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13 janvier 2021 3 13 /01 /janvier /2021 10:57

Arnaud Ramponneau et Pierre Sarton du Jonchay

L'argent anticipe la valeur ajoutée transformée du capital

Il n’y a pas de fonctionnement du capitalisme sans que l’argent ne vienne matérialiser  l’anticipation collective de la valeur à produire à partir du capital disponible. L’anticipation de la valeur ajoutée en argent permet de calculer un prix actuel en argent au capital transformable. Le prix actuel du capital transformable s’adosse au prix actuel de la valeur ajoutée qu’il permet de produire. D’où il résulte que les propriétaires du capital évalué en argent deviennent débiteurs de la valeur ajoutée anticipée envers leurs futurs clients ; lesquels sont débiteurs à terme du paiement en argent de la valeur ajoutée qui leur sera livrée par les propriétaires du capital.

Le capitalisme est donc une technique d’adossement quantitatif et temporel du prix de la valeur ajoutée à produire au prix du capital à investir pour opérer la transformation de la valeur actuelle disponible en valeur ajoutée future. Le calcul de mise en équivalence de la valeur ajoutée future promise et due à des clients au capital actuellement investi s’opère par les prix en argent. C’est à dire par une unité de compte qui ait globalement à l’échelle d’un marché, la même valeur pour les propriétaires du capital qui promettent la valeur ajoutée, que pour les clients garants de la monnaie qui l’utiliseront à régler la valeur ajoutée effectivement livrée et reçue.

L'argent doit matérialiser le droit des gens

L'argent-dette du capital contre la valeur ajoutée est donc un outil de transformation par le temps de la valeur du capital en valeur ajoutée ; de la valeur du capital pour ses propriétaires, en valeur réelle pour les acheteurs de la valeur future que sont les citoyens consommateurs. La mise en équivalence de la masse monétaire en circulation avec le prix actualisé de la production en cours dans le capital disponible, est le travail des banques et de l’État. L’État produit les lois et les régulations qui déterminent et délimitent la valeur ajoutée réelle conforme aux droits des gens. Les banques émettent les signes monétaires qui traduisent l’équilibre permanent entre l’offre et la demande de valeur ajoutée capitalisée dans le droit des gens.

Pour que l’équilibre des dettes en nature aux dettes en monnaie soit calculable, il faut un espace commun délimité de superposition de la société garante de la valeur monétaire, à l’État qui la représente et aux banques qui négocient les dettes et la valeur de l’unité de compte. Cet espace a été délimité par les zones monétaires nationales jusqu’à ce que la dérégulation financière de la décennie 1980 supprime les frontières financières ; donc la possibilité de négociation publique transparente des équilibres financiers nationaux par les taux de change entre devises nationales.

Réintégrer l'argent de la finance dans le réel

La dissolution des espaces juridiques, économiques et financiers nationaux a rompu le lien rationnel entre l’espace de calcul des prix en monnaie et l’espace d’échange des biens et services réels ; biens et services réels parce que régis par le droit des gens et le gouvernement public de la transformation du capital en valeur ajoutée. Le pouvoir économique a été détaché de la Loi et de la délibération politique à l’intérieur des sociétés nationales. La politique économique des nations est devenue une pure mécanique pilotée par les acteurs financiers privés mus par leurs intérêts pécuniaires détachés de l’intérêt général et de la justice sociale. L’exercice du pouvoir se réduit à la finance hors sol : celui qui décide de l’ampleur de la dette va faire semblant d’en être le garant sans aucune prise sur l’économie réelle. Dans une économie de la rareté abstraite, l’homme puissance est celui qui contrôle les mécanismes de la dette.

La crise financière mondiale a renforcé le besoin pour les citoyens de se réapproprier l’instrument de mesure du bien public : la monnaie. La monnaie comme ressource commune car elle permet la circulation de la richesse sociale réelle délimitée par la loi commune. La monnaie représente le projet de prospérité des sociétés réelles ; la monétisation des projets de société est la condition du changement de paradigme économique qui remet la finance au service de l’économie des vraies gens. L’euro et le dollar sont des monnaies déconnectées des enjeux socio-environnementaux.

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25 mars 2020 3 25 /03 /mars /2020 11:46
Arnaud Ramponneau (AR) :

Nous avions brièvement échangé par courriel autour de votre projet de monnaie compensatoire. Je me demandais simplement si vous aviez envisagé de le développer sur le réseau Bitcoin ?

Pierre (PSJ) :

Pour être précis, la monnaie compensatoire est totalement matériellement digitale comme le bitcoin. Mais elle ne circulera pas dans le réseau des titulaires de compte bitcoin car elle repose sur un principe d'identification réelle unique et physiquement vérifiable des déposants. L'identification physique est associée à une preuve de travail humain personnel et non à une dépense d'énergie dans une machine de calcul logique.

Le travail humain de certification du crédit en monnaie qui matérialise l'unité de compte est posé non comme un avoir du déposant mais comme une relation de confiance à double sens entre le créancier individuel du dépôt monétaire et le débiteur social des actifs mis en production. Les actifs sont transformés dans les personnes morales au bénéfice des personnes physiques.

La monnaie compensatoire est une monnaie véritable au sens où elle matérialise une valeur par un double flux informationnel : le titre et le prix de la chose nommée dans un sens contre la chose réelle entre un acheteur et un vendeur dans l'autre sens. La monnaie compensatoire digitale adosse la virtualité comptable et financière à la réalité objective des échanges entre des personnes physiques solidaires par les sociétés réelles effectives.

Techniquement, la monnaie compensatoire est un bitcoin en ce qu'elle fonctionne avec un registre virtuel délocalisé de structuration de l'information qui circule entre des déposants identifiés à partir d'un nœud de réseau particulier et spécifié.

AR :

Merci beaucoup pour votre réponse, c’est très intéressant de reprendre notre échange. Je vous posais la question car par sa conception même, Bitcoin est à la fois un protocole monétaire et un protocole de paiement. Il régit l’émission monétaire d’un jeton numérique le bitcoin, mais aussi ses échanges au sein du réseau. Aussi, il démontre chaque jour sa capacité de résilience, par ses évolutions techniques comme Lightning (scalabilité) mais surtout en terme de sécurité puisqu’il n’a jamais été corrompu.

Si ma compréhension est bonne, cette monnaie serait créée par preuve de travail au sens littéral du terme comme du crédit, pour venir équilibrer une autre personne qui serait dans une position de débit social. Mais alors comment définir cette qualité de débit ? Sur quels critères s’appuyer ?

PSJ :

La question de la justification et de la consistance du crédit digital est le point de départ de la possibilité d'une monnaie compensatoire. Concrètement, c'est un problème de cognitivité, de science sociale et de choix moral individuel et collectif. En fait, je retourne aux premières techniques juridiques de matérialisation du crédit entre les personnes physiques à l'intérieur d'une communauté sociale et étatique de valeur : par exemple la cité grecque, l'empire romain ou la principauté médiévale.

La technique juridique que je digitalise est celle de la lettre de crédit et de change. Concrètement, il s'agit d'une parole écrite circulant entre un prêteur de capital et un emprunteur du prix créditeur de ce capital. Le prêteur et l'emprunteur sont deux personnes physiques en rapport de confiance par 3 ordres sociaux de solidarité : une solidarité d'affaire dans la production et la vente d'un certain objet ; une solidarité juridique dans l'appartenance à une même souveraineté étatique ; une solidarité marchande par un même espace de calcul et de livraison de la réalité sous les prix réglés en signe monétaire.

En résumé, la monnaie compensatoire digitale a en plus de la fonction de paiement du bitcoin, la fonction de comptabilité du crédit par la loi ; et la fonction de réserve de valeur par la cambiarité du virtuel en réalité interpersonnelle sensible.

AR :

C’est attentivement lu ! Cette monnaie « médium d’échange » me fait penser à un système de crédit mutuel. Dans le sens où les unités monétaires se créent pour le niveau de transaction donné et où la monnaie est émise par l’échange lui-même (à l’inverse dans le système de monnaie traditionnelle, il faut toujours un niveau de monnaie minimum pour effectuer l’échange avec risque de défaut). Cela s’en rapproche d’après vous ?

PSJ :

Vous avez tout à fait saisi et compris : une mutualisation du crédit et une proportionnalisation exacte de la "création monétaire" à la vérification du crédit par l'échange interpersonnel réel. 😃

AR :

Vraiment captivant ! Cela exigerait de « contrôler » la politique monétaire par une chambre compensatoire (qui peut-être gérée par algorithmie) ?

PSJ :

Exactement ! La chambre de compensation inter-monétaire (donc internationale) a vocation a devenir l'instrument d'une banque centrale multinationale dont les États souverains soient les associés gérants solidaires en tant que personnes morales par un droit financier véritablement international et mondial. La compensation internationale utilisera une unité de compte convertible en dette publique de chaque personne morale étatique identifiée dans la socialité financière mondiale. Et chaque dette publique sera consolidée dans une balance internationale des crédits moyennant la parité de change variable des monnaies nationales localisées.

Dans cette algorithmie marchande et cambiaire, les prélèvements fiscaux sont des souscriptions citoyennes négociables de capital public d'une souveraineté particulière. Les dépenses publiques d'investissement ou de distribution de valeur publique sont les dividendes monétaires de la mutualisation du crédit par les nationalités et transnationalités.

AR :

C’est entendu. Mais puisque chaque personne morale est un État-associé de la banque centrale internationale, cette dernière émettra la monnaie compensatoire en tenant compte de la balance des paiements de chaque État ? Et on serait donc dans un système de change fixe à la manière de l’étalon-or ? J’avoue sécher sur la question des taux de change…

PSJ :

Non pas des changes fixes ; des changes ajustables en temps réel, transaction de crédit par transaction de crédit, sous l'assurance de primes de change qui soient des primes de crédit (CDS) entre zones monétaires érigées en personnes morales étatiques. C'est le système monétaire d'avant l'avènement des "changes flottants" imposés par les États-Unis de Nixon avec l'abandon de la parité en or du dollar le 15 aout 1971 ; mais la monnaie compensatoire n'est pas étalonnée par un poids d'or métal. La matière physique est remplacée par la matière logique : un étalon crédit international dont la parité de change en chaque monnaie étatique est algorithmisée dans la chambre de compensation internationale.

En fait, il s'agit de digitaliser la chambre de compensation proposée par Keynes en 1944. Donc effectivement, de faire un calcul central en temps réel du solde des paiements de chaque monnaie qui soit consolidable  soit par ajustement de la parité nominale sur les paiements futurs, soit par achat ou vente des primes de change-crédit des banques centrales ; dont les personnes morales étatiques sont les associés-gérants ou les créanciers-débiteurs.

AR :

Entendu, je vais creuser davantage de mon côté. C’est bien son plan monétaire international appelé Bancor ?

