour négocier une compétence de travail d’une zone monétaire à l’autre, il faut passer par la parité internationale publique de la monnaie nationale, laquelle n’est calculable qu’à l’échelle de la souveraineté juridique donc en incluant le prix du droit et des services publics de la zone où le travail est effectué.

La monnaie keynésienne réintègre la finance du crédit dans les droits du travail en incluant le prix du droit effectif dans les parités de change. La rupture est systémique par rapport à la barbarie libérale : restaurée comme instrument financier de la responsabilité politique des États de droit, la monnaie contient la calculabilité du prix des primes d’assurance des droits du travailleur. Les États et les gouvernements ne sont plus obligés de servir exclusivement les intérêts financiers anonymes mais peuvent s’engager financièrement dans une politique de promotion du travail et de la productivité réelle du citoyen qui travaille. Si les droits et les investissements accordés au travail coûtent cher aux entreprises exposées au marché international, les surcoûts sociaux sont financés par la solidarité monétaire étatale induite par la dévaluation de la parité internationale concertée. Le financement de la croissance par une politique de la demande retrouve du sens.

Scientologie libérale du nominalisme quantitatif

Pourquoi les politiques et les entrepreneurs de bonne volonté n’ont-ils pas adopté et promu le système de la monnaie keynésienne ? La première raison est historique. La République fédérale des États-Unis victorieuse de la deuxième guerre mondiale est restée sur le plan économique dans l’état de guerre internationale qui l’a fondée en 1783. Elle a fermé les robinets de la liquidité internationale en dollar à tous les pays qui ont cherché à recouvrer leur souveraineté économique et financière. Elle a acheté la politique dans toutes les démocraties libérales où les « souverainistes » peuvent parler. Même après la chute de l’empire communiste, la guerre civile financière en dollar est demeurée impitoyable et mondiale. Le fisc étatsunien et ses alliés industriels branchés sur les réseaux d’espionnage numérique du gouvernement fédéral frappent où il veulent pour des bonnes raisons autant que pour des mauvaises.

Le coup de maître du libéralisme anglo-étatsunien a été la création de la zone euro sans création d’une gouvernementalité confédérale responsable devant les États nationaux et devant la société politique européenne. L’emprise des libéraux est absolue dans la zone euro ; les États nationaux ont perdu leurs moyens concrets d’action au profit d’une administration financiariste déterritorialisée constituée dans le marbre de traités supranationaux. Les partisans d’une vraie Europe politique fondée sur des gouvernements responsables, locaux, nationaux et fédéral, sont rendus inaudibles par la désertification conceptuelle de l’ordo-libéralisme franco-allemand. L’écrasement explicite de l’État de droit en Grèce laisse les opinions publiques sans voix ni conscience.

La deuxième raison à l’ingénuité monétaire est l’illusion cognitive scientifiquement fabriquée par le nominalisme quantitatif. La civilisation de la consommation libre maximale focalise toute la capacité de cognition humaine sur l’objet détaché du sujet qui produit. Seuls comptent les prix en monnaie neutre des achats qui font exister l’individu pour lui-même. Alors, la rationalité juridique et morale du prix par le travail de la personne préalable à une quelconque consommation ne peut pas être pensée. Le citoyen résumé par son pouvoir d’achat en monnaie n’a plus d’accès à la causalité de l’économie des biens dans la politique de l’intérêt général. L’hypnose libérale repose sur l’annulation du prix des socialités intermédiaires entre l’individu et l’État. Par le monopole du crédit légal accordé à un système bancaire hors la Loi, les solidarités sociales ne sont plus le substrat de la valeur ajoutée.

Le capital libéral réduit la réalité à des marges virtuelles issues de modèles de prix mathématisés. Pour abolir le temps de l’intelligible, les modèles ont été informatisés. Les sociétés intermédiaires durables et réelles est exactement ce que le libéralisme anéantit. Si les citoyens ne se réunissent plus par des personnalités morales librement constituables dans le temps, la transformation de la matière physique par les prix n’a plus de substance. La restauration par la monnaie des conditions de possibilité d’existence libre des sociétés intermédiaires est précisément le chemin d’invalidation du nihilisme libéral. Or il se trouve que tous les outils d’indexation de la monnaie par la multiplicité libre des sociétés intermédiaires sont déjà utilisés dans l’actuelle compensation planétaire des échanges.

Inverser le sens de la compensation financière internationale

Les outils cachés de la finance globalisée sont : la propriété personnelle des données informatisées de mesure du crédit ; le langage informatique hypertexte qui transforme la parole en nombre et réciproquement ; le marché des changes qui rend négociable les primes de change entre des discours politiques différents ; le marché interbancaire mondial qui produit des parités de change nominal variables selon un équilibre unique des rapports de force internationaux.

La monnaie de compensation multinationale proposée en 1944 par Keynes dans la négociation des accords de Bretton Woods existe matériellement et politiquement depuis le krach de 2008. Mais au lieu d’avoir été utilisée pour répartir les pertes de crédit sur les détenteurs de capital réel, la monnaie internationale de fait a servi à comptabiliser un accroissement fictif des dettes publiques ; afin de faire payer par les contribuables nationaux le capital virtuel amassé par les oligarchies financières « non-résidentes ». Le capital réel est la compétence de travail achetée par la demande sociale à l’offre sociale. Le crédit réel est l’anticipation politique comptable des revenus du travail par les sociétés qui en ont acheté les productions. Enfin la monnaie internationale est l’unité de compte implicite qui a réalisé l’égalité du prix de toutes les dettes au prix de toutes les créances à l’échelle de la société mondiale.

Pour sortir du virtualisme financier libéral, il faut et il suffit que la propriété personnelle des données du crédit soit publique et socialisée. C’est à dire : qu’il soit impossible de comptabiliser un crédit au nom d’une société dont la réalité n’est pas identifiable dans des personnes physiques nommées ; donc que toute société débitrice ou créditrice en monnaie soit mesurable par l’identité vérifiable de chaque personne physique qui en fasse partie ; donc que la fonction d’une banque soit de garantir l’indexation de tout actif par les personnes morales qui en assurent le prix, et par les personnes physiques qui en réalisent le prix ; donc que la fonction d’un État soit pour chaque société déposée par son capital en monnaie, de garantir la justice entre les citoyens actionnaires solidaires.

La subversion de la virtualité libérale par les sociétés réelles n’est rien d’autre que le régime politique de la démocratie libérale ; mais libérale parce qu’économiquement et financièrement juste. Dans le régime de la démocratie véritable, il n’existe pas de capital sans une société de citoyens coopérant à la réalisation du crédit sur un ensemble commun d’objets moraux. Et il n’existe pas de société financièrement solvable sans la caution d’une société de droits par qui les personnes physiques sont assurées de leur intégrité dans les activités des sociétés intermédiaires. La loi et le budget communs d’assurance mutuelle sont nécessairement le fait d’une société politique intermédiaire ; intermédiaire dans la société humaine une. L’économie de la liberté est la délibération socialisée des biens sous le prix négociable des choses concrètes.

Application pratique à l’Union de l’euro

Si les Européens veulent revenir sur le chemin de la démocratie par la monnaie unique dont ils se sont dotés, ils ne peuvent pas éviter de fonder une société politique, financière, intermédiaire, commune. Donc un État confédéral de leur monnaie commune. Il ne faut pas penser l’État confédéral de l’euro comme une réplique de la république fédérale impériale étatsunienne ou des métropoles impériales romaine, britannique, française et allemande. La Confédération de l’euro est une société politique de compensation financière entre des souverainetés nationales pleinement libres et responsables. Les règles économiques et financières de fonctionnement des nations et de la confédération sont de même nature, mais ordonnées séparément dans des personnes morales instituées et distinctes.

Si les contrats politiques internationaux sont inscrits dans la chambre de compensation de l’euro et si l’armée et la police restent dans les mains nationales, le pouvoir politique confédéral ne peut plus être capté par des intérêts nationaux ou étrangers. Évidemment, le prix de conversion de l’euro entre les souverainetés internes et dans les devises étrangères, doit devenir un monopole du marché monétaire public confédéral. Il devient impossible à un intérêt financier en dollar ou en livre sterling de prêter ou d’emprunter des euros sans être représenté par des personnes physiques citoyennes de la Confédération de l’euro. L’appartenance à la zone euro implique par conséquent une administration douanière confédérale capable de filtrer tous les flux de capitaux réels, donc des personnes et des biens, aux frontières du territoire de l’euro.

Pour que le contrôle confédéral des personnes et des biens soient l’application concrète de la loi commune, il faut que le gouvernement de la confédération soit incarné par des représentants législatifs et exécutifs élus par les citoyens de l’euro. Les juges indépendants y sont rémunérés par une taxation confédérale de la valeur ajoutée. Dans une compensation publique organisée par l’actuel Système Européen des Banques Centrales, il n’est aucun obstacle à l’enregistrement unique et exhaustif des personnes physiques. Chaque citoyen inscrit dans le SEBC, peut disposer d’une voix en euro pour désigner le président, les ministres, les députés et les juges confédéraux qui capitalisent objectivement son suffrage. Pour qu’un citoyen européen soit investi de l’une de ses fonctions, il faut et il suffit qu’il réunisse la majorité des suffrages sur son nom par rapport à tous les autres candidats reconnus éligibles par l’assemblée législative de la Confédération.

L’intégration du capital, du crédit et de la monnaie dans la démocratie réelle des biens personnalisés par les sociétés intermédiaires revient à organiser un marché central public des dérivés de crédit. La prime de crédit fondamentale est la personne. Elle est figurée activement par le corps physique et passivement par la socialité morale intermédiaire libre. Le prix réel de toute personne physique ou morale est par définition unitaire et égal au prix nominal. Le prix unitaire de toute personne est l’essence quantitative de la monnaie : sa condition d’existence dans la réalité. Le prix des choses se déduit alors du prix des personnes par décomposition analytique des biens dans la subjectivité des personnes. La décomposition financière analytique d’un objet de bien est le titre négociable d’un actif. Le prix d’un titre est le prix en crédit qui fait accord entre acheteurs et vendeurs effectifs solidaires par la même loi. Pour que le prix d’un actif financier soit la mesure d’un bien réel, il faut qu’il soit garanti par le capital d’une société intermédiaire.

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6 mars 2018 2 06 /03 /mars /2018 10:12

Un commentaire à partir de « Qui étions-nous ? » Le Surmoi remplacé par le Big Data de Paul Jorion.

La personne morale par la personne physique

Pour qu'il y ait "sur-moi" et "sur-nous", il faut la matière du moi et la matière du nous. Il faut donc une différenciation matérielle du moi et du nous qui permette de dire "moi" sans que l'on y voit le masque du "nous" ; qui permette de dire "nous" sans que "vous", "il", "elle", "tu" et "je" soient des particules identiques non séparables et indistinctes dans un "nous" atomique. Pour que le "moi" soit formé par un "surmoi", ou par autre chose, il faut une forme qui donne un sens différent, une substance distincte, à "vous", à "nous", à "il", "elle", "tu" ou "je".

