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21 octobre 2019 1 21 /10 /octobre /2019 09:02

Publié sur le Blog de Paul Jorion le 24 juin 2014

Quand Stéphane Feunteum affirme que la monnaie est déjà indexée sur l’énergie, il a subjectivement raison mais objectivement tort. La nature et la réalité de la monnaie n’appartiennent pas au domaine de la physique. Subjectivement raison puisqu’il est logiquement visible que la masse monétaire en circulation varie avec la production et la consommation d’énergie. Objectivement tort puisque l’indexation de la monnaie sur l’énergie ou sur la biomasse n’est pas réellement exacte ni efficiente. Si cette indexation est rationnellement et scientifiquement plausible, elle n’est pas en l’occurrence satisfaisante pour tout le monde !

Convenons que notre système économique est en défaut parce qu’il détruit plus qu’il ne produit pour une majorité d’individus humains sur la terre. L’augmentation quantitative de la population nourrie et en bonne santé relative ne compense pas la dégénérescence du lien social. La concurrence « libre et non faussée » à l’accaparement privé du bien commun provoque une conflictualité sur le droit-même à vivre ensemble sur une seule et même planète.

L'humain en dénégation de lui-même

Nous, l’espèce humaine, avons un problème de subjectivité dans la prise en compte adéquate des réalités naturelles dont nous faisons partie et dont nous sommes les acteurs. Nous ne pouvons pas nier qu’il existe une nature objective indépendante de ce que nous voulons ou pouvons en comprendre. Nous ne pouvons pas nier non plus que nous avons une capacité subjective de choix et de décision à l’intérieur de la nature objective. Nous ne pouvons pas nier enfin que notre responsabilité humaine à nous imprimer dans la nature soit à la fois individuelle et collective, singulière et générale.

Nous ne pouvons pas nier notre nature mais le faisons quand même dans la phase critique du devenir humain que nous vivons. Nous consommons plus vite le milieu naturel que nous ne le régénérons. Nous professons des théories fumeuses pour nous persuader que nos problèmes se résolvent par eux-mêmes sans que nous ayons à vouloir quelque chose. Et nous transformons nos structures comme si nous n’étions pas le sujet et les sujets de notre humanité. Nous avons un problème avec notre subjectivité qui ne s’accepte pas en tant que telle et qui refuse de s’ordonner à la liberté d’être ce que nous désirons individuellement et collectivement.

Posons la monnaie comme l’outil de la liberté individuelle et collective de notre responsabilité dans la nature. La monnaie est un système d’indexation des réalités objectives naturelles par notre réalité subjective artificielle. Il y a monnaie dès que nous nommons des réalités objectives échangeables et que nous les ordonnons selon leur prix, c’est à dire selon la priorité que nous leur donnons dans notre travail de classification des objets de nos désirs. Par travail, il faut entendre classiquement la dépense physique d’énergie mais aussi l’information du réel.

Le réel est notre mode de représentation de la réalité. Le problème de notre nature subjective est que la nature brute ne nous intéresse pas. Notre humanité nous oblige à transformer la réalité pour qu’elle convienne à notre subjectivité individuelle et collective. Notre prise en compte des réalités naturelles par la monnaie est actuellement inadéquate car nous ne conservons pas la terre telle que notre subjectivité la désire. Car la concurrence monétaire des désirs individuels ne produit plus de désirs collectifs compatibles avec le bien commun objectif et subjectif. Car une minorité d’humains s’est arrogée le monopole de l’émission monétaire et de l’équilibre général des prix.

Consciemment ou non, volontairement ou pas, la minorité réduit la majorité à l’esclavage de ses intérêts privés exclusifs. L’économisme totalitaire des élites libérales consiste à répéter que la subjectivité ne peut être que la conceptualisation d’un rapport de force physique dont la seule résolution possible est le triomphe mécanique de la position rhétorique la plus forte.

La monnaie qui outille la démocratie

Si la monnaie est un outil de calcul économique, il est tout à fait logique et raisonnable d’en indexer objectivement l’émission sur la mesure de la biomasse et de la ressource énergétique. Mais la proposition ne dit rien de l’objectivité des définitions et des mesures de ces grandeurs utiles à ce que nous désirons.

L’oligarchie politico-financière est déjà constituée des plus grands experts en théorisation et mesure de tous les objets qui font la réalité. Et le choix oligarchique est justement de faire la réalité indiscutable et insaisissable au bien délibérablement commun de la démocratie. Le problème de l’objectivité de la monnaie et des prix est que le bien n’est pas seulement une question de réalité mais aussi de vérité.

Pour qu’une réalité soit objectivement économique, il faut un investissement de la subjectivité où tout individu se trouve représenté dans un bien commun qui est à la fois naturel et conforme à tous les degrés de la subjectivité des citoyens. Le démantèlement libéral de la civilisation est dans l’inadéquation systémique de l’objectivité économique à la subjectivité naturelle. Le système émet de la monnaie comme mesure de la richesse sans solliciter l’accord de la démocratie, sans objectiver l’application des lois politiques de règlement des échanges et sans intégrer le prix de la nature dans le travail de production.