PSJ :

Oui (le bancor sur le Blog de Paul Jorion).

AR:

Merci pour toutes ces explications. J’espère que les développements du projet avancent bien.

PSJ :

Oui, cela avance bien et les questions que vous me posez me font mesurer le degré de maturation du concept et de maîtrise opérationnelle du projet. Le défi du moment est l'algorithmisation transparente au sens commun du processus de formalisation des chaines de valeur, de calcul des prix et de réalisation des objets livrables contre monnaie.

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4 juillet 2019 4 04 /07 /juillet /2019 14:04

Résumons : l’économie des communs à portée de main

Capitalisation du travail

Posons le capital comme un objet publiquement nommé de propriété des personnes physiques rassemblées en personnes morales. Disons que la propriété est l’utilité que les propriétaires d’un objet lui attribuent par l’usage individuel et collectif qu’ils en ont. L’usage est déterminé dans les finalités que les propriétaires poursuivent par l’objet. Le capital a un prix parce qu’une société de personnes libres reconnaît l’objet sous-jacent comme un bien ; et parce que la société réserve aux propriétaires du bien, l’usage exclusif de la chose matérielle sous le bien. La condition de cette exclusivité est que l’usage des choses sous le capital serve les biens de la communauté instaurant la propriété.

L’existence utile du capital est donc subordonnée aux lois d’une société politique construite sur la solidarité active de personnes individuellement et collectivement responsables. Si l’usage du capital ne répond pas aux critères légaux du bien commun, la société politique ne peut pas logiquement attribuer un prix positif croissant au capital. La société politique organise la subordination réciproque du bien-être des personnes physiques individuelles au bien produit et partagé dans des communautés sociales par la transformation de leur capital.

Travail des biens communs

La transformation sociale du capital en biens est le travail. Le travail informe les objets du capital pour qu’ils répondent à une demande socialement légitime ; pour qu’ils soient matériellement et concrètement disponibles à l’usage du destinataire final ; pour qu’ils ne soient pas destructeurs de biens collectifs ; et pour que le sujet travailleur soit matériellement garanti dans son existence humaine sociale libre et digne. Le capital croît ou décroît dans le temps selon l’efficacité du travail à servir le bien-être individuel et collectif des personnes.

Le capital est dette de bien-être de ses propriétaires à l’égard de la société politique ; le travail est créance de bien-être des personnes qui travaillent sur la société qui institue la propriété des choses. Alors le travail engendre et justifie le crédit par quoi la collectivité anticipe le prix des biens à produire et à servir aux citoyens sans destruction du capital de départ. Un capital est en effet le prix universel commun d’un bien qu’il ne faut pas amputer pour que la réalisation à terme de l’objet ne soit préjudiciable à personne.

La monnaie indexée par les sociétés politiques

Pour calculer, mesurer et vérifier la capacité du travail à réaliser les biens au prix où il les promet par le crédit, il faut une unité de compte fondée sur un prix qui ne doit pas varier au cours d’un cycle de production. La monnaie qui compte, conserve et règle les dettes en bien positif est donc une subdivision d’un capital social. Le prix objectif d’une unité monétaire est nécessairement variable entre des objets sociaux distincts.

Le bien se réglant à l’échelle de la société politique, le prix des biens réels effectifs ne peut se compter qu’en capital politique : le capital gagé sur le travail des agents publics à produire les biens collectifs qui font exister tout objet de prix positif dans la légalité commune. La monnaie qui rembourse exactement les dettes entre personnes physiques solidaires d’une même loi est donc une subdivision du budget national par quoi la fiscalisation des objets de consommation et de propriété finance les dépenses publiques de garantie sociale des biens.

Humaniser l’économie dans les réseaux sociaux

Les biens, le travail, le capital et le crédit sont convertibles à l’intérieur d’une même société politique si la monnaie qui compte les prix est étalonnée selon la masse des crédits accordés au travail et selon la masse des capitaux sociaux assurant les biens des personnes physiques. Une telle monnaie existe virtuellement dans les réseaux sociaux si les identifiants utilisateurs renvoient univoquement à l'identité de personnes physiques ; si les associations de personnes sont enregistrables sous des objets sociaux ; si chaque objet social est quantifiable dans son unité de compte propre ; et si chaque unité peut substantier le prix des offres et demandes personnelles de tout objet dans le réseau.

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6 décembre 2018 4 06 /12 /décembre /2018 10:11

La monarchie française du "coup d'état permanent" inverse en décembre 2018 la direction qu'elle avait prise en 1983 avec le "tournant de la rigueur" et la mise en construction de l'euro. Emmanuel Macron est de fait en sécession de l'oligarchie qui l'a désigné. Bercy va faire la guerre à Macron sous son masque bancaire et bruxellois ; les recettes fiscales vont s'effondrer grâce au verrou fiscal de Bercy et aux cabinets fiscaux internationaux qui vont accélérer l'évasion fiscale dans les paradis off shore installés au cœur de la zone euro.

C'est en décembre 2018 que l'administrateur gérant de la "start up nation" devient dans sa chair et par son corps physique Président de la République Française. Le roi est nu devant son peuple et devant l'oligarchie qui l'a désigné. La guerre froide de l'oligarchie contre le peuple va se livrer maintenant sur le terrain du système monétaire et le Président Macron en sera l'arbitre. Maintenant que l'option ordo-libérale est enterrée, l'alternative est simple : mise en place d'un régime de contrôle fiscal démocratique libéral de la circulation du capital ou mise en faillite rapide de L’État français suivi d'une mise sous tutelle de la BCE-Inspection Générale des Finances comme la Grèce, l'Espagne, le Portugal, l'Irlande, l'Italie...

Une politique écologique est une fiscalisation du capital

Le redressement financier des États ne peut plus se faire par la seule fiscalité sur la consommation. Il ne reste plus que la fiscalité du capital ce qui veut dire pour la zone euro l'adoption d'un ISF européen. Ce qui veut dire la mise en place d'un cadastre financier européen adossé à la politique monétaire de la BCE. Ce qui veut dire la mise en place d'un État fiscal confédéral de l'euro pour voter démocratiquement et appliquer légalement une fiscalité du capital aux frontières et entre les États de la zone euro.

Les États nationaux souverains deviennent alors le lieu de la délibération et de la mise en œuvre des politiques de transition énergétique à proximité des peuples, cultures et milieux naturels spécifiques et différents de l'Union Européenne.

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6 décembre 2018 4 06 /12 /décembre /2018 09:44

Ce n'est pas le principe de la démocratie représentative dans la 5ème République qui est fini, mais l'interprétation qu'en font tous nos présidents depuis Georges Pompidou. Disons que De Gaulle est le seul à avoir respecté l'esprit de notre monarchie républicaine : le monarque n'est légitime qu'à la condition de rallier la majorité absolue des suffrages populaires inscrits et non-inscrits. Le seul fait d'avoir dû lutter contre François Mitterrand au second tour de la première élection au suffrage universel de 1965, avait plongé De Gaulle dans un doute profond sur sa capacité à représenter le peuple français. La seule défaite au référendum de 1969 avait suffi à le faire démissionner alors que son gouvernement avait une majorité royale au Parlement.

Le Président garant de la Loi par les comptes

Le fondement constitutionnel de la 5ème République est la bicéphalie du pouvoir exécutif. Le Premier Ministre et son gouvernement soutenus par la majorité des députés gouvernent. Le Président ne gouverne pas : il préside le Conseil des Ministres et veille à la continuité des institutions démocratiques de l’État. Stricto sensu, le président ne fait pas de politique : son rôle est de choisir, de nommer et de surveiller les principales personnalités politiques qui gouvernent, légifèrent et jugent. Le président incarne l'unité du corps politique français entre le peuple et les élites, lesquelles sont fonctionnellement au service du peuple et de la solidarité nationale par la logique-même du régime républicain.

L'esprit de la 5ème République a été respecté par la force des choses lors des cohabitations où le Président a dû nommer un premier ministre n'entrant pas dans sa vision politique personnelle à cause d'une majorité parlementaire opposée à ses vues. Les cohabitations sous Mitterrand puis Chirac ont bien montré que le pouvoir du Président ne porte que sur le choix des personnes et sur la surveillance de leur honnêteté constitutionnelle et politique. C'est précisément cette fonction présidentielle de surveillance de la probité du personnel politique qui a été abolie de fait par le passage du septennat au quinquennat et par la réduction de l'élection législative à un troisième tour idéologique et technique de l'élection présidentielle.

L'élection d'Emmanuel Macron a été de fait la mise en liquidation constitutionnelle de la 5ème République dévoyée en démocrature. Après la disparition sous le second mandat de Chirac du Premier Ministre comme véritable responsable exécutif de la politique gouvernementale, l'instauration de la présidence jupitérienne en 2017 a été la seule manière de palier la dissolution d'une légitimité gouvernementale qui n'existe que par subordination à des débats parlementaires transparents et à un pouvoir législatif réellement autonome face au pouvoir exécutif. Non seulement Macron applique un programme politique à la place du Premier Ministre mais le Parlement élu comme le Président, par une fraction tout à fait minoritaire du corps national n'a aucune légitimité pour discuter ou contredire ce que décide le Président.

Les comptes monétaires et les comptes électoraux

La République demeure par une légalité constitutionnelle mais les représentants exécutifs, législatifs et judiciaires du peuple souverain ont perdu leur légitimité politique. Depuis la faillite financière et monétaire de 2008, ils ont également perdu leur crédibilité morale et leur liquidité financière. Les citoyens constatent que la politique gouvernementale est contraire à la conception majoritaire de leurs droits et de leurs intérêts économiques. L’État comme personne morale acteur et dépositaire des intérêts et de la cohésion de tous les citoyens n'est plus qu'un syndic de faillite de l'état-nation dont il faut extraire la "start-up nation". Personne n'a plus d'oreilles pour écouter les gilets jaunes sauf le Président qui est devenu la seule personne physique incarnant la réalité efficiente du pouvoir. Les élites entendent et même anticipent la révolution mais il n'existe plus de corps intermédiaires pour établir une cohérence réelle entre les attentes du peuple et les actes de décision politique gouvernementale.

Une autre transformation a vidé le pouvoir politique de sa substance depuis 1983 en France : la libre circulation monétaire du capital adopté par les gouvernements libéraux du Président Mitterrand et de ses successeurs. Les élites françaises ont mis à profit l'échec de la politique socialiste de relance budgétaire de l'économie pour achever l'intégration du marché français dans la globalisation libérale. Pour ne pas avoir à payer par la dévaluation du franc les échecs possibles de la politique économique nationale, le choix a été imposé au peuple français de ne plus financer les dépenses publiques par la seule ressource fiscale nationale mais aussi par la dérégulation financière. La dénationalisation des monnaies permettait un recours à l'endettement étranger sous le seul contrôle des intérêts financiers privés hors de la loi des États et de la souveraineté nationale.