Finalement, la forme "je" opère la distinction entre la matière du "moi" et la matière du "surmoi", en mettant l'origine du moi dans la relation à "tu", à "il" ou à "elle" ; et l'origine du "surmoi" dans une détermination moïque par des "nous" ou des "vous". Peut-être alors que les "parents" sont géniteurs de la matière du moi et de la matière du surmoi par la forme du "tu", de "l'il" de "l'elle", du "nous" et du "vous", qu'"ils" sont pour le "je" du "moi". Les parents, mais alors aussi les sociétés, les institutions, les États, les réseaux, les religions, les traditions, les cultures, les coutumes et la maison terrestre commune ; supposons en pure hypothèse que tout cela existe réellement.

Mais, ces matières, dont les "data" sont les informations, ne m'informent que si mon "moi" est ouvert à d'autres formes que celles qui me forment déjà en tant que mon "moi" et mon "surmoi". Entre la matière dont je suis et la forme de mon existence, il faut la médiation d'un "je", sujet du moi qui ne soit pas juste un objet issu d'autres objets qui n'auraient aucun sujet. D'un "je", qui soit plus qu'un effet de langage ou de logique. D'un "je" formé par autre chose que tous les pronoms personnels et toutes les lois et institutions qui me déterminent et m'instituent distinct des autres individus.

Moi est un autre

Si parler, dire et exprimer en mots sert à quelque chose, il est impossible de se passer de l'hypothèse d'un "je" propre à chaque "moi". Ce "je" aurait la capacité de travailler les effets de matières dont le "moi" aurait l'expérience. Le "je" substantiverait et substantierait les matières éprouvées par le "moi". Le "je" travaillerait la matière pour la trans-former ; le "je" existerait dans le temps pour faire passer la matière d'une forme à l'autre par la vision d'une finalité qu'il désirerait. Mais les fins qui forment la finalité d'un "je" ne seraient pas totalement matérielles puisque le futur que "je" vois contient des indéterminations par rapport à la matière formée au présent.

L'indétermination du futur par le présent n'est pas une hypothèse absurde tant que nous observons rétrospectivement des changements entre le passé et le présent que nous ne pouvons pas intégralement expliquer par des déterminations matérielles formalisées. Concrètement, la quantité que les big data accumulent n'ont aucune exhaustivité quant à la qualité de ce qui est et qui se transforme. L'infini ne résout pas l'indéfini. 7 milliards de "moi" bien rangés dans leur "surmoi" aussi parfait, complet et déterminé deviendrait-il, ne suffisent pas à résoudre l'incertitude des formes par quoi la pluralité humaine saisit son existence et son devenir.

En fait, les big data ignorent parfaitement la matière des "je" qui singularisent indéfiniment les "moi", c'est à dire les personnes. Il y a bien dans les modèles de données qui rangent et classent les data, les formes "nom", "prénom", "patronyme", "domicile", "numéro téléphonique". Mais comment est assuré l'unicité relationnelle entre les formes identifiantes informatisées et le corps individuel vivant de la personne ? Comment les changements qui affectent le corps d'une personne sont-ils consignés pour tenir la bijection entre l'individu corporel temporel et l'individu nominal statique ?

La démocratie personnellement incarnée

A nouveau, chaque personne établie dans l'existence par son corps vivant unique spécifique, fait l'expérience de son indétermination existentielle dès lors que ses liens avec d'autres corps personnels vivant uniques se rompent ou se distendent. La détermination réciproque des "moi" par des "surmoi" plus ou moins cohérents et unifiés est radicalement insuffisante pour porter dans la durée temporelle la personne personnelle identifiée dans une infinité de bases de données réticulaires. Il n'y a que des "je" coordonnés dans des "nous" pour faire passer la puissance existentielle des data, en actes donnés personnels et politiques de la réalité humaine sensible.

Nous touchons ici l'essence de la démocratie sans laquelle "nous" n'existons pas ni comme humains, ni comme personnes, ni même comme individus. Un "demos" est un "nous" formé par l'objet commun d'une pluralité de "je". Les "je" réunissent librement et délibérément leur "moi" et leur "surmoi" pour former un objectif commun qui est leur fin partageable réciproquement offerte et donnée. Offerte dans un prix égal pour tous. Et donnée par une forme nominale intelligible à tous, c'est à dire un capital réel productif qui ne soit pas le capital virtuel spéculatif exclusif dont nous avons pris l'habitude par le régime de la libre circulation du capital en monnaie abstraite.

Le "cratos" est la puissance de transformation créative qui fait passer l'essence de la virtualité à l'acte ; la matière quantifiable sans forme, sans fin et sans effet à la matière qualifiée dans une personne par sa forme, sa fin particulière et son effet universel partageable. La démocratie est le régime d'existence de la réalité par quoi la matière humainement imaginée est formée, effectuée et finalisée par les relations de don et d'échange entre les corps personnels. Les data ne sont pas simplement accumulées pour déformer des consommateurs et le travail virtuel du néant mais systématiquement ordonnées à des personnes incarnées dans un corps physique par des sociétés politiques.

La vraie monnaie indexée sur les "je" qui sont en "nous"

La démocratie que nous avons perdue avec les big data libérales, qui sont non locales parce que non attribuées à des corps, est au contraire le régime de la propriété des données qui appartiennent aux personnes responsables de leur transformation les unes pour les autres. Les data de la démocratie matérialisent exclusivement l'existence des personnes en finalité les unes des autres. Les data de la démocratie sont nécessairement données à des personnes identifiées par un corps physique unique et distinct de tous les autres. La propriété personnelle des data par tous les "je" et les "nous" existant garantit leur valorisation au bénéfice de tous leurs propriétaires qui s'en trouvent effectivement responsables.

Le surmoi remplacé par les big data est un monde dont il faut parler au passé parce qu'il rend dès à présent l'existence humaine impossible. Nous sommes en pleine guerre civile mondiale entre une utopie de contrôle universel par la dématérialisation libre de toute existence donnée et une réalisation délibérative laborieuse de chaque personne par toutes. Au coeur de cette guerre est la monnaie qui est loi de transformation humaine unitaire réciproque de la quantité en qualité.

Soit la monnaie forme le prix par le consentement partagé visible des personnes libres à une même chose livrable à des corps définis et déterminés donc identifiés. Soit la monnaie matérialise une valeur en soi indépendante de tout effet d'information de finalités humaines interpersonnelles. Si l'hypothèse de la neutralité monétaire est vraie, alors les big data sont la toute puissance de ceux qui savent faire de l'argent avec de l'argent. Dans ce cas, la mécanique d'épuration du réel de toutes ces incertitudes, indéfinitions et indéterminations ira jusqu'à son terme logique informatique. Le risque de la corporéité personnelle libre de l'humain sera éradiquée.

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13 octobre 2017 5 13 /10 /octobre /2017 08:18

Par Jean-Luce Morlie

J’ajuste d’abord mon vocabulaire, en distinguant la gratuité de la reconnaissance mise en avant par Michel.

Gratuité instrumentale et gratuité vraie

La gratuité-instrumentale se manifeste dans la redistribution. A l’opposé, la gratuité-vraie se manifesterait dans la liberté du don, et la possibilité de reconnaissance au sens évoqué par Michel.

La gratuité instrumentale est associée au prix des choses redistribuées, et à une valeur (morale) : laquelle est précisément l’hypocrisie qui consiste à prendre d’un côté pour redonner de l’autre pour accumuler du capital symbolique, lequel sera à son tour monnayable (je reprends Michel et la logique démontée par Bourdieu).

Le don, la gratuité vraie est en dehors d’un calcul du prix et sa valeur est la reconnaissance de la liberté de l’autre à réciproquer de façon ternaire envers la collectivité en participant à la création du nouveau bien commun (il me semble m’inscrire dans la logique de Dominique Temple). Pour le redire autrement, le point décisif séparant les deux formes de gratuité est que la gratuité vraie est quitte de toute instrumentalisation hypocrite et de retour aux prix.

Par ailleurs, je ne pense pas qu’il faille anticiper une société idéale « religieuse » ou sociocratique pour avancer dans cette direction, mais bien sûr, des pratiques sociocratiques peuvent contribuer à construire un climat général de reconnaissance. Je pense, et davantage encore depuis la perspective robotique, que le travail peut se transformer en œuvre - a tout niveau et type d’activité , et que l’activité « d’oeuvrier » (ouvrier) trouve déjà récompense en elle-même, même si bien sûr, il est encore meilleur que l’œuvre soit reconnue.

Afin de préciser, je vais avancer par étapes, et, au fil des réponses en plusieurs « post ».

Conditions de la gratuité

L’objectif est de bien peser les concepts afin de proposer des modalités pratiques pour la mise en œuvre de la gratuité vraie dans la construction du bien nouveau commun. Sur ce point, je pense que la « gratuité de l’essentiel », telle que proposée par Paul, contient un « vice de forme » qui ne fera que renforcer la subordination des dominés dans le travail donnant accès au superflu. Paul ne propose pas, en effet, d’instituer parallèlement des espaces concrets dans lesquels les groupes dominés pourront exercer leur capacité collective à construire le nouveau bien commun gratuit. Dans la perspective de Michel, je dirai que cette forme de gratuité prive les dominés de leur capacité à être reconnus autrement que par à nouveau un lien de subordination dans les dispositifs de production du superflu.

Partant, il y a tout lieu de penser et de prévoir que la gratuité de l’essentiel, obtenue par simple redistribution, reproduira et accentuera les inégalités. Je pense par contre, que nous pouvons réunir les conditions du don dans des sphères de plus en plus étendue de proximité pour lesquelles l'échange se situe hors d’un calcul du prix. Je ne sais pas s’il serait raisonnable d’attribuer un prix nul ou négatif aux actes entraînant une reconnaissance symbolique, de façon à comptabiliser le symbolique dans l’économie. Faut-il « économétriser » le bonheur, la joie de vivre ? Mais je comprends qu’il y ait matière à questions concrètes.

Par exemple, si je crois utile de concevoir qu’il faille séparer les activités d’échange matériel qui relèveraient du don et de l’échange symbolique, des activités économiques demandant la fixation d’un prix, il y a des situations intermédiaires. Par exemple, une commune rurale pourrait se doter d’une coopérative municipale( accueillant les dons de tous terrains, travail, machines, locaux, etc.) et cultivant bénévolement des céréales et produisant le pain gratuit pour tous les habitants de la commune. Par contre un quartier urbain devrait acheter des céréales pour créer une boulangerie municipale, et dans ce cas le circuit de réciprocité symbolique étant « trop long », ces céréales-là devraient avoir un prix.