Réintégrer la monnaie dans les lois de la nature implique de remettre la subjectivité au service de la nature objective, et de subordonner l’objectivité économique à la subjectivité de la démocratie. L’objectivité n’est pas une expertise de quelques individus mais une expérience collective. Les prêtres de la religion féroce du capital auto-référencé sont enfermés dans leur subjectivité et par conséquent déconnectés de toute réalité. Tout scientifique sérieux de n’importe quelle réalité sait que son expertise est sans objet hors de la communauté d’étude par laquelle il travaille. Pour qu’une communauté scientifique existe, elle doit singulariser son objet dans la réalité la plus générale qui soit de l’humanité, c’est à dire de la démocratie.

Une indexation de la masse monétaire sur la biomasse ou sur les réserves énergétiques renouvelables effectivement connues implique nécessairement une expertise bancaire. Laquelle ne doit plus se définir par rapport à elle-même mais par rapport à la réalité démocratique des communautés humaines effectivement constituées et distinguées par des frontières logiques. Une frontière logique de la réalité objective est justement franchissable par la monnaie à la condition de la souveraineté ; c’est à dire à la condition de la responsabilité subjective d’une communauté humaine objective sur son domaine de réalité.

Compenser la réalité objective en monnaie

Le problème scientifique de l’indexation de la monnaie sur la réalité n’est pas soluble hors du problème de la responsabilité politique dans la démocratie. Le libéralisme monétaire a purement et simplement supprimé la responsabilité politique en détachant les banques de la souveraineté. Comme la pseudo-science économique qui ignore la question de la subjectivité, le discours politique n’a plus d’objet dans la réalité à cause de la monnaie gérée dans la pure subjectivité des marchés financiers. La réalité politico-financière est purement virtuelle parce que détachée de toute objectivité discutable par la démocratie.

La restauration d’une objectivité de la réalité implique la refondation de la monnaie dans des communautés politiques objectivement identifiables par la réalité monétaire. Pour échanger des objets par des prix réels, il faut impérativement en rationalité objective rendre les communautés humaines, qui produisent la réalité des objets, interchangeables en monnaie.

On en revient toujours à la chambre de compensation multi-monnaies de Keynes où chaque communauté humaine d’intérêts est un État représenté par sa monnaie propre. Où chaque conversion d’une monnaie dans une autre induit le versement d’une prime de change à la communauté humaine constituée qui produit le plus de réalité objective bénéfique à l’humain et à l’humanité. Et où la variation des parités de change est l’équilibre objectif des contributions subjectives au bien commun de l’humanité.

Dans le schéma keynésien, il n’est aucune difficulté à matérialiser par une monnaie spécifique un État international de la biosphère. La finalité d’un tel État n’est pas l’application d’une loi politique générale mais la production de la mesure scientifique des ressources naturelles effectivement disponibles par la mise en œuvre des normes et techniques proposées par les citoyens de l’anthropocène. Emprunter cette monnaie dans la compensation keynésienne revient à acheter le travail de la communauté scientifique solidairement constituée ; prêter cette monnaie consiste à travailler effectivement aux objectifs de cette communauté scientifique dont les prix sont convertibles en n’importe quel autre objectif d’humanité par le marché des changes.

La création d’un marché des changes keynésien de convertibilité monétaire des objectifs humains de civilisation consiste à faire fonctionner les chambres financières actuelles de compensation avec des monnaies inconvertibles en non-droit ou en non-loi. C’est à dire inconvertibles dans les monnaies actuelles sauf à ce que ces monnaies soient effectivement réintégrées dans le système politique de la démocratie. Il faut que les monnaies irréelles soient convertibles en monnaies réelles moyennant le versement obligatoire à travers la prime de change d’une taxe de virtualité humainement bénéfique. La taxe automatiquement prélevée par le marché des changes serait versée par les acheteurs de bien-être objectif aux Etats de souveraineté qui en produisent le travail, les normes et les techniques.

La réalité objective convertible en réalité subjective

Le marché des changes est alors un marché de citoyenneté régulé par une chambre centrale de compensation où la monnaie est la personne physique elle-même qui s’engage dans des communautés politiques de connaissance de la réalité. Ce que le libéralisme empirico-matérialiste nous a fait oublier depuis les Lumières, c’est que la monnaie fondamentale de règlement de l’humain, c’est la personne du citoyen économiquement engagé dans une société de connaissance partageable du réel. Pour être solvable, c’est à dire constituer soi-même la solution à un problème du futur, et pour être liquide, c’est à dire contribuer actuellement à la résolution des problèmes humains, il faut et il suffit d’avoir une nationalité. Il faut adhérer à une société de responsabilité politique où l’on engage son travail personnel d’information humaine de la réalité.