Depuis 1983, les gouvernements français sont libres de promettre n'importe quoi au peuple français sans jamais parler du règlement à terme du prix de leurs programmes. Non seulement les gouvernements français ont pu librement acheté leurs électeurs avec l'augmentation des emprunts à l'étranger qui ne paie pas d'impôts en France ; mais ils sont entrés dans la zone euro qui interdisait de dévaluer les dettes françaises proportionnellement à la probabilité de leur remboursement par les excédents de la balance commerciale des biens et services. Depuis 1983, les Français ont été mis au chômage par l'impossibilité de dévaluer le prix du travail français en fonction des déficits de croissance et de compétitivité du marché français par rapport à ses concurrents internationaux.

L'argent qui compte hors de la Loi

Depuis la dérégulation libérale des années 80, c'est à dire depuis la déconnexion totale entre la politique monétaire française et l'équilibre de ses finances publiques, les Français les plus riches peuvent sans limite ni contrôle public exporter leurs revenus hors de la souveraineté nationale qui les fait travailler. Afin de ne pas payer les impôts et contributions sociales qui font réellement la rentabilité du capital, le capital est financièrement déclaré à l'extérieur de la juridiction domestique. Au-delà d'un certain niveau d'accumulation et de concentration du capital entre les mains oligarchiques, toute la plus-value est délocalisée sans le moindre coût social et réglementaire afin d'être reprêté au gouvernement français sous forme de dette extérieure de l’État français.

Cette irresponsabilité financièrement et fiscalement institutionnalisée de l’État national a dévasté la démocratie représentative. D'une part la fiscalité n'a plus reposé que sur les moins riches et les activités économiques domestiques non délocalisables ; d'autre part l'explosion de la dette publique extérieure et intérieure a rendu le service de la dette extravagant dans les budgets publics. Les bases fiscales domestiques se sont rétrécies par la délocalisation massive du capital industriel ; mais infiniment plus grave : les représentants de la nation sont devenus les représentants des intérêts des créanciers étrangers et des émigrés fiscaux par la force financière des choses comptables.

De fait le Président Macron n'a pas été élu par les citoyens français mais par l'oligarchie financière globalisée. Emmanuel Macron a financé sa campagne avec des fonds absolument invisibles au citoyen, au législateur et au juge français et sa feuille de route politique est impérative : alourdir la fiscalité domestique et réduire les dépenses sociales et investissements publics afin de freiner la croissance comptable de la dette extérieure. En termes techniques : stabiliser la dette publique à 100% du PIB par la taxation de la consommation et la réduction des investissements publics. Si le Président Macron ne remplit pas les objectifs qu'il a vendu aux créanciers de la France représentés par le Système Européen des Banques Centrales et la Commission Européenne, les banques françaises et a fortiori les banques étrangères accroitrons l'évasion fiscale des Français riches afin d'interdire sa réélection voir de le forcer à démissionner.

La monnaie reliée au bien commun par le corps d'un président

Mais la perversité du système libéral de liquidité absolue du capital par dessus la Loi des États peut dans le cas particulier de la 5ème République française déboucher sur une révolution... financière. Au delà de son pouvoir de travailler les rapport de force politique par la révocation des ministres ou la dissolution de l'Assemblée Nationale, le Président Français est un chef d'état constitutionnellement puissant. Garant de l'unité de la nation et de l'ordre républicain, le Président peut par l'article 16 instaurer une dictature provisoire pour restaurer un État de droit menacé par la rue et ou par la fuite des capitaux. La révolte des gilets jaunes a un impact capitalistique international considérable. Si l’État français vacille, les banques françaises maintenues à flot par la garantie sans condition des finances publiques françaises peuvent faire faillite en quelques secondes.

Si les banques françaises font faillite, le marché mondial de la liquidité des banques centrales se gèle instantanément. Le sauvetage coordonné entre banquiers centraux qui avait renfloué les marchés financiers après la faillite de Lehman n'est plus crédible à cause de l'énormité avérée de la dette publique mondiale. Il n'y a donc que le rétablissement des frontières monétaires et la taxation des flux financiers qui permettent de sauver la liquidité du système bancaire mondial.

L'incarnation et le pouvoir du chef de l’État français font de la France la seule puissance planétaire où le démantèlement financier de la démocratie peut se retourner par la dictature du peuple physiquement et nommément représenté par le président. Comme l'armée et la police font partie du peuple depuis 1848, le chef de l’État ne peut sauver l'épargne et le capital des riches qu'en rétablissant la solvabilité de L’État par la taxation de la liquidité monétaire entrante du capital aux frontières de la souveraineté nationale.

En 1958, le Général de Gaulle a sauvé la République en redéfinissant les frontières de la souveraineté nationale à l'intérieur de laquelle se déployait la véritable responsabilité politique, sociale, juridique et financière du peuple et des élites solidaires d'un même État de droit. La condition sine qua non de la démocratie représentative est la responsabilité personnelle physique et patrimoniale de tout emprunteur de capital politique ou économique. Le libéralisme économique qui détache la plus-value du vrai travail est cliniquement mort avec les gilets jaunes.

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3 décembre 2018 1 03 /12 /décembre /2018 18:58
Une communauté d'intérêts personnels

1) les salariés, le chef d'entreprise, les actionnaires, les créanciers, les fournisseurs, les clients sont des personnes porteuses d'une même dignité humaine à exister en relation d'échange avec les autres.

2) L'entreprise, la société propriétaire du capital, la société civile, les syndicats salariés et professionnels, les sociétés clientes et fournisseurs, l’État et les collectivités locales sont des personnes morales représentant différents intérêts solidaires engagés dans l'activité de l'entreprise.

3) L'objet de l'entreprise est la production de biens et services au bénéfice de ses clients dans le respect de tous les droits des personnes physiques impliquées et intéressées à l'activité de production et de vente.

4) Sous la loi juridique et la morale, l'entreprise est régie par la loi économique qui implique que le prix de tout ce qui est vendu par l'entreprise soit dans la durée supérieur au prix de toutes les ressources consommées : le travail rémunéré en salaires, les intrants, le capital et les primes d'assurance.

5) Toutes les personnes impliquées dans les productions et ventes de l'entreprise sont intéressées à la durabilité de l'activité réalisée par un prix moyen de la valeur ajoutée produite toujours égal ou supérieur à l'ensemble des charges et des nouveaux investissements.

La rentabilité universelle partageable d'entreprise

6) Tous les bénéficiaires de revenus de travail, de capital et de consommation entrepreneuriale de ressources collectives attendent de l'entreprise qu'elle respecte leurs droits juridiques et moraux à s'épanouir par les revenus monétaires de leur travail qui rémunèrent le temps dépensé et les biens propres immobilisés dans les actes de production.

7) A l'échelle des personnes physiques, trois catégories temporelles d'intérêt sont investis : le travail qui produit actuellement, le travail accumulé du passé immobilisé en capital réel, le travail à venir qui apportera les revenus attendus par les salariés, les apporteurs de capital et les créanciers de l'entreprise.

8) Le rôle du chef d'entreprise est de coordonner, de combiner et de défendre toutes les catégories d'intérêt investi dans la production, la vente et le développement humainement bénéfique des activités.

9) Derrière le maintien d'un fonds de roulement en trésorerie toujours positif, le défi du chef d'entreprise est de négocier une rémunération de chaque type d'intérêt qui motive chaque porteur d'intérêt à donner au travail collectif la contribution qui rende le meilleur rapport qualité-prix à la production finale.

10) La négociation la plus subtile et engageante est celle qui intervient entre le chef d'entreprise et les salariés qui assument chacun une fonction spécifique dans une combinaison complexe d'objectifs et de contraintes intermédiaires.

Subsidiarité des différents apports en capital

11) La négociation des tâches, objectifs et responsabilités assignés à chacun implique une symétrie des rôles, une équivalence des droits, une hiérarchie des responsabilités et une complémentarité des savoirs.

12) L'efficacité de la collaboration entre le chef d’entreprise et les salariés est régie par le principe de subsidiarité qui pose à la fois l'égalité de dignité, la communauté d'objectif, la différenciation des tâches, la liberté d'action dans son domaine de compétence et la responsabilité de chacun par rapport à ses clients et fournisseurs internes.

13) La subsidiarité revient à poser sur le plan managérial que chaque personne représente une participation au capital de l'entreprise par les talents, les ressources et le temps qu'il y investit.

14) La subsidiarité posée comme mise en commun des capitaux personnels signifie que l'entreprise produise une valeur différenciable qualitativement et quantitativement selon la nature et le rendement du capital effectivement investi.

15) La rémunération prioritaire du capital de savoir-faire individuel mise à disposition dans la durée de l'entreprise est le salaire.

16) La rémunération du capital juridique, écosystémique et marchand sont les impôts, taxes et charges sociales.

17) La rémunération du capital physique emprunté est le loyer.

18) La rémunération du capital financier d'assurance de la solvabilité de l'entreprise est le dividende.

19) L'équilibre économique et moral des contributions de chaque personne à l'entreprise implique pour chaque personne la mesure de la composition du capital effectivement investi et la négociation du prix de chaque tâche, compétence, actif physique et performance.

Décomposition de la valeur ajoutée par les options de prix

20) La rémunération différentiable des composantes d'un capital personnel s'appelle une prime ; un salaire est une prime de travail ; une prime au sens courant du terme est en réalité économique une attribution de dividende sur l'accroissement de capital financier induit par son bénéficiaire actionnaire, dirigeant ou salarié.

21) La rémunération différentiable des contributions personnelles à la plus-value d'entreprise repose sur un marché financier interne de négociation du prix de chaque unité d’œuvre livrée à la communauté.

22) Un marché financier interne à l'entreprise signifie une représentation commune lisible et compréhensible à tous, des objectifs, règles, contraintes et tâches assumés par chacun quels que soient son poste et sa fonction.

23) La négociabilité pour chaque poste de travail du prix, de la nature et des conditions de chaque unité d’œuvre entre client et fournisseur internes implique un système d'information central et une culture de la confiance responsable entre tous les rôles et fonctions.

24) La culture de la confiance entrepreneuriale implique une connaissance partageable de l'objet social de production et une chaine continue de décomposition de l'objectif d'entreprise en tâches et objectifs subsidiaires.

Principes de régulation entrepreneuriale des prix

25) L'efficience communautaire et solidaire d'entreprise est incompatible avec une inégalité de fait ou de droit entre les actionnaires financiers et les actionnaires par le travail.

26) Le système d'information comptable doit interdire la distribution de dividendes fictifs issus d'un rapport de force déséquilibré entre les salariés et les apporteurs de capital financier.