Voici encore trois préalables :

Le nouveau bien commun

Le nouveau bien commun va au-delà des biens communs de la nature ; c’est le milieu naturel de l’humanisation, la sécurité, la beauté, la joie, etc. Concrètement, l’harmonie des paysages, par l’agriculture, celle des rues par l’architecture, la sérénité des villes par le plaisir d’y vivre de leurs habitants, la disponibilité du savoir sont entre autres l’objectif du nouveau bien commun.

Réalisé socialement

Paul semble assumer, selon ses mots, l’idée que la gratuité de l’essentiel permet de soustraire l’effet du patrimoine et du capital culturel et social de l’expression des inégalités naturelles justifiant l’accès au superflu. A mon sens, il est nécessaire de penser « l’inégalité naturelle » en termes de groupes sociaux. Pour faire court, comme il y a autant d’idiots chez les dominés que chez les dominants, les « inégalités naturelles » n’entrent pas en ligne de compte dans la capacité des groupes sociaux à produire le nouveau bien commun.

Construction du nouveau bien commun

Il s’agit bien entendu d’un processus avançant par étapes et selon divers niveaux d’organisation sociale, il dépend de l’auto-apprentissage par les dominés à accroître leur capacité d’action collective sur les conditions qui leur sont faites. Le temps de travail nécessaire, libéré par les robots, permet précisément d’exercer cette faculté d’auto-apprentissage. Curieusement nous libérons les capacités d’auto-apprentissage des robots, mais négligeons de créer les conditions d’auto-évolution des hommes robotisés par les formes antérieures archaïques du travail.

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2 octobre 2017 1 02 /10 /octobre /2017 10:42

Par Pascal

La grammaire porte-t-elle l'essence du sujet parlant ?

L'intelligence animale la plus proche de la nôtre serait sans doute celle du dauphin. On n’en trouve pas à chaque coin de rue. Le poulpe non plus mais l’aquarium est moins encombrant.

Mais un élément peut vous intéresser pour vos recherches sur le langage intelligent. Les diverses grammaires du langage humain se modulent sur 3 éléments de base, sujet/verbe/objet en variant l’ordre selon les langues (SVO, VSO, etc.) :

  • « La pomme tombe » pour le verbe intransitif (SV)
  • « L’enfant mange la pomme », verbe transitif (SVO).

Il me semble que cela soit la conséquence de particularités de survie biologique. L’homme doit cerner un objet dans le décor pour le saisir avec sa main puis le porter vers la bouche pour l’estomac.

L’objet (qui devient sujet grammatical) à saisir par la main est découpé (par le processus perceptif et cérébral) dans le décor : le sujet grammatical (pomme). Puis la relation spatiotemporelle entre cet objet (sujet grammatical) est exprimée par le verbe (tomber). Parfois l’action nécessite un second objet du décor (verbe transitif). Cela donne l’objet grammatical : L’enfant (S) mange (V) la pomme (O).

Certains phénomènes comme la pluie fusionnent en une même action l’objet et le décor. La grammaire usuelle est alors inadéquate. On invente un sujet creux qui n’a qu’une nécessité grammaticale. « Il pleut ». Le pronom « il » est sujet grammatical mais ne veut rien dire. Cela vient des limites de la grammaire du langage usuel.

C’est comparable dans « Je pense ». Le « je » et la « pensée » ne font qu’un. La formule exprime surtout une contrainte grammaticale plus qu’une nécessité philosophique. C’est la grossière méprise du cogito. « Je pense donc je suis » n’a pas plus de valeur ontologique que « il pleut donc il est ». Il s’agit de sophismes grammaticaux, des pièges logiques auxquels beaucoup se font prendre.

Mais ceci reste anecdotique pour vos recherches en IA (même si c’est fondamental en ontologie de la conscience humaine). Tout ceci pour vous faire remarquer qu’un animal qui n’a pas besoin, comme l’homme, de découper cognitivement un objet dans un décor pour s’en nourrir, n’emploiera pas forcément une grammaire comparable à la nôtre.

Grammaire, verbe et nature humaine

Par dérision, j’appelle notre langage verbal « la langue de l’estomac ». Pour moi, cette langue n’est pas pertinente pour la philosophie et l’ontologie car comportant trop de travers grammaticaux. Elle est utile pour manger et d’autre actions quotidiennes mais pas pertinente pour tous les registres culturels.

D’ailleurs le grand boom des sciences depuis Newton vient surtout de la recherche d’un langage spécifique aux sciences, les mathématiques mais pas seulement.

Certains animaux ont pourtant besoin de reconnaître des formes dans les relations de prédation mais la préhension manuelle chez l’homme a selon moi développé à l’excès ce formatage grammatical ... qui se retrouve dans la pensée elle-même (et correspond probablement au fonctionnement spécialisé de notre cortex qui traite majoritairement les infos visuelles, primordiales pour notre survie).

Car même au niveau des concepts, notre mental a repris ces automatismes : le verbe « com-prendre » est révélateur. Ceci pour vous mettre en garde à l’encontre de la forte tendance humaine à reporter ces automatismes naturels humains dans nos tentatives de compréhension du monde et des autres formes de vie. Essayez d’ouvrir vos recherches sur le langage à d’autres articulations, d’autres approches, plus indépendantes de la grammaire verbale usuelle. Pas facile !

Les cétacés qui se nourrissent de plancton, par exemple, ont nettement moins besoin d’une telle grammaire. Les baleines ont une intelligence qui n’a rien à envier à la nôtre mais leur langage ne se structure probablement pas sur nos habitudes grammaticales. Pour d’autres animaux, la dominance des émotions sur le mental peut aussi y modifier fortement la structure linguistique car les émotions ne répondent pas aux mêmes logiques que le mental rationnel.
Le langage des oiseaux semble répondre à des impératifs plus émotionnels que rationnels (comme la musique humaine d’ailleurs).

Même chez l’être humain, certaines chansons sonnent merveilleusement malgré un texte lui-même resté à un stade assez débile. Certains animaux communiquent probablement plus pour partager des émotions que des infos rationnelles. Anthropocentrisme, quand tu nous tiens ...

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23 septembre 2017 6 23 /09 /septembre /2017 07:54

Mise au point sur l'intelligence artificielle par Pascal

Pascal m'a adressé ce commentaire que je reprends comme hypothèse de représentation efficace de la fonction monétaire décrite dans ce blog.

Il serait ici fastidieux de vous exposer mon arsenal de critiques sur l'émergentisme et la pensée de John Searle (et ses théories sur l'intelligence artificielle (IA) forte). Cela nous mènerait vers un autre registre de réflexion, moins "technique" : l'ontologie au sens métaphysique (attention à la récupération sémantique du terme, justement dans le contexte émergentiste actuel de l'IA). On entre alors plutôt dans le registre des sciences cognitives, d'abord, puis de la philosophie plus abstraite.

Je vous invite toutefois, à vos loisirs, à vous pencher, dans ces registres, sur la problématique quanta/qualia. Problématique qui échappe totalement à Searle. Il confond la structure physique d'une perception avec la perception qualitative elle-même. En physique, cela correspondrait à confondre la longueur d'onde d'un faisceau monochromatique vert avec la sensation de couleur verte apparaissant à la conscience.

Corrélation et causalité

Il existe évidemment des corrélations (pour faire simple car il y en a toute une chaîne dans chaque processus cognitif) entre l'onde lumineuse (fréquence et quanta d'énergie déjà) et les capteurs activés de la rétine. Entre les capteurs et le massage électronique du nerf visuel. Entre le message électronique et le traitement cérébral.

Toutes ces corrélations relèvent du monde physique et correspondent à des structures spatiales (pour faire simple en omettant le temps). En sciences cognitives, ces aspects physiques sont classés dans le registre global des "quantas". C'est du domaine de la mesure et de la structure. Le tout est en théorie soit copiable précisément, soit imitable par une autre structure remplissant des fonctions similaires. Ces structures correspondent au domaine d'étude et de recherche en IA. Les infos visuelles physiques peuvent alors être traitées par la structure cérébrale pour élaborer des réponses (en langage ou en action) à ces infos. Cela concerne aussi l'IA.

Graduations ontologiques

Mais il y a un saut ontologique (au sens philosophique) entre ces structures physiques et la sensation qualitative de couleur verte - un "qualia" - au niveau subjectif de la conscience. Et ce saut n'a rien à voir avec le registre de l'IA. Il ne peut pas être modélisé par une structure physique (quanta). On peut tordre dans tous les sens une structure spatiale physique (du cerveau ou d'un ordinateur), cela restera dans le registre du quanta.

Le saut ontologique au qualia ne peut être modélisé par une structure quantique (au sens métrique physique). L'IA ne concerne que les quantas. Elle pourra modéliser toutes les corrélations possibles au niveau physique (quanta) cela ne créera pas « nécessairement » (importance logique de ce terme précis !) par magie (comme le génie de la lampe d’Aladin) du qualia. Même si la copie est suffisamment efficace (voire plus), il lui manquera la relation au qualia.

« Nécessairement » : en fait, personne ne sait actuellement « pourquoi et comment », cette « création de qualia » se manifeste. Point. L’émergentisme théorique pose abusivement que ce serait le niveau de complexité lui-même qui détiendrait ce pouvoir magique. Il s’agit d’une monstruosité logique. D’abord, l’émergentisme observe que de nouvelles « propriétés » émergent (d’où le nom de cette option philosophique) d’une structure matérielle à partir d’un certain niveau de complexité.

Remarques :
1. déjà, corrélation n’est pas cause (voir la critique de David Hume : la science explique le comment et non le pourquoi) ;
2. les qualias ne sont pas des « propriétés » structurelles (et plus globalement, la conscience non plus) ;
3. les « propriétés » ne participent pas forcément de la structure matérielle elle-même, elles n’apparaissent peut-être qu’au niveau de la conscience de l’observateur qui interprète cette structure plus complexe en termes de « propriétés ».

Conclusion : l’émergentisme ressemble plus à une manifestation archaïque de la pensée magique qu’à une démarche philosophique et épistémologique. Son dogme est truffé de sophismes grossiers (typiquement anglo-saxons et surtout californiens). Ce saut ontologique quanta/qualia reste de l'ordre du mystère et nulle science (étude des quantas) ne pourra jamais résoudre cette problématique car cela ne relève pas de son domaine.

Les qualias ne se réduisent pas aux sensations (visuelles, auditives, ...), elles concernent aussi les émotions, sentiments, pensées, concepts abstraits, etc. Il existe bien une certaine corrélation entre ces qualias et les quanta du cerveau. Mais l'émergentisme confond corrélation et fusion ontologique. Pour l'émergentisme, les qualias se réduisent aux quantas auxquels ils sont corrélés. Simpliste grossier.