N’importe quelle nation démocratique s’il en existe encore peut émettre une monnaie de citoyenneté par la technologie du réseau social numérique. Le numérique associé à une reconnaissance physique des corps par un service public d’État civil suffit à relier sans falsification possible les signes monétaires aux citoyens qui les engagent. Dès lors une chaine logique ininterrompue peut être construite en monnaie numérique entre n’importe quelle réalité objectivement mesurée et toutes les personnes informant moralement et physiquement les objets d’économie qui les engagent.

L’algorithmique de compensation de la réalité objective par la subjectivité politique engagée est de nature complexe : composée d’une causalité multiple entre le subjectif et l’objectif. Le calcul informatique sur les données numérisées de représentation subjective de la réalité permet un traitement économique d’un éventail virtuellement infini d’objets qui soient la cause des prix. Pour que la monétisation numérique du réel puisse effectivement produire de la réalité économique bénéficiaire, il va falloir que des communautés humaines se constituent dans les interstices des entreprises et des États ploutocratiques actuels ; lesquels sont construits sur le mythe libéral de l’infaillibilité monétaire mécanique.

Dès que la monnaie numérique compensée aura reconquis une aire de souveraineté suffisante, la kleptocratie reviendra dans les limites de l’humanité allergique au droit subjectif de la justice et de la responsabilité réelle.

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4 décembre 2018 2 04 /12 /décembre /2018 09:24

Ce résumé des principes de la démocratie directe est encore trop déterminé par le contexte ultra-libéral où nous vivons depuis maintenant plus d'une génération. La référence aux états communautaires locaux du Moyen-Age est efficace à condition d'être pensée et analysée jusque dans sa réalité économique, marchande, monétaire et fiscale concrète.

La religion piétiste de l'individu libre

Notre système libéral d'économie politique est le pur produit de la sociologie protestante élaborée à partir de Luther et Calvin. Seule la foi détermine la valeur des actes humains ; la foi n'est pas désirée et élaborée par une volonté individuelle ou collective responsable mais reçue du Ciel ; la foi est reçue et interprétée individuellement indépendamment de la collectivité, de l'universalité ou d'un quelconque corps social ; la délibération communautaire est superfétatoire car la transcendance a déjà déterminé une dissociation entre une minorité d'élus et une majorité de damnés. Historiquement, les principautés et républiques protestantes ne sont pas fondées sur un projet d'égalité de nature et de condition entre tous leurs ressortissants.

L'individualisme libéral ne pense ni ne voit la réalité d'un corps social instaurant une solidarité d'existence entre un peuple et des élites. Il n'y a pas de communion des saints impliquant des œuvres dont le prix dépende de la réalisation universelle du salut. La monnaie qui quantifie les prix est émise indépendamment d'une loi commune obligeant autant et également les riches et les pauvres. Les prix sont calculables exclusivement par rapports à des intérêts individuels. Il n'y a pas besoin d'incarnation de l'intérêt général à un bien commun universellement bénéfique. Dans l'espace du marché, seuls les individus forts et les rapports de force matérielle déterminent l'équilibre des prix.

Si l'intérêt général à l'universalité des biens n'est pas incarné au cœur de la négociation des règlements de marché, seuls les forts et les riches obtiennent satisfaction de la confrontation "libre" de leurs offres et demandes dans l'espace public. Si les représentants de l'intérêt général ne sont pas économiquement désintéressés par des ressources fiscales non négociables dans les transactions entre individus, alors l'intérêt particulier corrompt la représentation de l'intérêt général. Si les représentants de l'intérêt général ne sont pas formés et élus par un vote indépendant et distinct du flux monétaire matériel, alors les œuvres d'intérêt général sont absorbées par la comptabilité fiduciaire des dettes et créances entre individus conjoncturellement forts et puissants.

Rendre la réalité objectivement analysable entre ses sujets

La démocratie directe n'est effectivement possible qu'en rupture pratique avec les irréalités financiaristes de l'individualisme libéral. La démocratie est le pouvoir du peuple par le peuple pour le peuple. Mais le pouvoir n'a pas de réalité effective sans la séparation de son objet et de son sujet. Le sujet de la démocratie est le bien être de tous les citoyens. L'objet de la démocratie est la transformation de toutes les réalités propres à chaque citoyen dans sa singularité et propres à chacun des corps intermédiaires auxquels le citoyen participe pour s'intégrer dans l’œuvre commune d'un monde partageable.

L'irréalisme de l'individualisme libéral est de croire au prix d'objets absolus ou au crédit de sujets absolus. Le libéral professe que des objets ont un prix sans être effectivement engagés et produits par des sujets ; que certains sujets ont du crédit par le seul fait qu'ils affirment des prix sans avoir à livrer dans le temps et dans l'espace les objets véridiques correspondants. La réalité des biens objectifs par les prix subjectifs est rétablie à quatre conditions : que le marché soit garanti par un corps social délimité identifiable ; que le marché soit régulé par une autorité politique incarnée indépendante des intérêts privés ; que l'information de marché soit équitable sur les choses et sur les prix entre tout individu ; que l'existence de chaque citoyen sur le marché soit assurée sans condition par le corps social.