27) La fonction primordiale du chef d'entreprise est la régulation des rapports d'échange entre tous les rôles afin d'obtenir une évaluation concertée et moralement équilibrée de chaque unité d’œuvre contribuant au chiffre d'affaire et à la plus-value commune.

28) La fonction externe du chef d'entreprise est la représentation du corps commun d'entreprise face aux collectivités publiques et syndicales qui fournissent l'assurance systémique de la personne morale et l'assurance sociale et juridique des personnes physiques investies par leur travail.

29) Le chef d'entreprise est fonctionnellement propriétaire de la prime du capital financier de l'entreprise qu'il dirige : il n'y a que lui qui puisse être arbitre de la répartition de la plus-value entre le capital financier et le capital de travail.

30) A l'échelle du système économique la possibilité de titriser du capital et du crédit d'entreprise indépendamment des personnes physiques qui dirigent et produisent effectivement la valeur ajoutée revient à déconnecter les prix en monnaie des besoins et du travail effectivement humains.

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22 novembre 2012 4 22 /11 /novembre /2012 18:43
Spécification de la compensation monétaire numérique

Prix de la vérité politique, économie des personnes

Préambule

Le présent texte n'est pas facile d'accès ; il reprend tout le vocabulaire politique de la finance dans un contexte rénové qui le rende intelligible. La finance actuelle s'effondre sous les contradictions qu'elle a cultivées pour s'émanciper du réel humainement intelligible. La complexité financière s'est débordée elle-même dans la crise des subprimes. Les gens de bon sens ont tous compris que la crise actuelle est l'ultime effort de l'intelligence spéculative déconnectée de toute réalité observable pour masquer qu'elle ne sait plus rien sur rien. Pour revenir dans une finance au service de la réalité humaine, il faut malheureusement repartir du sens originel des théorèmes financiers. C'est humiliant de devoir réapprendre à parler !

Toutes les définitions ici reformulées sont issues de la réalité financière vraie reconstituée dans un moteur informatique de prix. L'économie qui est une science morale a ses fondations objectives dans le langage humain et non dans la réalité physique sensible. Il est donc tout à fait possible de rédiger les règles de l'économie vraie des biens et des services échangeables, dans une base de données relationnelles. La modélisation du savoir dans les bases de données mises en relation est le principe de l'Internet. La Toile est construite pour constituer un marché mondial de financement du savoir. En pratique, les définitions qui suivent sont évidentes dès lors que leur fonctionnement est visible par le moteur informatique de compensation ici spécifié.


La source

Dans Remettre l'intelligence de la personne au service de la réalité économique du vivre ensemble, l'auteur de la démonstration qui suit rebondissait sur Crise financière et logique de la prédispotion. L'économie aristotélicienne réhabilitée par Paul Jorion dans Le Prix contient l'explication du phénomène actuellement critique de perte de la réalité dans le jugement humain. Dans l'économie originelle, la finalité des échanges est dans les acteurs humains et non dans les choses. Dans l'économie mathématisée par la finance, l'abolition de la notion de sujet en interaction par l'objet opère en elle-même sur elle-même sans intervention apparente de quiconque.

En fait, l'intelligence humaine finit en ce moment de s'égarer dans le mirage de la réalité indistincte du langage adressant l'intelligibilité de l'être. L'accélération et la reproductibilité du raisonnement par l'informatique parachève la confusion entre le sujet et l'objet du savoir. Or cette confusion tient uniquement à l'oubli de la personne dans la pertinence des savoirs ; alors même que justement aucun savoir ne se numérise sans l'investissement des personnes. Toute la démonstration qui suit repose sur l'hypothèse de la personne que la connaissance numérisée permet de coder séparément des objets de connaissance.

La technologie des bases de données relationnelles permet de codifier le système aristotélicien de causalité décisionnelle. Matière, forme, fin et effet sont matérialisés distinctement par le code du sujet dans le code de l'objet. Toute hypothèse de prix est alors modélisable en mots rattachés aux personnes engagées dans le sens acheteur ou vendeur. La mémorisation des occurrences de cause dans la logique du réel et de l'imaginaire, du vrai et du faux, du présent et du futur et enfin du certain et de l'incertain autorise l'algorithme d'équilibe permanent des prix. Le développement informatique du prototype de compensation universelle est maintenant achevé ; il attend sa mise en œuvre pour « mettre fin à la crise ».

Lois d'économie politique

Économie politique des prix

La loi de compensation des données du prix est bien d'ordre politique : le droit de l'économie est la mise en intelligence de la réalité par le vivre ensemble des personnes. L'algorithmique de compensation des prix s'exprime dans un tableau d'ordres nominaux à douze entrées et deux combinaisons calculatoires. Les douze données sont des décisions humaines personnelles de quatre genres :

  • 1. le genre du langage exprimé en texte,

  • 2. le genre du nombre exprimé en chiffres,

  • 3. le genre de la temporalité exprimée en date

  • 4. et le genre du prix, synthèse des trois précédents.

Le prix numérise l'investissement de la personne dans la réalité par le temps. Le genre du prix contient la décision indexée par le temps de prêter ou d'emprunter le sens de la réalité.

Pour qu'un prix existe rationnellement, il faut au minimum quatre personnes d'accord sur la chose, sur les quotités du prix, sur la date de livraison et sur l'échéance de validité du prix. La limite temporelle de validité du prix est appelée « maturité » comme dans la pratique financière. Les quatre personnes sont l'acheteur qui demande, le vendeur qui offre, la société qui produit et la société qui assure. La personnalisation informatique du prix rend clairement impossible un quelconque équilibre rationalisé des échanges sans l'existence identifiable de deux natures de personne morale réunissant les personnes physiques par couples acheteur-vendeur.

Entre les deux personnes morales nécessaires à la formation de l'économie du prix, l'une protège et institue l'auteur du travail, l'autre capitalise le langage du travail. Le capital apparaît comme substance du travail producteur d'objets concrets de bien. Le travail est échéancé par des livraisons d'objets visibles sur un marché. Le bien est échéancé par des maturités lisibles sur le même marché. Le marché est le lieu d'échange dans le temps des objets de bien contre le règlement d'un prix en monnaie. Le signe monétaire compte le bien travaillé dans les sociétés de travail économique garanties par les sociétés politiques.

Qualité quantifiable par quotité

Le rôle des sociétés politiques dans l'économie du prix vrai est de nommer les objets de bien. Un bien est l'objet consenti des volontés personnelles dans une communauté de vie entre citoyens. Le rôle des sociétés de production est de coordonner le travail des personnes physiques pour transformer matériellement les objets de bien en objets de bien supérieur. La plus-value n'existe pas dans la vérité politique sans le travail augmentant le bien par le temps passif d'attente des personnes. Il en découle que le temps actif des personnes est le travail d'augmentation du prix des objets de bien posés dans les sociétés politiques.

La notion de société politique s'applique à toute communauté de personnes adhérant à une même loi de transformation de la réalité. Si le champ de réalité transformable est délimité dans l'espace et le temps par des objets précis, la finalité d'une société est productive. Si la réalité transformable n'est limitée que par la subjectivité des personnes, la société est souveraine et sa finalité est civile. La radicalité de « la crise » est dans l'indistinction des sociétés productives et des sociétés civiles. Les sujets n'ont plus de statut à part des objets. L'homme est réductible à la chose. Les actes des personnes physiques ne sont plus source de plus-value : les prix n'ont plus d'objet collectivement reconnu qui prouve l'augmentation réelle du bien.

Le rétablissement du prix dans la liberté du sujet induit deux dimensions dans l'algorithme de compensation. La première dans l'ordre du visible est quantitative. Dans le moment critique présent, la quantité écrase la seconde dimension qui est première dans le raisonnement invisible du sujet : la quotité. La quotité est médiatrice de la quantité par la qualité. Pour qu'un prix signifie quelque chose à une personne, il faut qu'il soit attribué à un bien reconnaissable objectivement. Or un bien n'a pas de limite matérielle en lui-même : il n'existe pas dans l'ordre de la quantité mais seulement dans l'ordre de la qualité laquelle est totalement issue de la subjectivité.

Travail de la réalité économique

Numération réelle par le travail

Pour que la formalité des biens soit matérialisable en réalité collective, l'intelligence humaine dispose la quotité. La quotité est un objet de raison : elle projette la qualité dans la quantité pour faire la réalité calculable donc vérifiable d'un bien. Dans la grammaire de l'économie, la quotité est la copule verbale du sujet travaillant à l'objet produit. Mathématiquement, la quotité est la copule associant les deux parties réelle et imaginaire du prix exprimé en numération complexe du temps. La quotité contient la quantité réelle dans la qualité imaginée dans la société politique.

Le tableau de compensation décompose chaque ordre de prix en quatre quotités exprimées par des nombres entiers positifs :

  1. 1. la quotité de travail,

  2. 2. la quotité de gestion,

  3. 3. la quotité de crédit

  4. 4. et la quotité de capital.

Dans l'imagination quotitative du réel par le prix, chacune des quatre quotités nécessaires à l'existence vraie du prix est qualitativement interchangeable avec les autres. Quand le prix n'est pas d'offre mais de demande, la quotité de travail devient la quotité de crédit ; la gestion devient du capital ; le crédit devient du travail ; et le travail s'exprime en quotité d'assurance du capital. La quotité vendue d'assurance est la quotité achetée du travail. Le travail informe en définitive la stabilité quotitative du crédit.

En vertu du système aristotélicien de réciprocité des causes, les quatre types de quotité s'attachent à celle quelconque des causalités de la matière, de la forme et de la fin qui assure l'efficience des trois autres dans le temps. Les quotités sont transmutables à l'intérieur du prix selon l'intérêt décisif des acteurs économiques mus par le service des biens économiques véritables. Les trois quotités du travail, du crédit et du capital induisent la quotité d'intérêt de la personne qui attend la matérialité du bien dans les limites du marché ; lequel est régi par la loi politique qui fait la quotité d'existence discutable du bien offert et demandé dans le prix.

Emprunter la matière légale

Par son objet défini dans la loi politique, la quotité d'intérêt exprime la gestion du bien dans sa matière positive. Une dépense physique d'énergie dans le temps ne suffit pas à définir un travail humain finalisé dans un bien. Le travail physique produit l'humain à la condition du travail politique d'objectivation de la réalité ; à la condition d'une définition légale commune de la réalité du bien entre les acheteurs et les vendeurs. Le travail de réalisation de la loi politique dans l'objet de prix s'appelle la finance : c'est à dire la transformation des offres et demandes de prix en objets livrables dans la loi des sociétés initiant le marché.