Il y a alors trois niveaux ontologiques distincts à poser en théorie.
1. Les quanta du monde physique et du cerveau : c’est le registre de l’IA (faible, forte, sucrée, salée, blabla, ..).
2. Les qualias de la conscience, qui sont corrélés aux quantas du cerveau. Certains de ces qualias ont aussi des aspects quantitatifs (formes visuelles, géométrie, nombres, notions physiques et mathématiques, ...)
3. La corrélation elle-même ... en évitant ici de s'égarer dans des interprétations mystiques comme l’occasionnalisme de Malebranche ... et en se contentant d'une approche ontologique et fonctionnelle.

Chaque niveau a sa propre complexité. Et il ne serait pas pertinent de fusionner conceptuellement (comme dans l'émergentisme) ces trois complexités car elles ne sont pas comparables.

Chaque niveau a aussi sa nature ontologique propre.

Le physique

Le niveau 1 est le monde physique dont on ne sait rien sinon par l’intermédiaire de représentations par modèles. Il peut se structurer géométriquement. Chaque élément y a une forme et une position ... bien que la physique contemporaine développe des géométries bien plus complexes et que certains éléments n'y aient plus une position bien déterminée. Jusqu’à preuve du contraire, le « monde physique » reste un noumène ! Oui.

Les abstractions physiques contemporaines l’ont dépecé de toute connotation de substance ou de matière pour ne garder que la notion de « stock d’informations quantiques ». Pour la physique actuelle, il ne s’agit plus d’un monde « matériel ». Cette position reste ontologiquement abusive mais il serait trop long de développer ici un exposé de la critique de cette position, qui ne reste en fait qu’une option paradigmatique technique, un modèle.

La conscience

Le niveau 2 est le contenu de la conscience humaine (et hypothétiquement animale mais cela nous conduit à interroger nos mécanismes mentaux utilisant le principe d’analogie ; une autre fois ...). Seules les sensations visuelles y ont une forme ... pas les autres qualias (le son d’une cloche n’est pas carré, la peur n’est pas triangulaire, ...).

Ils n'ont pas non plus de position : ils ne sont pas "dans le cerveau", ils sont bien corrélés à la structure cérébrale mais ne sont pas des éléments physiques situés "quelque part". Ils n’entretiennent aucune relation métrique ni même géométrique avec les quanta de l’univers physique. Cette corrélation n’est pas métrique. Les notions « dedans », « dehors », « ailleurs », « autre dimension », etc., ne sont pas pertinentes pour aborder cette corrélation.

Les éléments de ce niveau 2 ne sont pas « quelque part ». Nos habitudes psychiques nous incitent à leur affecter automatiquement une position alors qu’ils n’en ont pas, ce ne sont pas des êtres du monde physique. Le monde physique et l’espace n’englobent pas la totalité ontologique. Cela demande un effort psycho-intellectuel pour se libérer de ce blocage paradigmique réducteur (dont Kant, entre autres, était victime).

On situe alors abusivement ces éléments dans le cerveau mais c’est absurde car si l’on cherche à préciser cette position, aucun point particulier du cerveau n’y correspond. Les structures cérébrales (quantas) corrélées ont bien une position car elles font partie du monde physique mais les qualias subjectifs et la conscience elle-même qui les synthétise n’ont aucune position, ni dans le monde physique ni ailleurs (comme dans le monde des idées de Platon, bricolage ad hoc exprimant ce blocage paradigmique).

Cette obsession psychique à affecter une position à tout être reste pertinente pour les quantas (bien que la physique nuance cette option, notamment par la notion de probabilité en mécanique quantique mais aussi par des géométries non conventionnelles) mais cette obsession est inadéquate pour les qualias (et la conscience dans sa globalité : la conscience n’est pas quelque part !). Une sensation visuelle, par exemple, comme un carré rouge, se situe d’autant moins « dans le cerveau » que, d’abord, « dans le cerveau, il fait tout noir », mais ensuite, aucune portion de la structure neuronale synaptique corrélée n’a la forme d’un carré. Bref.

La logique

Le niveau 3, celui des corrélations assez complexes entre les qualias et les quantas est un niveau fonctionnel pur (au sens quasi mathématique mais impliquant aussi des aspects de temporalité, contrairement aux fonctions mathématiques usuelles). Ces éléments sont de « nature » nouménale, ni physique, ni consciente. Ce ne sont ni qualias ni des quantas. En outre, ces êtres n’ont ni forme ni position.

Une étude ontologique plus poussée invite à les considérer comme « méta-temporelle » mais avec un aspect de temporalité dans la connexion aux qualias, lesquels s’inscrivent dans la temporalité subjective humaine (ou animale). Ces corrélations sont probablement à la base de ce que le discours non scientifique (religion, occultisme, ...) conceptualise abusivement comme « âme », « purusha », etc., selon une fantaisie bien connue mais assez grossière et réductrice, surtout dans son réductionnisme paradigmique spatio-temporel.

La liste des registres ontologiques n’est pas exhaustive mais elle ouvre a priori la porte au grand n’importe quoi, ce sort du présent objectif qui cherche à mieux cerner le fonctionnement de la conscience (humaine dans un premier temps). Le propos se limitera donc ici aux 3 niveaux évoqués. On évitera ici de s’égarer dans des élucubrations comme le « purushottama », l’hypothétique (et peu crédible) « conscience cosmique » (une critique suivra en dehors de la présente approche), etc.

Trois plans différents de complexité

Les complexités propres à chacun de ces 3 niveaux ontologiques sont d’ordres différents et difficilement comparables. Le niveau 1 relève sommairement de la complexité spatiale. Il est modélisable par des structures spatiales pouvant exercer des fonctionnements similaires. Cette complexité est le domaine d’étude et de recherche pratique de l’IA. Ces structures (fonctionnelles ou non) plus ou moins complexes peuvent dans certains cas être modélisées par l’IA ... dans d’autres, c’est plus improbable.

Nous n’en sommes qu’aux balbutiements de cette recherche. Les possibilités d’avenir sont a priori infinies mais il ne faut pas se laisser impressionner par le sensationnalisme médiatique qui met la charrue avant les bœufs. Chaque chose en son temps.

Le niveau 2 fait intervenir parfois des concepts très complexes et parfois suffisamment abstraits pour être difficilement traductibles par une structure cérébrale. Certains chercheurs en mathématique et logique présentent d’ailleurs des thèses qui tendraient à démontrer que certaines fonctions mentales (au niveau subjectif de la conscience, le niveau 2) transcendent par principe les possibilités connectiques synaptiques (niveau 1).

La structure cérébrale corrélée à ces concepts a elle aussi sa propre complexité (pas seulement celle des synapses, qui relève d’un réductionnisme paradigmique du fonctionnement cérébral), parfois plus grande pour des idées simples, parfois non, mais ces deux complexités ne sont pas comparables, même si elles sont corrélées. L’écueil scientifique et philosophique serait de faire l’amalgame entre ces deux complexités. Ces complexités ne sont pas plus importantes l’une que l’autre, elles sont différentes.

Le niveau 3 possède par contre un niveau de complexité qui dépasse largement les deux autres car il doit corréler ces deux registres complexes par une corrélation qui n’est pas une simple identité mais inclut des transformations fonctionnelles extrêmement élaborées (par exemple, lors de l’observation d’une carte électronique ou d’une carte routière, cette complexité fonctionnelle consiste à corréler une structure synaptique arborescente complexe en une sensation visuelle géométrique extrêmement structurée) ... et cela à une fréquence qui dépasse de très loin les performances tant du cerveau que de la conscience intelligente.

Aucune IA, présente (et probablement à venir) ne peut rivaliser avec cette corrélation tant en complexité qu’en fréquence temporelle. Le domaine de recherche et d’application de l’IA concerne pour l’avenir proche (et même lointain) la complexité du niveau 1. Même un superordinateur ne peut réaliser les performances de la complexité fonctionnelle du niveau 3. S’émerveiller devant l’émergence prochaine d’une « singularité » de complexité anime la bigoterie transhumaniste (comparables aux bigoteries religieuses usuelles) mais cela n’arrivera jamais à la cheville de l’émerveillement envers cette complexité de niveau 3, laquelle sort du cadre de recherche des bigots de l’IA, de Palo Alto, du Japon ou d’ailleurs.

Animisme techniciste

Mais surtout, un superordinateur ne gérera jamais que des quantas, contrairement à l’intelligence fonctionnelle du niveau 3 qui met en relation de manière infiniment complexe, les quantas du niveau 1 aux qualias du niveau 2.

J’espère vous avoir ici laissé entrevoir à partir de quelle réflexion je me permets de considérer un agité omniscient du profil de Ray Kurzweil comme un pitre suffisant. A partir de cette « petite » introduction à l’ontologie, j’espère vous avoir aussi permis de relativiser l’importance historique de l’IA ou du moins de la situer dans un cadre culturel plus large. Cela n’enlève rien à la pertinence du développement de cette IA, maintenant et à l’avenir. Au contraire.

Mais j’espère vous avoir ainsi apporté un certain regard panoramique sur la situation, regard qui vous permettra d’aborder à l’avenir le phénomène de l’IA avec le recul philosophique nécessaire. Recul qui vous évitera, je l’espère, de vous laisser séduire par les déclarations intempestives des gourous de Palo Alto, de leurs suiveurs aveugles et de la presse à sensation.

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2 septembre 2017 6 02 /09 /septembre /2017 10:56
Capitalismes et inégalités : quels outils pour mieux comprendre ?

Commentaire au billet de Madeleine Théodore sur le Blog de Paul Jorion.

Le capitalisme libéral fabrique la misère en fixant des règles comptables qui ne certifient que la croissance nette du capital au bénéfice des propriétaires nominaux du capital. Cet angle de vue a pour « intérêt » d’indiquer directement et explicitement aux créanciers du capital la part de la valeur ajoutée calculée d’entreprise qu’ils peuvent revendiquer en rémunération immédiate de la liquidité monétaire « prêtée » à la communauté de travail d’entreprise, à ses fournisseurs et à la société de droits qui permet l’entreprise et le calcul de la valeur ajoutée.

Le capitalisme libéral est une gnose simple et directe pour expliquer aux gens que leur bonheur dépend exclusivement du solde comptable inscrit sur leur compte en banque. Le pouvoir d’achat individuel ne dépend pas d’une quelconque production objective par un travail personnel efficient et effectif mais bien d’un calcul mystérieusement efficace du banquier qui a financé des actionnaires ; qui ont financé des entrepreneurs ; qui ont « créé » de la valeur. La valeur existe en soi par un solde bancaire créditeur non rattachable à un capital concret effectivement transformé par des gens qui travaillent à ce qu’ils désirent et touchent.