Aristote et Keynes ont montré que l'outil monétaire a potentiellement pour fonction de rendre identifiable, calculable et réglable par les prix les objets échangés comme biens dans la loi commune des membres d'un corps social. L'utilité monétaire superpose quatre plans de relation : l'existence du citoyen par les corps sociaux qui instaurent son travail ; la solidarité des citoyens par des objets appréciés en commun ; la collaboration des citoyens à la satisfaction de tous les besoins humains individuels et collectifs ; la liberté des citoyens à choisir les corps intermédiaires par lesquels ils contribuent à leur propre mesure aux biens communs.

Réinstituer la monnaie dans la démocratie des libertés

La monnaie est utile et efficace en attribuant à chaque référentiel étatique et social son unité de compte propre ; en interdisant l'engagement d'un prix sans la responsabilité des transacteurs par le corps social qui le garantit ; en instaurant la convertibilité des prix d'un marché à l'autre par la mutualisation fiscale des risques de change ; en finançant la régulation équitable du marché exclusivement par la ressource fiscale. Pour qu'il soit impossible de contourner une loi domestique par des signes monétaires détachés de ses propriétaires et garants offreurs ou demandeurs, il faut et il suffit que les paiements soient dématérialisés sous le contrôle exclusif du pouvoir judiciaire parfaitement séparé et distinct du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif.

La monnaie dématérialisée et fiscalisée par le pouvoir judiciaire rend les biens réels qui en sont la contrepartie inaccessible aux individus qui refusent de se soumettre à l'ensemble des règles et règlements qui en sont la condition du prix. De la même façon, tous les citoyens désireux de se mettre sous la protection d'un corps social le font en réglant leurs transactions par la monnaie propre à ce corps. La convertibilité des prix entre deux états réciproquement garantis par leur monnaie propre se fait par les personnes physiques engageant leur crédit dans les deux zones monétaires à la fois.

A partir de la différenciation monétaire de l'objet dans le sujet, et de la différentiation des sujets distincts dans un sujet commun, il devient également possible de différencier le calcul du crédit aux personnes du calcul du prix des choses. La garantie des droits de la personne se fait par une unité monétaire distincte et convertible en monnaie de propriété des choses. L'élection d'un représentant du corps social se règle par la monnaie qui attribue une et une seule voix à chaque personne physique. La liquidation de la fiscalité qui mesure le crédit d'un représentant élu se règle par une monnaie d'indexation du capital, du travail ou de la consommation.

Le bulletin de vote est une monnaie

La dématérialisation de la monnaie et la cambiarité des unités de compte dans une chambre de compensation et de règlement unique met en œuvre des mandats électoraux impératifs tout autant que des délégations dont les citoyens peuvent modifier les contours à tout instant. La délibération et l’exécution des décisions se règle par autant d'unités monétaires distinctes qu'il y a de référentiels de valeur nécessaires à la factorisation des prix et à la couverture de tous les risques politiques, juridiques et matériels par le travail personnel de description, d'intelligence et de fabrication.

La resocialisation de l'économie humaine n'est nullement dépendante d'un mouvement général uniforme et miraculeux d'une multitude d'individus. La variabilité des changes et des prix dans une chambre de compensation unique garantie par l’État de droit commun aux citoyens agissant par des corps intermédiaires peut intervenir à l'échelle d'une communauté locale comme des états actuels, de l'Union Européenne ou du monde entier. Les seules conditions pratiques sont la volonté de vivre ensemble par des biens communs et l'informatisation complète de la compensation keynésienne qui rende les transactions fluides et scalables quelle que soit le nombre d'acteurs engagés.

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3 décembre 2018 1 03 /12 /décembre /2018 18:58
Une communauté d'intérêts personnels

1) les salariés, le chef d'entreprise, les actionnaires, les créanciers, les fournisseurs, les clients sont des personnes porteuses d'une même dignité humaine à exister en relation d'échange avec les autres.

2) L'entreprise, la société propriétaire du capital, la société civile, les syndicats salariés et professionnels, les sociétés clientes et fournisseurs, l’État et les collectivités locales sont des personnes morales représentant différents intérêts solidaires engagés dans l'activité de l'entreprise.

3) L'objet de l'entreprise est la production de biens et services au bénéfice de ses clients dans le respect de tous les droits des personnes physiques impliquées et intéressées à l'activité de production et de vente.

4) Sous la loi juridique et la morale, l'entreprise est régie par la loi économique qui implique que le prix de tout ce qui est vendu par l'entreprise soit dans la durée supérieur au prix de toutes les ressources consommées : le travail rémunéré en salaires, les intrants, le capital et les primes d'assurance.