Un prix décomposé en quatre quotités d'objectivité est simultanément travaillé par les sociétés et les gérants qu'elles portent. Le gérant est maître d'ouvrage ; il intègre le travail des autres gérants dans l’œuvre dont il garantit le bien. L'ouvrage est borné par deux échéances de livraison de la matérialité et de maturité du bien dans l'usage de l'objet. Le prix d’œuvre a un sens intelligible à la condition d'une position d'achat adossée par le marché à une position de vente. Le dixième argument de réalité légale d'un ordre de prix est le sens acheteur ou vendeur des positions personnelles sur une même oeuvre.

Le sens du prix se pose dans trois espaces de jugement :

1. la pluralité des volontés subjectives,

2. la localité physique

3. et l'existence temporelle.

La finance n'est réelle que comme éthique : le sens n'existe pas sans une pratique morale engendrée par la société politique. Achat et vente sont les deux positions financières de toute réalité verbalisée dans la production de bien. Le vendeur fournit une réalité ; l'acheteur lui donne un prix. Réalité et prix existent à cause du marché et à cause de la loi politique auxquels acheteurs et vendeurs conforment leurs engagements dans le temps. Le sens d'un ordre de prix existe par la décision du gérant de l'objet ; il quantifie son intérêt à vendre l'objet donc à acheter la prime d'un crédit. Le crédit est l'attribution d'un prix à la promesse d'une autre personne de livrer ou de régler un bien réel dans le futur. La prime est toujours le prix du crédit d'un objet emprunté à la réalité légale du présent promise au futur.

Economie du singulier pluriel

Le travail capitalisé par les sociétés

Le sens acheteur ou vendeur d'une position financière de marché détermine donc la réalité prêtée par la réalité empruntée. Le vendeur de la quotité de travail ou de crédit est financièrement en situation prêteuse. L'acheteur primaire de ces quotités est en situation emprunteuse : il assume, et par conséquent couvre, l'incertitude financière du futur dans le présent. La vraie compensation consiste justement à adosser les quotités d'intérêt et de capital aux prix anticipés des quotités de travail et de crédit. L'algorithmique de compensation est une production continue dans le temps de ventes d'objets travaillés de bien emprunté « couvertes » par l'achat de crédits d'intérêts et de capitaux.

Financer l'offre par la demande signifie compenser toute perte possible de prix sur un travail engagé par une diminution de prix d'un capital ; cela revient à compenser toute perte de prix à terme d'un bien par la commande de travail qui reconstitue le capital détruit. Cette règle de compensation pose la stabilité du crédit dans le temps : elle interdit concrètement qu'un crédit vendu en travail ne soit pas acheté en capital de même prix. Le présent couvre le possible jusqu'à la date d'échéance négociée. La quotité de capital d'un bien échappe donc à l'usure du temps grâce à la mobilisation du travail : les quotités sont achetées et vendues autant que de besoin pour couvrir le crédit.

L'algorithmique de compensation spécifie à l'intérieur de tout prix l'intellection du bien livrable par la responsabilité coordonnée de l'acheteur, du vendeur, de la société de production et de la société civile. Les quotités de travail, d'intérêt et de capital mesurent la responsabilité du travailleur, du gérant et de l'actionnaire à l'intérieur de la société de production. Les quotités de crédit, de capital et d'assurance mesurent le prix de la responsabilité du citoyen salarié, du responsable politique et de l'actionnaire contribuable à l'intérieur de la société civile souveraine.

Transformation financière des prix

L'interaction entre les sociétés de production et les sociétés politiques est travaillée par des sociétés hybrides : les sociétés financières. L'association des courtiers du droit, des courtiers du crédit, des courtiers du capital et des courtiers en assurance transforme les lois de la société civile en prix de production garantie des biens et services. La fonction bancaire porteuse de transformation financière est de réunir, collecter et apprécier les dix données de qualité, quotité et temporalité qui argumentent le prix.

Contrairement à la société de production ou à la société politique, la société dédiée au financement de l'équilibre de marché doit renoncer à la marge de passage de la quotité au prix. En finance compensée, la quotité achetée ou vendue est nécessairement égale au prix d'offre ou au prix de demande. Le travail financier est exclusivement transformation de nombre entre la transformation de matière par la production et la transformation de forme par la politique. La finance n'a qu'une seule matière de travail : le capital. Le capital est recalcul permanent du travail acheté dans les biens ; le capital est vérification de la réalité du prix vendu aux acheteurs.

Dans une compensation, la transformation financière produit l'équilibre des prix par quatre étapes qui doivent être séparées pour se causer ; pour s'expliquer mutuellement. L'étape initiale est l'actualisation des droits dus aux personnes morales et physiques impliquées dans les prix. La deuxième étape est l'appréciation de la réalité effective au présent quel que soit le futur : toute livraison objective est réglée par un prix acheté dans une prime garantissant le bien jusqu'à maturité. Après l'étape du droit et l'étape du crédit, la troisième étape est l'appréciation de la couverture du prix du crédit comptabilisé au débit des vendeurs à terme.

Le crédit assuré par la sociabilité

La capitalisation du crédit débouche sur la quatrième étape : l'assurance du prix du capital par le travail de production, le travail de gestion, le travail de décision et le travail de délibération du droit. L'assurance du prix du capital effectivement disponible à garantir le crédit du prix des objets de bien, est l'investissement. Du réel analysé par le langage, l'investissement extrait les lois de transformation qui rendent probable la réalisation des engagements de bien acheté et vendu.

Par le travail financier de l'investissement, l'épargne est capitalisation de la production de capital des sociétés assurant la transformation des lois politiques en réalité économique. L'investissement de l'épargne transforme la demande livrable dans le futur en engagement d'offre au présent. L'investissement délimite la demande de travail en qualité nominale et quotité selon l'offre de travail présentée dans les prix. Lesquels sont garantis par les sociétés de production présentant la demande de travail à la société civile.

Les sociétés de production initient le travail dans le bien que la société civile assure. La vente de travail par une personne physique isolée sans couverture assurantielle d'une personne morale est incompatible avec l'équilibre des prix à terme. L'asymétrie de négociation financière des droits personnels détruit le capital faute d'appréciation réelle du prix de constitution, de renouvellement et de développement des métiers. Toute société civile est en économie du vrai, assureur du travail en dernier ressort pour que le bien qu'elle définisse soit réalisable au prix annoncé dans les crédits en cours.

Économie de la personne publique et privée

Budget public, capital financier de la politie

La quotité d'assurance de la réalité du bien, comprise dans la quotité de liquidité du capital du prix, est la mesure financière de l'impôt. L'impôt est le prix nécessaire à la réalisation sociale possible des objets de bien. Aucune société de marché ne peut exister dans l'économie réelle des biens et services sans financer son travail législatif et judiciaire par la fiscalité. L'enveloppe budgétaire publique de fiscalité est le capital d'assurance de la réalité des biens dans l'économie politique de financement des biens. Dans la compensation générale des prix conformes au bien commun, toute ligne de crédit budgétaire public a le statut d'un ordre de vente à terme de la quotité de capital couvrant la position globale de crédit du marché.

Un budget public délimite financièrement la stabilité du marché dans une société civile. Pour que le plein emploi du travail couvre toute la demande de biens et services, il faut que la puissance politique achète par les députés, personnes physiques gérantes du bien commun législatif, le travail qui est et sera nécessaire pour assurer les personnes et les biens. L'économie de la Loi engendre l'économie réelle : un budget public est l'anticipation du prix de réparation des dommages que les sociétés de production n'auront pas garantis effectivement au prix de maturité de leurs ventes de services.

La budgétisation politique de l'assurance économique des objets de bien est en pratique un achat de travail d'enseignement, de défense, de police et de justice. La fonction financière des agents civils est d'adosser leur travail de régulation au prix d'anticipation de la quotité de garantie du capital réellement investi dans les sociétés intermédiaires. Une société de production ne peut pas être propriétaire de la prime réelle du bien que représentent les agents de la collectivité civile. Comme les agents publics doivent incarner personnellement l'existence d'une garantie du bien commun, le prix de leur travail ne peut être acheté que par des représentants élus de la société politique.

Prix du citoyen dans le marché de la responsabilité

La voix élective du citoyen est la quotité de financement du capital public de bien commun par les personnes. La primauté de la personne dans le bien implique un vote par citoyen dans tout scrutin législatif. Plus un responsable politique recueille de voix dans l'économie de la loi, plus sa crédibilité est grande à garantir l'exécution budgétaire de la loi produite. Les investisseurs sont d'autant plus enclins à acheter la prime de crédit du pouvoir politique qu'ils voient dans la production des sociétés intermédiaires, la croissance des offres de travail de conception et de réalisation des définitions de bien achetés dans la loi politique.

La modélisation des prix en quatre arguments de légalité, quatre arguments d'économie et trois arguments financiers d'échéance, de maturité et de sens, offre une résolution monétaire de la liquidité générale. La monnaie se trouve définie comme quotité de bien universel dont le prix unitaire est posé par la Loi invariable dans le temps. La stabilité monétaire, donc la liquidité de tous les prix, est probable si les limites de la compensation coïncident avec les limites de la souveraineté d'un même droit sous une même autorité politique. La monnaie est la matière de la souveraineté.

L'unité de compte monétaire exprimant toutes les quotités de bien livrable à prix garanti est convertible en réalité stable dans le temps à la triple condition :

1. d'un système de droit effectivement commun aux utilisateurs de la même unité monétaire ;

2. d'un système politique législatif, exécutif et judiciaire commun ;

3. d'un capital de liquidité monétaire adossé à un budget commun de services publics et de fiscalité.

Les sociétés politiques peuvent se chevaucher ou s'imbriquer les unes dans les autres à la condition d'être responsables de leur budget et de leur fiscalité par un marché propre et un capital public propre. Les unités monétaires différentiables par la loi ou par le capital public, induit entre les sociétés politiques la convertibilité de l'équilibre général des prix d'une souveraineté à l'autre. L'ignorance de ce principe est la cause de l'anarchie financière internationale actuelle.

Logique de politique monétaire

Une zone de stabilité monétaire implique nécessairement la compensation du capital de la banque centrale par le budget de fiscalisation des services publics assurant le crédit collectif. Les gérants de la banque centrale vendent leurs prévisions de croissance réelle du crédit au gouvernement de la zone monétaire. La société politique placée en contrepartie unique de la banque centrale achète le prix de réalisation du crédit de la banque centrale par une quotité de fiscalisation de toute quotité de prix compensable sous le même régime de souveraineté.

Par la monnaie émise dans la compensation, le pouvoir politique est responsable :

1. devant ses électeurs par le prix effectif de la croissance du marché qu'il réglemente ;

2. devant les investisseurs par la prime de crédit qu'il règle à l'économie de production sur toutes ses exécutions budgétaires ;

3. devant les personnes physiques par les biens réels que l'économie politique apporte contre les règlements effectués en travail.