La focalisation du calcul de rentabilité des entreprises sur le bénéfice net du propriétaire du capital plutôt que sur la valeur ajoutée spécifique du travail dans le chiffre d’affaires a un motif pratique et une utilité politique. En pratique, il n’y a pas de règle absolue pour séparer le prix du travail du prix des matières dans les achats et dans la production de l’entreprise. De fait, la décomposition transactionnelle de chaque prix s’établit par un rapport de force entre chef d’entreprise et salariés pour la valeur ajoutée d’entreprise ; entre chef d’entreprise et fournisseurs pour le prix des intrants ; entre propriétaires du capital et puissance de l’État de droit pour le contexte et les critères de négociation des forces relatives engagées dans le partage de la valeur ajoutée de chaque production rentable.

L’utilité politique d’un débat public polarisé sur la seule rentabilité du capital nominal en garantie de la solvabilité liquide d’entreprise, est d’effacer dans la conscience des citoyens-consommateurs-travailleurs les prémisses du calcul de répartition de la valeur ajoutée. Les conditions du rapport de force qui fixe le prix collectif du Droit, le prix des ressources naturelles et les prix du travail de production effective sont le point de départ du procès de répartition de la valeur ajoutée. Quand en toute fin du procès, vient le calcul du solde d’exploitation brute de l’entreprise, plus personne ne peut se souvenir du détail des argumentaires de négociation des salaires et des prix de chaque transaction intermédiaire.

Précisons que le capitalisme pose la spécificité et la nécessité du facteur capital dans le procès de répartition de la valeur ajoutée par les prix. C’est la pratique du capitalisme libéral qui exclut de fait le travail des facteurs nécessaires de la valeur ajoutée finale qui n’aurait plus vraiment besoin pour exister réellement de la valeur formelle et matérielle intermédiaire du travail. Le libéralisme économique oublie délibérément le temps laborieux qui passe pour ne considérer que la marge nette de l’actionnaire propriétaire du capital. La société politique et le droit des gens qui sont à l’origine du calcul possible de la valeur ajoutée réaliste sont refoulés dans un inconscient non transformable. La raison des personnes qui se parlent ne dit plus rien.

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16 janvier 2015 5 16 /01 /janvier /2015 17:09

La construction du mouvement "Podemos" en Espagne s'appuie sur un diagnostic d'économie politique produit par deux universitaires espagnols reconnus et réputés. Le "projet économique pour les gens" propose une vision keynésienne de l'économie politique afin d'échapper à l'effondrement de la civilisation provoqué par la globalisation de la technocratie libérale. "Podemos" suggère qu'il soit impossible de penser une économie des gens sans organiser la démocratie entre les citoyens et les peuples. Cette étude veut montrer que la théorie de la démocratie économique existe en pleine cohérence avec l'expérience et le sens communs. Les techniques actuelles d'économie numérique permettent la mise en oeuvre du modèle keynésien de la monnaie multinationale publique contre la ploutocratie financière.

Après sept ans d'agonie monétaire et financière consécutive au krach des subprimes, la démocratie réémerge en Espagne par la mobilisation des citoyens. Les gens de base se regroupent pour reconstruire les services du vivre ensemble délaissés sous l'empire européen du libéralisme spéculatif en monnaie virtuelle. Le mouvement “Podemos” organise la discussion de l'économie politique à reconstruire sur les ruines de l'économie non régulable par l'intérêt général public. Les réformes demandées par Podemos visent à rétablir la finalité des échanges dans le plein emploi de l'offre de travail au financement de la croissance économique de la société politique du bien commun.

La présente analyse veut montrer que la régulation du crédit, de l'épargne et de la liquidité bancaire est réalisable au service des gens par un vrai marché de titrisation du travail ; c'est à dire par un marché du travail politique, entrepreneurial, bancaire et assurantiel, engagé par les citoyens dans des sociétés qui les rendent effectivement solidaires. Les réseaux sociaux numériques en développement constituent l'espace de négociation de toutes les espèces de travail à l'origine des biens demandés par la société civile. Face à la modélisation numérique de l'économie réelle des échanges, l'actuelle monnaie bancaire issue du réseau financier global virtuel n'est adossée à aucune mesure intelligible de la réalité attendue par les gens.

Pour que la rationalité économique retrouve ses fondements réels dans la démocratie, le crédit en monnaie doit être réconciliable au crédit rémunérant le travail. L'offre bancaire de crédit doit égaler strictement la demande de services exprimable par le travail des citoyens personnellement responsables de leurs États communs de droit. Le marché de la monnaie véritable que Podemos revendique est un marché de la titrisation du travail par la puissance publique du bien commun. La société civile refondée par Podemos est aujourd'hui en mesure de reconstruire une économie humaine sociale objective au milieu du vide conceptuel simulé par les élites politiques et financières actuellement au pouvoir.

 

Pas d'économie objective sans démocratie

"Podemos" est un mouvement émergent de la politique espagnole enregistré en mars 2014 comme parti pour offrir une alternative démocrate au Parti Socialiste Ouvrier Espagnol et au Parti Populaire. Le PSOE et le PP qui gouvernent l'Espagne en alternance depuis 1978 ont renoncé à une économie au service de la démocratie. Podemos a obtenu d'emblée 8% des voix aux élections européennes et se trouve en tête des intentions de vote pour les législatives espagnoles de 2015. Les initiateurs de Podemos récusent le libéralisme économique du PSOE et du PP actuellement au pouvoir. Le mouvement se construit en mode participatif sur l'objectif de remettre le système économique de l'Espagne au service du vivre ensemble. En novembre 2014, Podemos a publié un "projet économique pour les gens" afin d'établir une base de discussion des réformes économiques, sociales et politiques qui seront proposées aux suffrages législatifs des Espagnols.

La plateforme de débat économique de Podemos a été établie par deux professeurs d'économie politique d'orientation sociale démocrate, Vicenç Navarro et Juan Torres López. Ils posent le constat de la mise en faillite de l’État de droit par le système apolitique de la monnaie unique européenne ; une monnaie conçue pour soustraire l'économie au contrôle de la démocratie dans le contexte de la globalisation financière et commerciale. La politique des socialistes puis du Partido Popular après la disparition de la liquidité financière depuis 2008, a consisté comme partout ailleurs à renflouer les banques par la dette publique puis à réduire la part des dépenses publiques dans l'économie pour freiner la croissance de la dette. Alors que le chômage a triplé en 6 ans, que les revenus salariaux se sont effondrés, le gouvernement espagnol réduit les services publics et les prestations de solidarité sociale. La politique monétaire et financière de la zone euro contraint l'Espagne à détourner son économie du bien-être pour rembourser des dettes qui n'ont jamais financé une croissance bénéfique à tous les Espagnols. Une partie substantielle du peuple espagnol a été renvoyée à son niveau de vie des années cinquante.

Podemos constate que l'Espagne est dépossédée de son activité économique au profit de créanciers extérieurs, parmi lesquels les Espagnols les plus riches désolidarisés de leurs concitoyens par le régime libéral de la zone euro. Le principe même du marché européen unique de libre circulation du capital financier permet de produire et d'investir en Espagne hors des lois voulues par les citoyens et sans contribuer par la fiscalité aux charges et dépenses communes de l’État de droit espagnol. L'égalité des droits et la solidarité minimale du vivre ensemble n'ont plus cours en Espagne par nécessité de l'euro détaché des États de droit. Les États dépossédés du contrôle de la monnaie sont dans l'incapacité de réguler le crédit et les revenus par la levée des impôts. L'euro produit une dénationalisation déshumanisante du pouvoir de la loi au profit des entreprises et du capital extérieurs à la citoyenneté. Il n'y a plus d'économie en Espagne par l'existence même d'un système européen interdisant la délibération politique des lois applicables à la production et à la consommation. L'économie est réduite au service exclusif des propriétaires du capital financier virtuel aux dépens des droits du travail et de la société politique.

Politique de l'économie au service des gens

Sous l'angle de l'économie du bien commun, la réalité espagnole est corrompue par une liberté absolue des investisseurs et dirigeants de l'économie financière. Non seulement les équilibres sociaux spécifiques de la démocratie sont anéantis mais la solvabilité des banques et de l’État espagnols ne peuvent plus être calculés dans le contexte de l'euro. La suppression des frontières monétaires, financières et juridiques par la monnaie unique induit la captation systématique des efforts nationaux de redressement par des intérêts non nationaux. Focalisant leur diagnostic sur l'économie espagnole, les économistes de Podemos signalent que la liquidation de la réalité de l’État de droit en Espagne n'est nullement rattrapée par l'action d'un gouvernement de la zone euro. Le capital en euro circule par la seule force de l'intérêt financier privé en dehors de toute formation d'un intérêt européen par une communauté publique véritable. Aucun pouvoir politique n'a plus dans la zone euro la capacité financière de réguler le calcul financier du crédit. Le système financier auto-référencé de l'euro ignore absolument l'équilibre économique réel du travail, du crédit et du capital des citoyens à l'intérieur des pays et entre les pays membres.

Le "projet économique pour les gens" est la première analyse d'un mouvement de révolte politique populaire pointant la cause de l'impasse actuelle du capitalisme libéral dans l'absence de gouvernance démocratique du crédit et de la monnaie. Toutes les propositions de Podemos visent à remettre l'économie au service des gens par la régulation politique de la finance. Toutes les propositions tendent à forcer pratiquement l'utilisation des dépôts et de l'épargne au financement d'un équilibre entre production et revenus du travail. Autrement dit, la consommation des gens devrait se financer par le travail des gens plutôt que par un endettement et un déficit d'échanges extérieurs. Podemos demande un vrai marché du travail où les gens puissent négocier leurs revenus aux prix de ce qu'ils demandent par leur production effective et par leurs intentions mesurables en épargne. Un vrai marché du travail engendrerait l'offre des objets d'investissement qui répondent à l'épargne des revenus du travail. Podemos proclame le droit au crédit qui soit la mesure juste du travail actuel et futur engagé par les gens pour satisfaire leurs besoins.

Sur le fond, les économistes de Podemos réclament une réintégration de l'économie dans la règle politique. Le marché financier réglé par la politique signifie que la monnaie négocie des prix entre les citoyens qui tous travaillent, entreprennent, épargnent, consomment et investissent. Pour que les revenus escomptés du travail soient mesurables en crédit bancaire, il ne faut pas que les besoins des gens et le travail nécessaire pour les satisfaire soient définis par des spéculations financières. L'épargne ne peut pas être une abstraction financière déconnectée de l'économie réelle des projets humains. Le financement de la demande des citoyens par le travail des citoyens implique que l'équilibre des prix entre l'offre et la demande de crédit soit déterminé par l'équilibre des finances publiques entre l'offre et la demande de droits civiques ; et que l'équilibre juste de la distribution des revenus de production des biens et services ne soit pas déterminé entre les seuls détenteurs de capital mais entre tous les citoyens qui définissent, transforment et emploient le capital.