5) Toutes les personnes impliquées dans les productions et ventes de l'entreprise sont intéressées à la durabilité de l'activité réalisée par un prix moyen de la valeur ajoutée produite toujours égal ou supérieur à l'ensemble des charges et des nouveaux investissements.

La rentabilité universelle partageable d'entreprise

6) Tous les bénéficiaires de revenus de travail, de capital et de consommation entrepreneuriale de ressources collectives attendent de l'entreprise qu'elle respecte leurs droits juridiques et moraux à s'épanouir par les revenus monétaires de leur travail qui rémunèrent le temps dépensé et les biens propres immobilisés dans les actes de production.

7) A l'échelle des personnes physiques, trois catégories temporelles d'intérêt sont investis : le travail qui produit actuellement, le travail accumulé du passé immobilisé en capital réel, le travail à venir qui apportera les revenus attendus par les salariés, les apporteurs de capital et les créanciers de l'entreprise.

8) Le rôle du chef d'entreprise est de coordonner, de combiner et de défendre toutes les catégories d'intérêt investi dans la production, la vente et le développement humainement bénéfique des activités.

9) Derrière le maintien d'un fonds de roulement en trésorerie toujours positif, le défi du chef d'entreprise est de négocier une rémunération de chaque type d'intérêt qui motive chaque porteur d'intérêt à donner au travail collectif la contribution qui rende le meilleur rapport qualité-prix à la production finale.

10) La négociation la plus subtile et engageante est celle qui intervient entre le chef d'entreprise et les salariés qui assument chacun une fonction spécifique dans une combinaison complexe d'objectifs et de contraintes intermédiaires.

Subsidiarité des différents apports en capital

11) La négociation des tâches, objectifs et responsabilités assignés à chacun implique une symétrie des rôles, une équivalence des droits, une hiérarchie des responsabilités et une complémentarité des savoirs.

12) L'efficacité de la collaboration entre le chef d’entreprise et les salariés est régie par le principe de subsidiarité qui pose à la fois l'égalité de dignité, la communauté d'objectif, la différenciation des tâches, la liberté d'action dans son domaine de compétence et la responsabilité de chacun par rapport à ses clients et fournisseurs internes.

13) La subsidiarité revient à poser sur le plan managérial que chaque personne représente une participation au capital de l'entreprise par les talents, les ressources et le temps qu'il y investit.

14) La subsidiarité posée comme mise en commun des capitaux personnels signifie que l'entreprise produise une valeur différenciable qualitativement et quantitativement selon la nature et le rendement du capital effectivement investi.

15) La rémunération prioritaire du capital de savoir-faire individuel mise à disposition dans la durée de l'entreprise est le salaire.

16) La rémunération du capital juridique, écosystémique et marchand sont les impôts, taxes et charges sociales.

17) La rémunération du capital physique emprunté est le loyer.

18) La rémunération du capital financier d'assurance de la solvabilité de l'entreprise est le dividende.

19) L'équilibre économique et moral des contributions de chaque personne à l'entreprise implique pour chaque personne la mesure de la composition du capital effectivement investi et la négociation du prix de chaque tâche, compétence, actif physique et performance.

Décomposition de la valeur ajoutée par les options de prix

20) La rémunération différentiable des composantes d'un capital personnel s'appelle une prime ; un salaire est une prime de travail ; une prime au sens courant du terme est en réalité économique une attribution de dividende sur l'accroissement de capital financier induit par son bénéficiaire actionnaire, dirigeant ou salarié.

21) La rémunération différentiable des contributions personnelles à la plus-value d'entreprise repose sur un marché financier interne de négociation du prix de chaque unité d’œuvre livrée à la communauté.

22) Un marché financier interne à l'entreprise signifie une représentation commune lisible et compréhensible à tous, des objectifs, règles, contraintes et tâches assumés par chacun quels que soient son poste et sa fonction.

23) La négociabilité pour chaque poste de travail du prix, de la nature et des conditions de chaque unité d’œuvre entre client et fournisseur internes implique un système d'information central et une culture de la confiance responsable entre tous les rôles et fonctions.

24) La culture de la confiance entrepreneuriale implique une connaissance partageable de l'objet social de production et une chaine continue de décomposition de l'objectif d'entreprise en tâches et objectifs subsidiaires.

Principes de régulation entrepreneuriale des prix

25) L'efficience communautaire et solidaire d'entreprise est incompatible avec une inégalité de fait ou de droit entre les actionnaires financiers et les actionnaires par le travail.

26) Le système d'information comptable doit interdire la distribution de dividendes fictifs issus d'un rapport de force déséquilibré entre les salariés et les apporteurs de capital financier.

27) La fonction primordiale du chef d'entreprise est la régulation des rapports d'échange entre tous les rôles afin d'obtenir une évaluation concertée et moralement équilibrée de chaque unité d’œuvre contribuant au chiffre d'affaire et à la plus-value commune.

28) La fonction externe du chef d'entreprise est la représentation du corps commun d'entreprise face aux collectivités publiques et syndicales qui fournissent l'assurance systémique de la personne morale et l'assurance sociale et juridique des personnes physiques investies par leur travail.