La négociation publique de toute quotité de travail sous la couverture de sociétés d'assurance des personnes engagées par un salaire, garantit :

1. que la finalité de l'économie est bien universellement humaine ;

2. que le travail et le capital se financent réciproquement ;

3. que les générations et les métiers sont bien solidaires dans l'attribution d'un prix temporel aux biens ;

4. que toute personne est en position d'offre de travail à une demande humaine de bien.

La compensation des prix en quatre quotités bornées par l'échéance et la maturité indexe la monnaie sur la réalisation effective des biens vendus en achats de travail. Chaque personne accède à la mesure réelle de ses besoins par le travail qui en réalise les objets.

Lumière sur le chaos

Chaos de la réalité théorique inversée

Dès lors que la compensation des prix en douze arguments de droit, de quantité, de temps, de sens et d’efficience produit un équilibre continu, durable, général et cumulatif des échanges dans la réalité physique des sociétés, le chemin de restauration de la rationalité économique est explicite. L'économie ne peut plus être un jeu réducteur d'individus et d'agences en concurrence pour leur survie mais une construction de sociétés. La finalité des sociétés est rétablie dans l'augmentation du bien être des personnes actrices singulières de leur vie.

La globalisation, le libre échange et la numérisation du savoir déclenchent l'effondrement d'un système qui n'identifie pas la responsabilité personnelle dans les prix. La globalisation mélange plusieurs langues d'appréciation du réel sans référence nominale partagée à une réalité commune. La libre circulation monétaire du capital prive les démocraties de la capacité de réguler la solvabilité en biens réels ; l'équité de la démocratie n'a plus de ressortissants identifiables. Enfin la numérisation de la connaissance dans un marché sans droit ni autorité dissocie les productions de la négociation du travail des biens. La quotité travail ne peut plus exister dans les prix ; les États de droit ne peuvent plus assurer les personnes dans les choses.

Le prix des crédits bancaires enfle donc sans limite à l'intérieur des bilans financiers : la quotité de liquidité des prix intermédiés par la finance grossit hors de toute réalité économique. La numération du crédit est forcée par les banques centrales. Les quotités allouées au travail et à l'assurance publique de la réalité personnelle positive s'effacent dans le nominalisme sans réalité. Le travail n'est rentable qu'à la condition que sa quotité dans le prix final soit subordonnée à la quotité de liquidité arbitrairement requise au remboursement des dettes comptabilisées. Les prix sont décidés par la finance dans la négation du travail nécessaire à l'existence des biens crédités.

L'économie évidée du travail

Sans l'adossement du crédit au travail, le prix du travail ne rémunère pas les besoins humains qu'il exprime et satisfait. Les personnes sont massivement refoulées hors du marché. Dans un contexte d'insolvabilisation systémique du salarié, la quotité de capital que les sociétés de production allouent à l'investissement du travail doit être indéfiniment réduite. La quotité d'assurance de la solvabilité à terme grignote inexorablement le revenu consommable au présent. La part du capital réel qui doit rester liquide pour surmonter l'irrationalité économique devient systémiquement supérieure à la quotité de capital véritablement allouée à la sûreté des créanciers.

L'économie mondiale s'asphyxie dans l'inflation des crédits non remboursables dans la réalité tangible. Le capital fiscal des sociétés politiques est absorbé par la prime de crédit monétairement négative des systèmes bancaires. Une compensation mondiale économiquement transparente de la finance par la réalité des biens effectivement servis montrerait une position globale nette acheteuse du système financier adossée à une position nette vendeuse des personnes physiques et morales. Les modèles financiers actuels montrent cette réalité ; mais les polities, les entreprises et les travailleurs sont installés dans l'ignorance du prix réel des dettes revendiquées dans les comptabilités bancaires. Le remboursement implicite des dettes est immédiat par les impôts et les primes d'assurance alors qu'il est n'est pas comptabilisé par la finance au crédit des épargnants.

La compensation numérique sur les douze positions de prix du temps humain rétablit un espace de rationalisation de la quantité par la quotité de qualité. Le travail produit par la personne est le seul facteur de transformation économique qui fasse l'équilibre social marchand de l'offre à la demande de bien. En autorisant la responsabilité limitée des actionnaires sur le crédit des sociétés de production et en supprimant le contrôle du marché par la loi politique des sociétés civiles, le « système » a perdu tout moyen de qualification du travail dans la structure des prix.

Simplicité de l'économie du bien

Simuler totalement la logique du prix

La simulation informatique des prix dans la théologie de la personne montre que l'abolition de la responsabilité personnelle dans l'économie financière globalisée supprime toute barrière à la destruction des sociétés politiques. La corruption financière du raisonnement économique réduit tout prix à la quotité de crédit d'un créancier anonyme imperméable au réel. Le travail devient un combat sans issue contre l'usure d'un consommateur inconscient de lui-même.

La globalisation du calcul économique ne peut pas survivre dans la réalité humaine à la désagrégation des lois politiques. La compensation numérique renforce le travail dans la rationalité économique en posant l'algorithmique du prix à n'importe quelle échelle de société. L'algorithme de finance vraie indexe les prix sur toutes les qualités verbalisées du bien objectif ; la personne est forcée de vouloir en société engager tout travail. La numérisation du texte, du nombre et des transactions dans une société mue par la production provoque la reconstitution logique d'une personnalité sociale politique de la collectivité. Toutes les personnes membre de la politie s'obligent en logique à la délimitation temporelle des biens en travail réparti.

Les premières sociétés qui adopteront la compensation numérique ré-introduiront dans l'intelligence humaine la perception collective des limites de la réalité. Ces limites sont matérialisées dans l'intellection par les lois discutables, par la monnaie, par les prix et par les bénéfices physiques du bien être collectif effectif. La connaissance humaine numérisée offre pour la première fois dans l'histoire un marché potentiellement commun du savoir ; un espace d'information sans barrière physique, invulnérable à l'entropie et techniquement compatible avec toutes les langues et civilisations.

Rationalité du bien réel

La maquette informatique dynamique de l'algorithme de compensation des prix réels montre concrètement la transformation logique de la réalité dans l'intelligence économique. Le démonstrateur de motorisation du prix fonctionne dans n'importe quel système d'information marchand, bancaire, assurantiel ou budgétaire. Il suffit d'écouter le prix des autres, de décider le bien qui est dit et de regarder la réalité objectivée pour comprendre ce que la confiance responsable peut produire. Le discours décomposable en qualité, quotité, quantité et monnaie ne peut plus détourner la volonté de la réalité intelligible du sens bon de la vie des personnes.

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23 mai 2012 3 23 /05 /mai /2012 18:50

Restaurer les politiques publiques de change dans les normes de stabilité financière

La guerre des modèles financiers

Dans l'indigeste cuisine des régulateurs, François Leclerc analyse sur le Blog de Paul Jorion les couches basses du plat de lasagnes financières européennes. La croissance qui fait débat est le gratiné à la surface du plat cuisiné sur une couche de liquidité financière ; laquelle devrait sourdre de la couche de crédit posée sur un capital consistant. La crise des subprimes a révélé une accumulation de crédits sans capital. La liquidité s'est perdue dans les profondeurs du plat de lasagnes ; le gratiné de la croissance s'est calciné sur la couche de crédit mise à nu.

Le recul de la croissance enregistre l'insuffisance supputée des capitaux bancaires qui garantissaient le crédit de la liquidité interbancaire. Les accords internationaux de Bâle III ont prescrit le renforcement des fonds propres bancaires en proportion d'une mesure conventionnelle des risques pris par les banques. Une question reste sans réponse dans la recette financière préconisée : comment régénérer le capital sans croissance réelle de la production consommée et de l'investissement ?

La directive européenne CRD4 (Capital Requirements Directive) va fixer une interprétation européenne commune des normes bancaires internationales. Les désaccords exprimés entre Britanniques et continentaux ne révèlent pas seulement des intérêts concurrents mais des conceptions différentes de la stabilité de la monnaie et du crédit. Allemands et Français raisonnent par rapport à une monnaie commune ; ils ont besoin d'une convergence non seulement sur le niveau de capitaux propres qui fait la solidité des bilans bancaires mais également sur la qualité des crédits acceptés par la BCE en contrepartie des allocations de liquidité en euro.

Idéalisme en euro contre pragmatisme anglo-saxon

Les Britanniques ont une politique monétaire indépendante. Ils apprécient par eux-mêmes la qualité des titres de crédit en livre que les banques fournissent en collatéral des emprunts à la Banque d'Angleterre. Leurs exigences officielles de fonds propres supérieurs à ce que souhaite le continent correspondent au levier plus important toléré entre le prix réel du collatéral en livre et le prix nominal des engagements de la Banque d'Angleterre. La base économique réelle de la masse monétaire en livre est relativement plus étroite que la base économique de l'euro.

La livre est financièrement plus fragile que l'euro même si la crise de la dette apparaît plus violente dans la zone euro. Les Britanniques cherchent à minimiser le handicap de rentabilité du capital qu'implique une plus grande exigence de fonds propres bancaires nécessaire à la sauvegarde de la livre. Ils ne dissocient pas la régulation bancaire de leur politique de change. Au contraire, la zone euro n'a pas de politique de change et n'intègre donc pas un risque spécifique de change dans les exigences de fonds propres qu'elle veut imposer à ses banques. Pourtant le système bancaire espagnol s'est mis en faillite par la gratuité factice du change sur ses emprunts au reste de la zone euro.

La position euro-européenne est idéologiquement marquée par le choix de la monnaie unique. Une monnaie unique pour plusieurs États et plusieurs systèmes juridiques repose sur l'hypothèse de la neutralité de l'outil monétaire dans l'économie, la production et l'échange. Pour créer l'euro, le continent a supposé que la finance gestionnaire de la monnaie se régule par elle-même ; que les dépenses publiques et la fiscalité contribuent marginalement à la stabilité monétaire et financière ; que la législation de la propriété, du crédit et des faillites est indépendante de l'administration du crédit par les banques et le marché financier.

Les normes et le dogme contre la loi du crédit

Dans la vision anglo-saxonne, la monnaie est un instrument politique. Le postulat de l'euro est au contraire la monnaie passive dans l'équilibre à construire entre la politique et l'économie réelle. La parité de change de la livre a pu mesurer la désindustrialisation du Royaume-Uni et les erreurs de gestion financière des banques installées à la City ; les fonds propres bancaires britanniques gagés sur les actifs réels et des crédits dévaluables par rapport à l'économie réelle ont pu s'ajuster à la montée des risques. La politique de change a ramené l'évaluation des risques bancaires à une proportion prudemment tenable des crédits émis en livre.