Les quatre degrés du travail dans le capital

Le système économique réclamé par Podemos est un capitalisme du travail producteur de la satisfaction des gens en lieu et place d'un capitalisme de la monnaie financière apolitique. Une capitalisation de la demande des gens en travail implique que la monnaie ne soit pas émise par des comités secrets de banquiers mais par un marché de tous les acteurs économiques de la citoyenneté. Le règlement des biens en monnaie doit rendre compte publiquement à la société civile des prix réels de tous les services qu'elle est apte à commander et exécuter. La transparence économique et politique du marché requiert alors quatre degrés différenciés de négociation de l'équilibre des prix. Le premier degré est celui de l'entreprise entre l'offre de travail de chaque citoyen et la demande collectivisée par le gouvernement d'entreprise. L'entreprise est le lieu du calcul économique de toutes les demandes de productions des citoyens en travail, épargne, investissement et assurance.

Dans l'économie de la démocratie, l'entreprise est représentable en titre de capital négociable contre monnaie à la condition de se constituer en sociétés d'intermédiation des objectifs mis en communs. Un enchaînement d'objectifs communs est une entreprise. Mettre en commun des moyens de réalisation collective d'objectifs communs est un second type d'entreprise. Mettre en commun le prix des lois réglant des objectifs communs est une entreprise d'entreprises. Ces trois types d'entreprise sont contenues dans l'entreprise politique qui fédère le travail des citoyens dans l'appréciation de leur demande collective par une même monnaie. Les trois équilibres actuellement détruits des prix du crédit, du capital et de l'assurance du système de l'économie des gens sont réparables dans une économie efficiente à la condition du plein emploi de la demande de travail. La négociation fondatrice de tous les équilibres de l'économie est la combinaison des facteurs de travail à l'intérieur de chaque entreprise et entre les entreprises réunies d'une même politique de production finale.

L'existence effective d'un bien à un certain prix réglé par l'acheteur est nécessairement une combinaison d’œuvres au quatre degrés de nécessité du travail : la transformation de la matière, l'entreprise, la capitalisation du prix et la délibération du règlement des biens en comptabilité de loi commune. Le système libéral, dont Podemos constate la défaillance du point de vue de la démocratie comme de l'économie réelle, est une théorie libérée de la réalité objective du citoyen. L'entreprise est réduite à la spéculation du seul travail financier sur la comptabilité du capital, lequel est défini en fonction du pouvoir d'achat d'un consommateur dont la citoyenneté est niée. Le consommateur libéral est un moteur de transformation mécanique du capital en monnaie. Le capital libéral est monétisé hors de ses causes dans le travail de délibération des biens, dans le travail de coordination des citoyens, et dans le travail d'assurance de la réalité des droits du citoyen. La finalité de l'entreprise libérale n'est pas décomposable ; elle n'a de réalité que dans la croissance du capital en monnaie nominale abstraite de toute loi réelle.

Le crédit véritable indexé sur la rentabilité du travail

Pour qu'une production soit engagée au bénéfice de tous ses contributeurs, il faut nécessairement un accord de prix sur chaque œuvre de travail entre toutes les entreprises pour que le prix de revient final soit inférieur ou égal au paiement en monnaie de l'acheteur final ; lequel acheteur final a nécessairement obtenu la rémunération de sa quote-part d’œuvre du travail commun. Un accord de prix réel est aussi une identification concertée de tous les objets d’œuvre nécessaires à l'existence effective du bien final. Le marché du travail efficient est donc à la fois une confrontation des libertés individuelles et une organisation des coopérations qui mutualisent le risque économique objectif. Le risque objectif est la possibilité d'une offre effective inadéquate, entre toutes les entreprises mobilisées dans la livraison des biens servis à des citoyens qui sont des consommateurs. Par entreprise vendeuse d'emploi, il faut entendre toute société de coopération mutuelle dont le capital ait pour finalité de garantir les droits du travail rentable ; c'est à dire le travail dont les fruits promis sont anticipés par le crédit qui comptabilise l'investissement ; lequel investissement a pour finalité d'assurer la pérennité de la communauté de production à servir la demande réelle effective des citoyens.

La rentabilité n'est rien d'autre en économie réelle que l'efficacité du travail à satisfaire la demande monétisée du consommateur citoyen. La rentabilité définie en travail intègre en soi-même la rationalité économique dans la contrainte de stabilité financière. La rentabilité libérale est au contraire une spéculation financière sur la déstabilisation d'un système dépourvu d'obligation de travail. La crise mondiale de la dette dont l'Espagne est l'une des victimes expiatoires n'est rien d'autre que la liberté des entreprises hors sol (off shore) d'emprunter sans acheter le travail au prix des biens où le travail est prêt à les acheter. Le capital financier est comptabilisé par des banques sur des prêts qui ne sont pas adossés au prix réel d'un travail effectuable par des citoyens incarnés. Ce capital est en nature une dette fictionnelle que personne ne remboursera. Le système de la libre circulation du capital entre des sociétés sans États de droit n'a pas d'autre finalité que d'autoriser des pseudo-élites à emprunter des richesses sans jamais les produire ni les rembourser. L'actuel système mondial de la finance déterritorialisée engendre une économie non proportionnable à la réalité des gens libres.

La première étape d'un processus rationnel réaliste de négociation marchande des prix des biens à produire se déroule nécessairement à l'intérieur des entreprises et entre les entreprises qui rémunèrent le travail ; à l'intérieur des entreprises pour construire l'offre, et entre les entreprises pour agréger la demande. Pour qu'un crédit en monnaie réglant l'achat d'un citoyen consommateur soit réparti entre tous les citoyens organisés en entreprises, il faut des entreprises spécifiques de régulation des échanges par des lois communes. Les entreprises d'assurance de la réalité effective des biens par le Droit sont les États souverains et les associations de souveraineté. En structurant tous les principes d'organisation économique par les degrés locaux, nationaux, européen et mondial de l’État de droit, Podemos rétablit la condition démocratique de possibilité d'un ordre économique réel.

Les lois publiques délibérables de l'économie des prix

Podemos opère la restauration de l'économie dans une réalité qui ne soit plus absorbable dans la virtualité financière. Podemos demande l'asservissement de la politique monétaire de l'euro à la délibération du Parlement Européen ; politique monétaire exécutable à la condition d'un véritable Trésor Public européen contrôlé par le parlement d'un véritable État confédéral. La loi du marché européen ne doit plus porter sur les seuls objets matériels mais sur la législation du travail et des assurances sociales interprétable par les États et les entreprises. Les crédits monétaires de la BCE ne doivent plus être accordés à des banques privées mais à des marchés universels publics dont la politique de crédit soit assurée et contrôlée par les institutions politiques de la démocratie européenne des nations. La liquidité des titres de dette et de capital ne doit plus se calculer sur des objectifs privés de rentabilité statistique mais sur des engagements publics de vente de biens réels vérifiables en droit du citoyen qui travaille pour consommer.

Le projet économique pour les gens pose la raison de formation des prix dans la démocratie monétaire. Le crédit en monnaie au vendeur d'un bien ne peut plus être de la décision privée d'un prêteur financier sous un capital bancaire mais doit réunir ouvertement à l'intérêt de l'acheteur, les intérêts du travail, de l'épargne, de l'entrepreneur et de la société politique d'intérêt général. La monnaie qui règle le prix ne peut être une matière privée mais la matérialisation publique d'un bien échangé par un ensemble de prix entre toutes les parties concernées dans la vente de quelque bonne chose. Si l'euro est arraché aux spéculations privées de banques exonérées de la loi commune, le marché commun de la citoyenneté européenne dévoilera les quatre causes nécessaires à la formation rationnelle des prix entre les citoyens investisseurs entrepreneurs acheteurs consommateurs. Après organisation de la production structurée par le partage du prix de revient entre toutes les œuvres de travail issues des entreprises, la monétisation du prix final des services consommables requiert la conversion de la valeur demandée en crédit bancaire ; puis la couverture du risque économique en capital de vérification par la loi commune ; et enfin la mutualisation par la fiscalité des réparations, des moins-values et des biens communs non distribuables.

L'égalité de puissance entre le travail, l'entreprise, le crédit et le bien commun revient à un marché financier de la liquidité monétaire indexée sur le travail. Il contient quatre catégories d'acteur : l'entrepreneur, le marchand courtier, le banquier et le juge de la puissance publique garante de l'intégrité des acteurs du marché. La liquidité monétaire ne s'adosse au crédit bancaire que convertible dans toutes les tâches de travail achetées qui font la livraison certaine en droit d'un bien réel à un prix donné. La liquidité du crédit est pure fiction en dehors des sociétés politiques de citoyens libres et responsables de leurs entreprises. La mesure du crédit reste virtuelle s'il n'est gouverné par le droit commun propre à des États identifiables ; s'il n'existe un marché commun de la monnaie pour mesurer la responsabilité propre à chaque État de sa souveraineté indivisible.

Le gouvernement du marché par quoi les prix sont garantis en droit des citoyens consiste à assurer continûment l'équilibre des pouvoirs entre l'entreprise qui produit, l'entreprise qui crédite le prix à terme contre promesse de livraison, et l'entreprise qui mesure et réduit le risque économique au bénéfice civil des acteurs engagés. Dans un marché régulé par l'exécution collective de la loi, le paiement en monnaie prouve l'universalité du bien produit et vendu. L'augmentation du capital financier des actionnaires de l'entreprise est strictement conditionnée par l'incertaine rentabilité de l'investissement ; lequel est négociation des œuvres de travail propices à l'augmentation des biens offerts par la loi commune.

Quatre causes d'assurance des biens par la démocratie

La refondation de l'euro suggérée par Podemos implique quatre degrés de souveraineté politique : la confédération, la nation, la région et la commune. La confédération de l'euro serait la société européenne des citoyens partageant une même économie de la démocratie. Les nations membres de l'euro sont des sociétés partageant chacune une même conception des droits du travail sous un capital public commun comptabilisé en euro. Chaque nation et chaque degré d’État dans les nations a son propre capital en euro. Les régions sont des coopératives juridictionnelles assurées par une même fiscalité. Les nations peuvent s'associer dans une même région, par exemple l'Espagne ou l'Allemagne, ou plusieurs régions se regrouper dans une même nation, par exemple la France. Enfin, la commune est la société politique élémentaire où un même pouvoir public gouverne les intérêts économiques fédérés d'une même communauté de citoyens. Chaque degré d’État souverain est repéré par sa propre unité monétaire convertible en une autre unité d'un autre État par le prix fiscal exclusif en euro du droit local.