29) Le chef d'entreprise est fonctionnellement propriétaire de la prime du capital financier de l'entreprise qu'il dirige : il n'y a que lui qui puisse être arbitre de la répartition de la plus-value entre le capital financier et le capital de travail.

30) A l'échelle du système économique la possibilité de titriser du capital et du crédit d'entreprise indépendamment des personnes physiques qui dirigent et produisent effectivement la valeur ajoutée revient à déconnecter les prix en monnaie des besoins et du travail effectivement humains.

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25 juillet 2018 3 25 /07 /juillet /2018 10:08

La monnaie est toujours le recto du verso commercial. La question sous-jacente aux équilibres monétaires et commerciaux internationaux est la finalité des échanges et de la production. Le motif de la production et de la vente est-il l'accumulation de créances sur des acheteurs afin de les dominer, de les posséder ou de les exclure ? Ou bien le motif du calcul économique est-il le meilleur bien-être possible à long terme, pour l'acheteur quel qu'il soit, comme pour le vendeur du réel effectivement produit ?

Pour la république impériale des États-Unis, la question se pose plus subtilement. L'hégémonie du dollar élimine de fait la finalité des échanges dans le bien-être universel à long terme. Le souci des États-Unis est de prolonger le plus longtemps possible la fiction d'un dollar aussi valeureux qu'un bien réel. Le capitalisme étasunien ne cherche pas à posséder le monde par l'accumulation de créances réelles sur l'étranger mais par des créances virtuelles des étrangers sur les États-Unis que sont les dépôts en dollar détenus par les étrangers.

Un dépôt étranger en dollar est une créance virtuelle parce que les États-Unis ne peuvent pas la rembourser par un bien réel qu'ils sachent produire, mais par une perte ou une non-valeur qu'ils s'abstiendront d'infliger à leur créancier s'il s'engage à ne pas demander de contrepartie réelle étasunienne aux dollars qu'il détient. La présence mondiale des militaires et espions étasuniens, l'hégémonie du droit anglo-saxon et l'interdiction technologique de la souveraineté informationnelle et financière vise à interdire la monétisation, donc la valorisation par l'échange de tout bien qui ne soit pas produit et contrôlé par l'oligarchie du dollar.

La finalité du système libéral étasunien mondialisé par le dollar est de rendre impensable la production d'un bien universel partageable et négociable qui oblige l'oligarchie mondiale à rembourser ses dettes réelles aux peuples et aux citoyens. La guerre des monnaies est un état de guerre économique intentionnel : elle rend la paix et la justice économiquement impensables afin que les créances virtuelles de tous ne viennent pas réduire la toute-puissance irréelle de quelques-uns.

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29 mai 2018 2 29 /05 /mai /2018 10:05

Le platonisme libéral fait semblant d'ignorer la distinction entre la personne et les idées qu'elle défend. Ainsi fait-on disparaître toute la souplesse ontologique que les relations entre personnes apportent à la mise en oeuvre des idées dans la réalité des sociétés politiques. La proposition de Savona d'instituer une monnaie de solidarité italienne à l'intérieur du nominalisme ordo-libéral de l'euro aurait détruit les droits d'usure du capital en euro sur le travail et l'existence des peuples et des personnes dans la zone euro. Le droit libéral s'applique dans sa littéralité abstraite afin que le bien commun des personnes, c'est à dire des citoyens, n'engendre de bénéfices que nominaux pour les seuls titulaires de droits privés de propriété ou de créance.

Un exemple de cette allergie extrême-centriste à la démocratie est le mot "populiste". Le concept lié à la notion de peuple se substitue à la réalité politiquement pensable du peuple afin de vider la délibération politique de toute capacité à transformer la réalité par la vérité d'une démocratie efficiente.

C'est la monstration totalitaire de l'absurde entre un modèle idéologique de lecture politique et une réalité économique qui n'a plus aucun rapport intelligible avec les discours qui prétendent la diriger. La démonstration du nihilisme ordolibéral est effectivement faite par une communication politique de la démocratie procédurale que le système monétaire déconnecte structurellement de toute réalité sociale, populaire et relationnelle concrète. La décorrélation est une nécessité cardinale de l'efficience des modèles financiers de "couverture" du risque dans le système mondialisé de la monnaie libérale neutre.

Techniquement, Mattarella constate qu'une politique de la République au service du peuple italien est radicalement incompatible avec le système monétaire multinational de gouvernance des échanges économiques par les prix et par les dettes en euro germanique. Comme il n'y a actuellement pas de politique italienne possible du peuple italien responsable de lui-même par la monnaie de son propre État de droit, Mattarella met la République italienne en veilleuse jusqu'à ce qu'elle retrouve par une monnaie italienne de la démocratie le pouvoir d'émission et de régulation monétaire sans quoi l'auto-gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple est impensable.