Dans la zone euro, le risque de désajustement de la politique à l'économie n'a pas d'existence financière. Le risque est abstraitement formulé dans une norme de fonds propres bancaires fixant un équilibre immuable entre les dettes des banques et le capital nécessaire à leur garantie. En euro, il est inconcevable que les gouvernements nationaux aient des intérêts de crédit propres dans le cadre réglementaire commun ou que les directions de banque aient des intérêts de plus-value non réellement limités par la norme réglementaire officielle.

La cuisine réglementaire de l'Union Européenne tente un compromis entre les univers financiers radicalement différents des Britanniques et du continent. Mais la question de l'indexation des normes de capital sur la croissance effectivement financée par le crédit est suspendue. Ni d'un coté, ni de l'autre, les principes et les normes ne répondent à la finalité monétaire de donner un prix politique à tous les échanges en vigueur :

  • 1) entre la réalité produite et le prix nominal en crédit,
  • 2) entre le risque de crédit et la prime de monnaie qui évite la perte au prêteur,
  • 3) entre la souveraineté domestique et la souveraineté étrangère,
  • 4) entre la consommation mondiale du présent et l'investissement du futur.
Restaurer le prix de l'intérêt général dans la mondialisation

La crise des subprimes a mis à mal le système financier, la zone euro et le développement économique du monde par l'utilisation que les États et les banques ont eu de la monnaie. L'internationalisation des règlements monétaires, la comptabilité du crédit entre les États et l'évaluation mondialisée des investissements a été obtenue par l'universalisation du dollar puis de l'euro ; c'est à dire par la privatisation de la convertibilité des monnaies entre elles ainsi que de la convertibilité internationale en biens et en services réels. La monnaie instrument de l'intérêt général à l'échange public des biens produits par les personnes privées est devenue le bien en soi destiné à des intérêts particuliers exempts de toute responsabilité politique du vivre ensemble.

Le dollar, l'euro et la norme réglementaire de Bâle III sont des postulats de finance auto-justifiée : le prix en monnaie n'a pas pour finalité dernière d'économiser la réalité observable selon la loi du vivre ensemble au service du bien-être collectif. Or pour que la croissance exprimée en monnaie ne soit pas seulement nominale et privée mais bien réelle et générale, il n'est pas possible de dissocier la réglementation internationale du crédit d'un marché mondial des changes négociables par le pouvoir politique. L'équilibre des intérêts particuliers ne peut pas exister sans arbitre public exclusivement rémunéré par l'intérêt général.

Un marché des changes mondial public signifie : la publicité financière de la transparence des échanges internationaux, la responsabilité financière des États par des monnaies propres, le financement de la régulation financière par la fiscalisation des règlements internationaux et nationaux et la détermination des parités de change par l'équilibre mondial de tous les prix réels réglés par un droit national garanti en capital de monnaie internationale.

Réguler publiquement la convertibilité interne et externe des monnaies

Le capital de change international est généré de fait par un marché public de convertibilité internationale des crédits obligeant les investisseurs internationaux à acheter en monnaie internationale des primes de change sur le remboursement à terme de tout emprunt en monnaie nationale. Les réserves de change internationales ainsi formées garantissent le prix international de la responsabilité des États sur le crédit de la loi appliquée en monnaie nationale. La fiscalité réglée en monnaie nationale assure le contrôle des équilibres budgétaires nationaux par l'ensemble des bénéficiaires d'une souveraineté politique délimitée par la monnaie.

La monnaie n'est ni le droit, ni le prix de la réalité, ni la richesse physique mais seulement leur mesure économique. La monnaie est donc le prix objectif de la régulation financière investie par l'intérêt collectif public ; par l'intérêt à produire des réalités économiques liquides pour tout le monde. Le dollar, la livre et l'euro peuvent être immédiatement converties en règles de crédit si les gouvernements reprennent par la nationalisation des monnaies la responsabilité financière des souverainetés nationales et multinationales.

Dans une compensation mondiale de la responsabilité financière des États, l'euro devient le capital commun des démocraties de l'Union Européenne. L’État confédéral européen acquiert son existence dans la mise en commun d'un capital de régulation financière du crédit inter-étatique et de la solvabilité des banques. Le crédit en euro et en monnaie nationale est alors issu de la transformation de l'épargne et des dépôts définis par les systèmes politiques et juridiques nationaux de l'Union.

Rentabilité publique du capital privé investi dans le travail

Dans la compensation mondiale des biens et services, le Droit de Tirage Spécial (DTS) du FMI peut être muté en unité primaire de change universel. Le DTS monétisé partagerait le risque de change entre toute monnaie selon le potentiel de production effectif des économies nationales et régionales. Transformé en banque centrale de la liquidité mondiale intervenant exclusivement sur un marché des changes en DTS, le FMI devient par son bilan financier l'étalon international de crédit des monnaies régulées par la volonté générale.

Le DTS unité de crédit international provient alors de l'adossement des réserves de change publiques et du capital public mondial inscrit au passif du FMI, aux prix relatifs à terme des masses monétaires régionales. L'actif du FMI mesure la garantie mondiale de la stabilité financière en primes de change sur le prix nominal international garanti des masses monétaires. Toutes les parités de change peuvent alors se négocier pour que tout crédit se mesure par le travail qui en produira la contrepartie réelle et non par la plus-value fictive de l'intérêt financier au service exclusif de lui-même.

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19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 11:47
Michel Aglietta est intervenu le 20 mars 2012 devant le groupe « économie de la contribution» de Ars Industrialis.

Michel Aglietta : propositions de financement d'une croissance durable et soutenable devant Ars Industrialis

Mécanismes de divergences économiques sous la monnaie unique

Michel Aglietta suggère un vice de conception de la politique de monnaie unique pour expliquer la crise actuelle de la zone euro. L'euro a provoqué comme prévu à son lancement une convergence des taux d'intérêt sur la dette publique de tous les États membres. Les pays traditionnellement enclins à emprunter pour financer les dépenses publiques ainsi que la redistribution intérieure des revenus ont pu en conséquence s'endetter au taux de l'Allemagne sans se soumettre à la même rigueur budgétaire, sociale et politique.

La croissance de la dette en euro a dissimulé la divergence des équilibres réels dans les différents pays de la zone. Pendant que l'Allemagne a veillé à maintenir la progression des salaires en dessous des gains de productivité du travail, l'Europe latine a emprunté du pouvoir d'achat pour stimuler la croissance par les revenus du travail. La compétitivité de l'économie allemande a engendré des excédents commerciaux croissants vis-à-vis du reste de la zone euro. La déstabilisation des banques par le choc financier des subprimes a finalement révélé les divergences de solvabilité entre les emprunteurs publics et privés des différents pays de la zone euro.

Michel Aglietta constate pendant les dix premières années de l'euro, une polarisation internationale interne de l'économie euro-européenne. Les finances publiques et la rémunération du travail ont divergé par rapport à la productivité réelle des économies nationales. Au prix unique de la liquidité en euro ont répondu des politiques d'investissement, de distribution salariale et de protection sociale divergentes quant à la compétitivité des productions domestiques. L'Europe latine se retrouve structurellement endettée face à l'Europe germanique. Les transferts publics de capitaux par la politique économique communautaire sont tout à fait insuffisants pour compenser la déflation autoritaire appliquée aux pays surendettés.

Ré-outiller la politique monétaire en euro sur l'investissement public

En l'état actuel, la politique monétaire unique ne contient aucun outil de direction des investissements vers les pays en retard de compétitivité. C'est ce qui conduit Michel Aglietta à proposer le couplage d'une politique européenne d'investissement avec la politique monétaire de la BCE. Le sujet d'investissement est la transition énergétique qui concerne toute la zone euro et chacun de ses territoires quelle que soit la situation financière des États membres. L'acteur de cette politique doit être un organe communautaire doté de ressources fiscales indexées sur les activités économiques émettrices de gaz à effet de serre.

L'organe européen d'investissement s'appuierait sur un fond de financement public émetteur de titres de crédit ou de titres de garantie de crédit ; titres adossés aux ressources fiscales collectées dans le cadre communautaire. Les titres seraient émis sur le marché financier en euro et éligibles dans les collatéraux acceptés par la BCE en garantie de ses allocations de liquidité. Au final les investisseurs privés européens et internationaux disposeraient d'un nouvel actif sûr et liquide de diversification de leurs avoirs. L'émission monétaire en euro est partiellement redirigée vers des intérêts économiques explicitement communautaires que l'initiative privée n'est pas capable de financer.

La proposition de Michel Aglietta amorce la construction d'une Europe fédérale par la constitution d'un pouvoir économique étatique communautaire dans la zone euro. Toutefois les mécanismes proposés heurtent les conceptions allemandes exprimées jusqu'à présent sur les plans politique, financier et économique. L'attribution directe de ressources fiscales à un pouvoir supranational impose au minimum pour les Allemands, en vertu-même de leur constitution, une réforme institutionnelle accordant une représentation parlementaire aux contribuables de la zone euro. L'organe communautaire d'investissement impose un contrôle budgétaire du citoyen. Comme le poids de la contribution fiscale allemande sera forcément prépondérant, il faut pour les Allemands des garanties de représentativité dans la composition de cette chambre parlementaire communautaire.

Sur le plan financier, les Allemands voient dans une hypothétique autorité européenne d'investissement une capacité d'endettement public supplémentaire de la zone euro. Pour parer la menace inflationniste, les Allemands sont enclins à demander une gestion globale de la dette publique en euro qui soit contraignante pour les budgets nationaux. Enfin sur le plan économique, les Allemands sont attachés à la concurrence entre les futurs soumissionnaires aux contrats publics européens. Ils entendent exploiter leur avantage compétitif au sein de la zone euro et capter l'essentiel des contrats. S'ils sont à même d'offrir le meilleur rapport qualité-prix sur les objectifs nouveaux de politique économique communautaire, les Allemands ne voient pas pourquoi ils rennonceraient à y jouer un rôle prépondérant.

Sortir l'euro de l'option monétariste de la liquidité

La vision allemande impose en fait de ne pas dissocier une quelconque initiative économique publique sectorielle européenne d'un modèle général d'économie politique ; modèle général nécessairement traduisible dans la politique monétaire de l'euro. Or ce modèle existe mais n'est pas discuté du fait de la vision implicitement monétariste du modèle actuel de l'euro. L'émission monétaire n'est plus un pouvoir régalien en zone euro afin de pousser l'unification au-delà de la fédéralisation du pouvoir politique entre les pays membres. Et c'est bien la dépolitisation de la monnaie qui a permis la divergence des politiques économiques nationales sous le régime d'unification européenne forcée par la monnaie.

Le monétarisme pose la neutralité politique et économique de la monnaie. Il en découle que le prix de la liquidité monétaire est posé indépendant des politiques économiques, des cultures juridiques et des organisations sociales de la production. Le prix du temps, c'est à dire le taux d'intérêt d'une dette absolument sûre d'un emprunteur qui ne puisse en aucune manière se trouver défaillant, est érigé en constante absolue comme la vitesse de la lumière dans l'économie de la rationalité physique. Dans la réalité de la zone euro comme des autres zones monétaires, il n'existe, par la loi politique, qu'un seul emprunteur infaillible : la banque centrale et le système bancaire empruntant la liquidité de la banque centrale.