La discrimination de la souveraineté du bien commun entre les sociétés de la démocratie requiert la séparation des quatre fonctions financières actives dans le prix de tout bien réel. La fonction de dépôt distingue par des titres financiers les différents objets nécessaires à l'existence d'un bien livrable. Le titre déposé d'un bien spécifie la légalité de tout règlement en monnaie à l'échéance négociable par le marché. Le dépôt d'un objet est nécessairement le fait d'un sujet de citoyenneté identifié dans une personne physique représentant une personne morale dans d'autres personnes morales garantes. La personne morale est une association de citoyens solidaires de la réalisation d'un même bien dans des objets communs. Un objet déposé acquiert un prix par la fonction de crédit. Un objet prisé dans un crédit acquiert une existence physique livrable par la fonction de capitalisation. Enfin l'offre du prix d'un bien livrable à une certaine échéance devient service effectivement réalisé d'une personne par la fonction d'assurance. Assurer un bien à un citoyen consiste en la prise en charge par une communauté assurantielle de tous les coûts imprévisibles non réglés dans le prix d'achat. L'assurance est le règlement effectif de toute les réparations qui garantissent les droits de la personne dans le prix qu'elle a réglé.

La mise en œuvre obligatoire à la démocratie des quatre fonctions financières de conversion de l'objet en bien licite réel implique l'intervention séparée et distincte de quatre types de banque : dépôt, crédit, investissement et assurance. Le dépôt est l'enregistrement des contrats, des contractants, des objets et de la responsabilité interpersonnelle de la propriété des objets. Toute transaction relative à un objet déposé est tracée par la banque dépositaire par le transfert du dépôt du prix en monnaie d'un déposant à l'autre. Le crédit est l'anticipation du prix d'un bien déposé négociable dans le futur auprès d'un acheteur final encore inconnu. L'investissement est l'identification des objets, des taches et des prix du travail nécessaire à la livraison effective d'un bien à terme. L'assurance est le prix probable réel à régler en réparations imprévues au consommateur acheteur d'un bien dans la communauté politique qui le protège. Le dépôt est donc l'assurance de l'assurance en travail engagé de la personne physique à faire ce qu'elle dit pour garantir à tout acheteur potentiel la réalité du bien dont elle répond du dépôt-même.

Révolution latente de la démocratie monétaire numérique

Podemos grandit depuis son origine dans la pratique de la démocratie du dépôt. La technologie des réseaux sociaux numériques provoque l'organisation d'un marché des principes politiques et des mesures économiques discutables et interprétables par les citoyens. Technologie de l'échange réticulaire qui est également celle des entreprises et des marchés pour organiser la production et comptabiliser la négociation des prix. Un réseau social numérique matérialise tout autant le dépôt d'un vote pour un dirigeant politique, pour un gérant d'entreprise ou pour un gestionnaire de patrimoine. La cotation d'une idée déposée est la cotation d'un titre d'assurance en titre de capital. La comptabilité déposée d'un crédit budgétaire est la comptabilité d'une prime d'option financière, que la finance actuelle appelle "dérivé de crédit". Le dépôt d'un bulletin de vote ou le règlement d'un prix en monnaie sont de même nature dans un réseau numérique. Moyennant le dépôt et le réseau, voter est synonyme de payer. Le paiement est le vote d'un acheteur pour un vendeur dont l'objet est échangé contre monnaie représentative de tout travail dans un contexte de droits déposés en réseau.

Le réseau social numérique représente les modélisations possibles des liens sociaux ; les acteurs économiques des biens y construisent par le nombre monétisable la formalité de leurs objets communs. Avant d'être mise à disposition de n'importe quelle communauté d'intérêts par le réseau des réseaux, la technologie numérique réticulaire a été l'armature de la finance globalisée en monnaie interbancaire internationale virtuelle. La dématérialisation des titres et des flux monétaires en vigueur depuis plus de trente ans repose sur les réseaux numériques de données bancaires. Les chambres de compensation où s'effectuent actuellement le règlement financier interbancaire des dettes sont des convertisseurs d'obligations juridiques en prix universalible de marché. Mais l'interbancarité mondiale des prix en monnaie a été réalisée par élusion du travail effectivement engagé par les organisations sociales. La virtualité des prix n'est pas réellement transformé en biens servis aux personnes physiques déposant dans les banques. L'effondrement de la liquidité bancaire est depuis 2008 la ruine potentielle des déposants par la spéculation bancaire non réconciliable avec la réalité matérielle tangible.

Un réseau numérique est la convertibilité en mots par les nombres, d'images subjectives de la réalité. La finance moderne est née de la mise en réseau des sociétés par une religion monothéiste de l'économie des biens. Une définition convergente des biens a engendré le crédit commercial international, donc la conversion marchande des mots en prix à terme, donc un système de comptabilité des biens en monnaie. Si un réseau numérique est aligné sur une société politique gouvernée par une interprétation commune d'une même loi, alors les personnes agissant de concert par un même marché deviennent garantes de la conversion en biens réels des mots associés aux prix.

Si les acteurs d'un réseau numérique sont des citoyens solidaires dans des nationalités ; si chaque nation se structure sur une autorité politique commune unique ; si chaque autorité politique est représentée par une unité de compte monétaire propre ; si la convertibilité réelle de l'autorité politique a un prix de change spécifique variable selon la nationalité ; et si les unités de compte sont convertibles moyennant un prix de change variable dans une monnaie de supra-nationalité ; alors un équilibre général des prix peut être négocié qui transforme toute la demande de travail en offre de travail par une production maximale de services véritables.

La théorie éprouvée de la liquidité par le plein emploi du travail

La croissance économique des biens maximisée par le plein emploi du travail par nationalité est théorisée depuis keynes. La représentation keynésienne de l'équilibre économique du plein emploi de l'offre de travail par la demande publique est efficace à la condition d'un mécanisme de fermeture de l'espace marchand de négociation des prix. La fermeture logique du marché virtuel de l'économie réelle est l’État de droit plurinational. Le travail offert peut être intégralement transformé en biens et services vendus et consommés à la condition d'une monétisation du droit commun des citoyens par un seul gouvernement responsable de son marché par sa monnaie.

Le problème non clarifié par l'économie keynésienne qui est devenu l'alibi du libéralisme spéculaire, est l'équilibre multinational des parités de change entre des gouvernements débiteurs les uns des autres soit par des échanges commerciaux, soit par des délégations partielles de souveraineté. La zone euro a imaginé résoudre l'instabilité potentielle du crédit international en récusant son expression financière dans les parités de change. Les faits ont montré que la maîtrise des dettes publiques et des balances commerciales est impossible par une seule unité monétaire entre des souverainetés objectivement plurielles. Par l'euro, la responsabilité politique n'est plus mesurable, ni solidaire, ni convertible entre des nationalités objectivement et réellement différentes de citoyens producteurs, consommateurs et investisseurs.

Pour que les règlements monétaires soient une application du droit des personnes et de la propriété spécifique à chaque système gouvernable de la solidarité économique, il faut et il suffit rendre la monnaie décomposable en États de droit séparables. La monnaie uniciste est négation de la réalité objective. Pour obliger le détenteur d'une créance quelconque à s'inscrire dans le droit d'une citoyenneté réelle, donc à s'acquitter de la fiscalité que le coût commun de citoyenneté impose, il suffit de ne pas représenter la monnaie par des espèces physiques indifférenciantes. Le pouvoir libératoire de la monnaie doit être réservé à l'espèce exclusivement numérique.

Dans la zone euro, les espèces en une quelconque devise seraient intégralement remplacées par des cartes de paiement. La monnaie ne pourrait plus alors se manifester sans que l'identité du porteur physique soit connaissable, garantie par la banque de dépôt, elle-même impérativement couverte par une société politique garante de la légalité des dépôts bancaires. La liquidité de la monnaie ne pourrait plus exister hors du travail identifiable d'une personne physique. Le dépôt en serait couvert par la solvabilité d'une banque dépositaire de la définition des œuvres de travail. La souveraineté politique serait déposée comme garantie du bien commun par les prix en monnaie. Tout paiement monétaire matérialise alors la responsabilité de l'acheteur dans la légalité du bien acquis, donc dans la rémunération de tout travail contenu dans le bien, donc dans le règlement de la dette au vendeur et par conséquent dans l'acquittement de la fiscalité garantissant la conformité de la transaction à l'intérêt général.

La technologie actuelle des réseaux sociaux permet l'identification transaction par transaction de tous les citoyens vendeurs de travail dans un bien. Si la loi commune l'impose, chaque titre de bien est concrètement rattachable à toutes les sociétés, de travail, d'entreprise, de crédit et d'assurance, qui solidarisent la responsabilité des vendeurs et de l'acheteur. Pour réaliser la responsabilité des entrepreneurs, des travailleurs, des épargnants et des États de droit dans les prix, il suffit que la loi monétaire récuse la valeur libératoire d'un dépôt bancaire dont le possesseur, la société garante et la juridiction politique assurantielle ne sont pas physiquement représentés. L'identification physique d'un débiteur en monnaie signifie que les biens réels qui sont la contrepartie du crédit bancaire sont enregistrés comme capital saisissable par un pouvoir judiciaire officiel de souveraineté. La souveraineté rétablie des citoyens sur l'économie implique la responsabilité financière personnelle illimitée de tout représentant exécutif, législatif ou judiciaire d'un quelconque pouvoir. La parole politique personnellement responsable devient la relation officielle obligée de la finance à la réalité.

Contrôle des changes de la liquidité du capital en démocratie

La mission de tout mandataire social d'économie politique est d'assurer l'application de la loi spécifique à son périmètre de souveraineté délimité dans le réseau social numérique où il agit. L'unité monétaire spécifie le prix d'une souveraineté économique dans les autres souverainetés. Chaque souveraineté assure le crédit de ses gouvernants par le prix public négociable de la prime de crédit budgétaire de chaque dirigeant. Le régime de la démocratie implique qu'un dirigeant perd sa délégation de pouvoir dès que le prix d'assurance de son crédit devient négatif sur le marché public du crédit. La prime de crédit d'un dirigeant quelconque est cotée par rapport aux objectifs budgétaires qualitatifs et quantitatifs sur lesquels il est engagé au sein de la société qui l'élit. Le marché financier numérique est un cadastre temporel de tous les engagements politiques déposés par le travail de gouvernance.

Dans un système monétaire purement numérique, la différenciation des unités de compte fait la convertibilité des prix d'un État du droit à l'autre par le régime de fiscalité. La fiscalité est en économie réelle un régime de convertibilité monétaire ; une composante nécessaire du prix des transactions de toute société économique vendeuse des biens qu'elle produit à une société politique. Le prix de la convertibilité des monnaies n'est plus pris en charge par des banques hors sol à capital privé mais par l'autorité publique de marché numériquement territorialisée. Les primes de change restent des primes d'assurance actuelles sur la stabilité du pouvoir d'achat réel de la monnaie. Mais les primes de change sont taxées selon la consommation de services publics imputable aux flux monétaires selon les qualifications légales du capital transféré d'un État à l'autre.