Le robinet du gaz reste grand ouvert dans la chambre à gaz hermétiquement fermée des peuples de l'Eurozone jusqu'à ce que les peuples meurent, se révoltent ou se construisent des chambres de décontamination isolées de la toxicité financière libérale.

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20 mars 2018 2 20 /03 /mars /2018 08:48

Le concept d'état-nation signifie que les peuples librement assemblés peuvent se constituer en personnes morales à égalité de droit et de puissance avec les personnes morales que sont nominalement les entreprises. Or dans le régime actuel du libre échange réglé par la libre circulation du capital au-dessus de la souveraineté des États qui réunissent les peuples, les personnes morales n'existent plus réellement car aucune personne physique inscrite dans un droit garanti par une nationalité identifiable ne répond plus dans sa corporéité du respect effectif des droits des personnes physiques. La perte de l'état de droit s'est accomplie par la dénationalisation des monnaies.

Les rapports de droit ne sont que des rapports de force abstraits entre entités hors sol qui produisent, vendent et négocient les prix des choses en soi. Dans la mondialisation libérale, les droits et les prix ne sont pas réglés par des personnes mais sont réduits à des rapports autocratiques de choses auto-référencées. Si la personnalité morale s'appliquait effectivement aux peuples comme aux entreprises, cela impliquerait que tout peuple puisse se constituer en nation reconnaissable dans un État représenté par des personnes physiques investies soit du pouvoir judiciaire, soit du pouvoir législatif, soit du pouvoir exécutif. L'économie des pouvoirs séparables du prix réel de la valeur ajoutée n'existe pas sans représentation unitaire des États par des monnaies nationales.

La triangulation nationale du pouvoir des peuples est le réceptacle de toute existence économique et politique des personnes physiques par des personnes morales. La rationalité économique des prix est nécessairement un système monétaire comptable de responsabilité des personnes physiques de la valeur humaine sociale effective de tous leurs échanges. Les personnes physiques sont responsables les unes devant les autres de la production effective de plus-value sociale humaine à la condition de la médiation politique économiquement explicite et lisible des personnes morales. Mais il est notoire qu'un tel degré de subtilité existentielle nous reste libéralement inaccessible !

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6 mars 2018 2 06 /03 /mars /2018 10:12

Un commentaire à partir de « Qui étions-nous ? » Le Surmoi remplacé par le Big Data de Paul Jorion.

La personne morale par la personne physique

Pour qu'il y ait "sur-moi" et "sur-nous", il faut la matière du moi et la matière du nous. Il faut donc une différenciation matérielle du moi et du nous qui permette de dire "moi" sans que l'on y voit le masque du "nous" ; qui permette de dire "nous" sans que "vous", "il", "elle", "tu" et "je" soient des particules identiques non séparables et indistinctes dans un "nous" atomique. Pour que le "moi" soit formé par un "surmoi", ou par autre chose, il faut une forme qui donne un sens différent, une substance distincte, à "vous", à "nous", à "il", "elle", "tu" ou "je".

Finalement, la forme "je" opère la distinction entre la matière du "moi" et la matière du "surmoi", en mettant l'origine du moi dans la relation à "tu", à "il" ou à "elle" ; et l'origine du "surmoi" dans une détermination moïque par des "nous" ou des "vous". Peut-être alors que les "parents" sont géniteurs de la matière du moi et de la matière du surmoi par la forme du "tu", de "l'il" de "l'elle", du "nous" et du "vous", qu'"ils" sont pour le "je" du "moi". Les parents, mais alors aussi les sociétés, les institutions, les États, les réseaux, les religions, les traditions, les cultures, les coutumes et la maison terrestre commune ; supposons en pure hypothèse que tout cela existe réellement.

Mais, ces matières, dont les "data" sont les informations, ne m'informent que si mon "moi" est ouvert à d'autres formes que celles qui me forment déjà en tant que mon "moi" et mon "surmoi". Entre la matière dont je suis et la forme de mon existence, il faut la médiation d'un "je", sujet du moi qui ne soit pas juste un objet issu d'autres objets qui n'auraient aucun sujet. D'un "je", qui soit plus qu'un effet de langage ou de logique. D'un "je" formé par autre chose que tous les pronoms personnels et toutes les lois et institutions qui me déterminent et m'instituent distinct des autres individus.

Moi est un autre

Si parler, dire et exprimer en mots sert à quelque chose, il est impossible de se passer de l'hypothèse d'un "je" propre à chaque "moi". Ce "je" aurait la capacité de travailler les effets de matières dont le "moi" aurait l'expérience. Le "je" substantiverait et substantierait les matières éprouvées par le "moi". Le "je" travaillerait la matière pour la trans-former ; le "je" existerait dans le temps pour faire passer la matière d'une forme à l'autre par la vision d'une finalité qu'il désirerait. Mais les fins qui forment la finalité d'un "je" ne seraient pas totalement matérielles puisque le futur que "je" vois contient des indéterminations par rapport à la matière formée au présent.