Tout entrepreneur est par définition en tout domaine responsable sur son patrimoine et sa rémunération du dépôt de la nature des biens vendus quelle qu'en soit l'origine. Le capital n'a plus d'existence reconnue sans que des citoyens identifiés en soient gérants obligés à la rémunération de tout le travail qui fait la rentabilité objective des actifs gérés. En monnaie numérique, il n'est plus possible d'importer d'une société exogène sans régler par la taxation des changes les assurances sociales des citoyens consommateurs domestiques. Un marché des changes est un marché d'assurance du bien commun des nationalités différentes.

La numérisation de la monnaie dans un marché délimité par la responsabilité politique publique, a bien pour objectif de mettre la circulation du capital sous contrôle de la loi commune. La circulation du capital est limitée par l'obligation de rémunérer en bien commun public le travail qui produit toute transformation du capital en bien privé. La monnaie numérique impose de rendre la nature des biens verbalement transparente et consistante au citoyen. Les différents degrés de souveraineté se rendent juridiquement solidaires de la réalité des droits de tous les consommateurs finaux. Un paiement en monnaie numérique est l'engagement d'un citoyen dans la souveraineté sous la dépendance de laquelle il se place à garantir le prix du bien-être de la collectivité à qui il achète le bien qu'il consomme.

Le travail qui change le prix en réalité universellement bonne

Le travail de production et d'exécution de la Loi est garanti et vérifiable par la comptabilisation exhaustive dans la monnaie de la société vendeuse de son change. Une société vendeuse quelconque est par le change assurée dans la monnaie de la communauté acheteuse de déposants bancaires. Enfin si le marché des changes est posé comme tel, la monnaie de la société politique, distincte du change acheteur et du change vendeur, garantit la communion de Droit. La monnaie d'une société politique est la prime de liquidité de la garantie du patrimoine, des rémunérations, des décisions et des dépenses communes qui font la réalité sociale des biens par les sociétés intermédiaires.

Le remplacement d'une économie financière de la prédation par une économie de la responsabilité des citoyens à l'échelle de l'euro ou à l'échelle de l'Espagne est l'antinomie du rêve spéculatif actuel. Podemos revendique l'indexation de la monnaie sur le prix des biens en travail capitalisable. La capitalisation du travail par les droits du citoyen en lieu et place de la spéculation bancaire libre signifie l'encadrement des marchés de l'assurance, du capital et du crédit par un marché des changes qui soit également un marché du travail. Le marché du capital monétisé par le crédit bancaire en mesure du travail anticipé, est en nécessité logique enfermé dans un système politique d'assurance intrinsèque du travail. Le capital régulé en travail ne peut plus alors sortir de son espace de régulation sans acquitter le prix fiscal du droit. En économie réelle, la libéralité du non-droit paye une prime de change à l'assurance du travail qui garantit la solvabilité de tout emprunteur.

L'économie de la démocratie de Podemos impose de fixer les frontières de la civilisation soit aux limites de la citoyenneté espagnole, soit à celles de la zone euro. Les frontières financières déterminent la base fiscale d'indexation de la monnaie par le Droit. Si les partenaires de l'Espagne en euro acceptent de revenir dans l'économie réelle de la démocratie, ils formeront une communauté humaine diversifiée en mesure d'affronter la menace spéculative impériale du monde libéral. Si la zone euro préfère le régime de la guérilla financière libre, elle contraindra l'Espagne à organiser seule le contrôle fiscal de ses frontières financières. Dans ce cas, le rétablissement de la peseta dans un marché numérique intégral limité à l'Espagne se résoudra par une dévaluation des prix domestiques entre tous les résidents espagnols. La compétitivité solidaire durablement restaurée du travail espagnol induira le retour rapide au plein emploi, donc le retour des capitaux expatriés, la reprise de l'investissement non spéculatif et la hausse des recettes fiscales sur les remboursements privés de dette extérieure.

La sortie de l'euro libéral par un euro régulé seulement en Espagne induirait une forte dévaluation du pouvoir d'achat des déposants espagnols compensée par une forte réévaluation de la rentabilité du travail et du capital. La fausse accumulation de capital financier serait remplacé par un capital réel reconstitué de croissance des revenus en peseta. La révocation de la corruption financière libre des pouvoirs publics et privés réassigne toute la liquidité monétaire à la croissance réelle solvable du bien-être. Non seulement la dette publique sera rapidement remboursée mais le gouvernement de la démocratie espagnole reconstituera une position de change publique créditrice en euro et en dollar qui soit le prix public de régulation du prix du travail espagnol en peseta contre devise étrangère. L'équilibre interne du marché du travail et de la balance des capitaux extérieurs redevient l'objectif de la politique publique par la politique de change. Les Espagnols bénéficieront alors des mêmes avantages actuels que le Royaume Uni, la Pologne, la Tchéquie et la Hongrie demeurant hors de l'euro. Mais la politique de change espagnole aura pour finalité structurelle le bien-être du citoyen au service de ses concitoyens.

Réalité européenne de la démocratie assurable en euro

Si les citoyens de la zone euro se déclarent solidaires des citoyens espagnols, alors l'euro devient la monnaie de la supra-nationalité de la démocratie entre les nations et les régions d'Europe. Le marché des changes en euro devient le marché public du capital de garantie des juridictions confédérale, nationales et régionales de l'économie du travail des citoyens européens. Tous les flux commerciaux et financiers aux frontières de l'euro et entre les souverainetés locales sont alors taxés par le Trésor Public de la Confédération à hauteur du prix de la garantie de toutes les dettes publiques convertibles en euro. L'endettement public est à nouveau strictement limité à l'anticipation des recettes fiscales résultant des lois votées par les parlements. La corruption financière interdite à l'échelle de la zone euro engendre la fiabilité des bases fiscales et la sûreté du recouvrement fiscal. La dépense publique est strictement calculable à tous les degrés de la souveraineté au prix réel légal des assurances sociales et de l'investissement public garantis par chaque juridiction de la Confédération à la commune.

Comme à l'échelle de l'Espagne, le rétablissement financier de la démocratie détermine la solvabilité des sociétés européennes en plein emploi du travail offert par les citoyens. La définition financière de toute société comme assureur de la rentabilité économique des offres de travail de ses membres implique que la parité de change d'une quelconque société en euro varie selon la compétitivité universelle du travail. Quelle qu'en soit la raison, défaut de la Loi, défaut d'organisation, défaut d'éducation ou erreur de gouvernement, une perte de compétitivité du travail dans une société est compensée par la dévaluation du change. Le prix dévalué en euro du capital généré par une société est rationnellement compensé par une rentabilité collective accrue du travail, donc par l'employabilité supérieure du travail domestique, donc par l'augmentation collective des revenus futurs, donc par la restauration de la capacité sociale et individuelle d'emprunt interne et externe de la réalité des biens économiques.

Inversement la réévaluation d'une unité de compte en euro sur le marché des changes confédéral accroît le pouvoir assurantiel des différentes sociétés identifiées au bénéfice de la citoyenneté européenne. Quand le plein emploi en variabilité des changes en euro provoque des excédents budgétaires, les gouvernements dont l'efficacité économique se trouve confirmée et certifiée, ont objectivement intérêt à exporter le capital de liquidité excédentaire comptabilisé dans les réserves de change en euro. La fermeture de la zone euro au non-droit libertarien oblige toutes les entreprises en rentabilité excédentaire de leur capital de travail à exporter leur savoir-faire en lieu et place de la représentation spéculative indéfinie du pouvoir virtuel de faire. Le contrôle politique de l'économie du capital fait circuler la réalité des biens et non leur irréalité spéculative. La condition de la croissance réelle de l'économie des biens appréciés en euro redevient le plein emploi du travail des citoyens.

Institution de la justice du vivre ensemble par la Confédération de l'euro

La faillite actuelle du gouvernement de l'Espagne est celle de tous les gouvernements de la zone euro. Elle a son origine dans la monétisation de la spéculation non réductible par la réalité objective universellement lisible. La dérégulation du système financier suscité après la décision étatsunienne d'inconvertibilité du dollar en or a détruit la perception de la possibilité du lien rationnel des monnaies à la réalité juridique et politique du travail. L'intelligence des dirigeants politiques et économiques est ontologiquement déconnectée de la réalité par la monnaie qui masque le travail au lieu de le traduire. Le calcul économique a perdu toute consistance dans la démonétisation pseudo-libérale des sociétés. La dématérialisation des biens déguisée en idéologie du libre échange immerge l'humain dans sa négation financière. Le discours politique est contraint au délire rhétorique pour capter la crédibilité de son action auprès d'une finance affolée par destruction de tout repère réel objectif. Podemos propose de rétablir la raison monétaire de la démocratie comme condition d'une économie véritable de l'humain.

L'inévitable retour à la réalité repose sur la conscience que les peuples acquièrent d'eux-mêmes dans l'expérience économiquement interprétable du vivre ensemble. Les concepteurs de la zone euro privés d'expérience réelle de la démocratie par le contexte de la spéculation financière libre en “euro-dollar” ont fabriqué une machine infernale. Cette machine entièrement numérique est reprogrammable par la substitution de l'objectif de financement de la démocratie à celui de la recapitalisation illimitée de la spéculation financière. L'émission de la liquidité bancaire doit dépendre d'un marché européen de titrisation du travail. La BCE, pilote de la monnaie, doit être réintégrée dans les institutions confédérales de la démocratie : un pouvoir communautaire de l'euro indépendant des États nationaux, régionaux et communaux et séparé en lui-même dans les trois ordres du judiciaire, du législatif et de l'exécutif. L'émission de la liquidité fait partie de l'ordre judiciaire. La liquidité centrale interprète la loi commune dans l'économie des cas particuliers de l'intérêt général.

La déréalisation monétaire du vivre ensemble cessera immédiatement le jour où la zone euro sera fermée au capital exogène fictionnel ; et le jour où les allocations de liquidité de la BCE seront subordonnées à la production par les banques de la contrevaleur marchande publique de titres de travail émis par les entreprises légalement déposées. La BCE devient alors le comptable objectif de l'économie européenne des citoyens financièrement rassemblées en sociétés capitalisées. La stabilité du crédit et des dettes publiques fédérées en euro est assurée par le capital confédéral de fiscalité financière voté dans un budget propre à la démocratie de l'euro. La mission propre et spécifique de l’État confédéral de l'euro est l'assurance de la démocratie par la liquidité des titres du travail. Le pouvoir exécutif européen inconsistant dans la machinerie actuelle de l'Union doit émaner des citoyens et non des gouvernements et intérêts nationaux. La monnaie indexée par le travail des citoyens délimite matériellement l'objectivité de tous les sujets de responsabilité et de fabrication commune des biens réels.

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Pierre Sarton du Jonchay
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Le Blog de Paul Jorion

 

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