L'indétermination du futur par le présent n'est pas une hypothèse absurde tant que nous observons rétrospectivement des changements entre le passé et le présent que nous ne pouvons pas intégralement expliquer par des déterminations matérielles formalisées. Concrètement, la quantité que les big data accumulent n'ont aucune exhaustivité quant à la qualité de ce qui est et qui se transforme. L'infini ne résout pas l'indéfini. 7 milliards de "moi" bien rangés dans leur "surmoi" aussi parfait, complet et déterminé deviendrait-il, ne suffisent pas à résoudre l'incertitude des formes par quoi la pluralité humaine saisit son existence et son devenir.

En fait, les big data ignorent parfaitement la matière des "je" qui singularisent indéfiniment les "moi", c'est à dire les personnes. Il y a bien dans les modèles de données qui rangent et classent les data, les formes "nom", "prénom", "patronyme", "domicile", "numéro téléphonique". Mais comment est assuré l'unicité relationnelle entre les formes identifiantes informatisées et le corps individuel vivant de la personne ? Comment les changements qui affectent le corps d'une personne sont-ils consignés pour tenir la bijection entre l'individu corporel temporel et l'individu nominal statique ?

La démocratie personnellement incarnée

A nouveau, chaque personne établie dans l'existence par son corps vivant unique spécifique, fait l'expérience de son indétermination existentielle dès lors que ses liens avec d'autres corps personnels vivant uniques se rompent ou se distendent. La détermination réciproque des "moi" par des "surmoi" plus ou moins cohérents et unifiés est radicalement insuffisante pour porter dans la durée temporelle la personne personnelle identifiée dans une infinité de bases de données réticulaires. Il n'y a que des "je" coordonnés dans des "nous" pour faire passer la puissance existentielle des data, en actes donnés personnels et politiques de la réalité humaine sensible.

Nous touchons ici l'essence de la démocratie sans laquelle "nous" n'existons pas ni comme humains, ni comme personnes, ni même comme individus. Un "demos" est un "nous" formé par l'objet commun d'une pluralité de "je". Les "je" réunissent librement et délibérément leur "moi" et leur "surmoi" pour former un objectif commun qui est leur fin partageable réciproquement offerte et donnée. Offerte dans un prix égal pour tous. Et donnée par une forme nominale intelligible à tous, c'est à dire un capital réel productif qui ne soit pas le capital virtuel spéculatif exclusif dont nous avons pris l'habitude par le régime de la libre circulation du capital en monnaie abstraite.

Le "cratos" est la puissance de transformation créative qui fait passer l'essence de la virtualité à l'acte ; la matière quantifiable sans forme, sans fin et sans effet à la matière qualifiée dans une personne par sa forme, sa fin particulière et son effet universel partageable. La démocratie est le régime d'existence de la réalité par quoi la matière humainement imaginée est formée, effectuée et finalisée par les relations de don et d'échange entre les corps personnels. Les data ne sont pas simplement accumulées pour déformer des consommateurs et le travail virtuel du néant mais systématiquement ordonnées à des personnes incarnées dans un corps physique par des sociétés politiques.

La vraie monnaie indexée sur les "je" qui sont en "nous"

La démocratie que nous avons perdue avec les big data libérales, qui sont non locales parce que non attribuées à des corps, est au contraire le régime de la propriété des données qui appartiennent aux personnes responsables de leur transformation les unes pour les autres. Les data de la démocratie matérialisent exclusivement l'existence des personnes en finalité les unes des autres. Les data de la démocratie sont nécessairement données à des personnes identifiées par un corps physique unique et distinct de tous les autres. La propriété personnelle des data par tous les "je" et les "nous" existant garantit leur valorisation au bénéfice de tous leurs propriétaires qui s'en trouvent effectivement responsables.

Le surmoi remplacé par les big data est un monde dont il faut parler au passé parce qu'il rend dès à présent l'existence humaine impossible. Nous sommes en pleine guerre civile mondiale entre une utopie de contrôle universel par la dématérialisation libre de toute existence donnée et une réalisation délibérative laborieuse de chaque personne par toutes. Au coeur de cette guerre est la monnaie qui est loi de transformation humaine unitaire réciproque de la quantité en qualité.

Soit la monnaie forme le prix par le consentement partagé visible des personnes libres à une même chose livrable à des corps définis et déterminés donc identifiés. Soit la monnaie matérialise une valeur en soi indépendante de tout effet d'information de finalités humaines interpersonnelles. Si l'hypothèse de la neutralité monétaire est vraie, alors les big data sont la toute puissance de ceux qui savent faire de l'argent avec de l'argent. Dans ce cas, la mécanique d'épuration du réel de toutes ces incertitudes, indéfinitions et indéterminations ira jusqu'à son terme logique informatique. Le risque de la corporéité personnelle libre de l'humain sera éradiquée.

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Pierre Sarton du Jonchay
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Le Blog de Paul Jorion

 

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