La BCE est posée infaillible dans la zone euro sur la fixation du prix de la liquidité pour tous les pays. Cette pétition de principe nulle part confirmée par les faits économiques oblige les États de la zone euro à porter tout le poids des erreurs d'appréciation de la banque centrale. Dans la zone dollar, les économies réelles ayant sur-estimé ou sous-estimé leur liquidité réévaluent ou dévaluent leur monnaie pour que les budgets publics et les prix restent à l'équilibre sur le long terme. Hors de la zone euro et hormis le cas des Etats-Unis, le prix de l'efficacité réelle de la politique monétaire de la banque centrale est donné et ajusté par le taux de change de la monnaie nationale ; l'équilibre des comptes publics est par nécessité systémique réalisé par la parité monétaire nationale.

La neutralité de la monnaie est donc une option idéologique de l'euro et des Etats-Unis attribuant au pouvoir financier la responsabilité réelle en dernier ressort de la politique économique. Cette option fonctionne dans le régime de changes flottants de la zone monétaire mondiale du dollar du fait que tout l'effort d'ajustement économique repose sur les détenteurs étrangers de créances en dollar. Ils supportent tout le prix de l'instabilité des changes par les pertes de change qu'impliquent l'émission libre de dollars par le système bancaire international refinancé par la Fed.

L'option de la neutralité monétaire ne fonctionne pas dans la zone euro car elle oblige les États créanciers nets à mettre en faillite les États débiteurs nets. La faillite d'un État consiste à mettre le pouvoir de dépense publique sous tutelle du pouvoir administratif supranational européen ; lequel applique les instructions du pouvoir financier exonéré de toute responsabilité politique. L'option de neutralité monétaire est de fait aux Etats-Unis et dans l'Union Européenne la subordination du pouvoir et des institutions politiques au système financier auteur de ses règles de fonctionnement.

La finance réintégrée au réel par l'économie publique

Le modèle, inversé par rapport à celui actuellement en vigueur, de l'économie financée par l'application de la loi politique du bien commun existe bien. Il implique de conditionner la politique de taux de la banque centrale à l'application vérifiable de la loi dans les règlements en monnaie du crédit et de l'investissement. Quelle que soit la loi applicable, les crédits bancaires sont accordés par un marché transparent où les prêteurs qui évaluent les prix à terme des investissements financés ne sont pas les garants du crédit consenti. Si tout crédit bancaire est escompté par la banque centrale à la condition impérative que le risque d'investissement sous-jacent soit garanti par un investisseur distinct et séparé de l'emprunteur, alors le prix de liquidité de la monnaie adossée au crédit est déterminé par le droit de l'emprunteur et le crédit réel de l'investisseur.

L'indexation de la liquidité monétaire sur le potentiel de développement durable et soutenable de l'économie impose la séparation réelle des activités de crédit et des activités d'investissement ; séparation concrètement accessible si les activités de marché intercalées entre le crédit et l'investissement sont dédiées à l'équilibre juridique des prix. L'équilibre des prix ne se définit plus seulement par une offre et une demande mises en équivalence par le crédit. Il implique la vérification des droits de l'emprunteur et de la collectivité publique qui en est l'assureur. Il implique l'identification par le marché des investisseurs acheteurs du risque dans l'anticipation de la plus-value. Le prix de la liquidité n'est plus la décision arbitraire des banques mais le prix d'équilibre entre le risque d'investissement et le droit des emprunteurs tenus par la loi du bien commun.

Pour que le marché de la liquidité soit économiquement équilibré, il faut un investisseur public dépositaire de la Loi qui en vérifie activement l'application sur le marché financier. L'investisseur public engage les dépenses dont le bénéfice ne peut pas être individualisé ; les dépenses indispensables au bien commun comme le milieu collectif de vie et l'environnement naturel, sont ré-intégrées dans les conditions de rentabilité économique des investissements. Mais pour que l'engagement public dans le bien commun ne soit pas contestable, il faut à la fois les ressources propres de la fiscalité et une responsabilité financière objective sur la rentabilité fiscale de l'action publique.

Pour qu'une collectivité publique soit économiquement responsable de ses décisions sans dépendre des crédits du pouvoir financier privé, elle doit avoir sa propre monnaie émise sur le marché financier. Le marché de la liquidité en euro matérialise la spécification en droit européen des services publics rendus obligatoires par la Loi. De la même manière que le pouvoir de dépense publique européen est rendu liquide par le marché transparent de la liquidité en euro, les pouvoirs nationaux doivent être rendus liquides par des monnaies nationales exclusivement convertibles en euro. Les crédits en sous-monnaies de l'euro sont garantis par des réserves de change en euro détenus par le système bancaire collectant l'épargne en euro.

Si la collectivité publique nationale ou locale émettrice de la monnaie dans laquelle elle emprunte n'inspire pas confiance à la collectivité euro-européenne, alors le marché de la liquidité en euro est obligé de dévaluer la sous-monnaie. L'instauration d'un marché de compensation délimité par un intérêt multinational commun de stabilité du crédit entraîne une solidarité explicite entre des niveaux identifiables de responsabilité publique. Les rôles financiers séparés du prix, du crédit, de l'investissement et de l'assurance publique et privée imposent par la monnaie la cohérence de toutes décisions avec l'économie du réel.

Décomposition monétaire de la souveraineté du bien commun

Le système monétaire de la liquidité en euro fondé sur la responsabilité collective repose nécessairement sur une règle de convertibilité déterminant les parités à l'intérieur de la souveraineté euro. Cette règle est l'obligation de remboursement intégral de toute dette ; laquelle s'en trouve impérativement garantie par des investisseurs distincts des emprunteurs. Une collectivité publique nationale ou locale ne peut plus être mise en défaut autrement que par la dévaluation de sa monnaie. La variabilité des parités de change partage le risque de crédit de la décision politique entre les emprunteurs de la monnaie décisionnelle et les prêteurs de la monnaie de garantie. L'expression du change par les unités différentes d'un même ordre monétaire oblige juridiquement l'économie humaine à l'équilibre entre le réel et le possible. La négociation politique entre tous les points de vue nécessaires au bien commun détermine l'équilibre économique.

Aucun prix d'une quelconque négociation financière ne peut plus échapper ni à un engagement vérifiable de valeur ajoutée, ni à un prix garanti du crédit à terme ; ni à la mise en garantie d'un capital financier suffisant pour couvrir tous les risques ; ni au versement d'une prime fiscale d'assurance de l'objet d'investissement en bien commun. La conséquence du nouveau système européen de monnaie pluraliste est le rééquilibrage de l'économie sur les organisations politiques nationales, régionales et internationales. Les flux de capitaux intra-européens et extra-européens sont intégralement traçables en euro pour bénéficier de la garantie européenne de liquidité monétaire. Tout actif de droit étranger à l'Union est liquide en euro à condition d'être déposé dans la compensation européenne où il est garanti par la prime de crédit et la prime de change de son propriétaire.

La règle monétaire de convertibilité des prix par le crédit garanti transforme l'euro en étalon de crédit international. La compensation des monnaies, des prix et des primes en euro provoque l'étalonnage de toute monnaie par la solvabilité des zones monétaires en droit européen. Les parités de change nominales sont alors déterminées par la rentabilité du capital indexée sur la rentabilité du travail elle-même délimitée par l'assurance publique du droit des personnes. Les parités varient en euro pour que la prime du capital souscrit en garantie du crédit assuré par la prime de change soit toujours suffisante à solvabiliser les droits comptabilisés en une quelconque monnaie nationale compensée en euro.

La transformation de l'euro en monnaie primaire du crédit définit explicitement la liquidité par le prix de toute offre de travail mobilisable dans les communautés politiques composant la zone euro ; toute communauté acquiert le statut d'Etat en assurant le financement d'une loi du vivre ensemble. La solvabilité n'est plus un décret financier mais une discussion politique sur les conditions d'allocation économique du crédit aux objets à produire. La masse des crédits en cours est perpétuellement ajustée aux possibilités du réel par la variabilité rationalisée du change euro selon les collectivités humaines constituées. La rationalité cambiaire produit l'équilibre des choix et des échanges de travail dans un environnement naturel de légalité humanisante.

L'économie est à nouveau une fonction collective d'humanisation de la nature. La demande écologique européenne est formulée par des crédits publics en euro délibérés par un pouvoir législatif communautaire. Les investisseurs internationaux achètent la prime de crédit du budget européen d'investissement ; ce qui revient à produire les actifs écologiques déposés dans la compensation européenne. Les erreurs d'anticipation du prix à terme collectif des investissements programmés sont absorbées par les primes de change et les parités des monnaies en euro ; la réalité de la plus-value anticipée est délimitée par la législation appliquée en Europe. Les primes de crédit des propriétaires des actifs écologiques adossés aux commandes publiques absorbent les désajustements de l'offre privée à la demande collective.

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24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 09:26

Une manifestation concrète de la crise mondiale de la dette est la charge écrasante des intérêts dans les budgets des Etats, des entreprises et des particuliers. La perte de contrôle de la dette mondiale peut s'analyser comme un problème de répartition du capital et des revenus. Une certaine conception de la propriété engendre un déséquilibre systémique de répartition de la richesse dont le surendettement est le symptôme pathologique.

Dans Comment la vérité et la réalité furent inventées, Paul Jorion révèle une faille systémique dans la construction des représentations du savoir humain. Représentations qui structurent la compréhension des phénomènes économiques. Pour simplifier la question de la vérité, l'hypothèse a été entérinée de l'existence d'une réalité parfaitement décrite dans le discours qualifié de scientifique dans le domaine du physique autant que de l'humain. Les sciences sont supposées vraies par l'apparence d'exactitude que leur donne la mathématisation.

L'hypothèse de la vérité scientifique par les mathématiques est la ré-actualisation de la cosmologie de Pythagore. Elle dispense d'une autre vérification que la théorisation mathématisée : l'appropriation humaine. La faille systémique de la vérification pythagoricienne de la vérité scientifique est de ne pas reposer sur une accessibilité universelle des énoncés scientifiques. Quelques sachants suffisent à l'énoncé d'une vérité. Ils possèdent la vérité sans qu'un usage complet de la logique n'ait rendu le raisonnement accessible à toute intelligence humaine honnêtement conduite par son sujet.

La connaissance pythagoricienne du monde n'est pas accessible à "l'honnête homme". L'accumulation moderne du savoir scientifique s'est opérée par une réduction cognitive. Cette réduction a transformé la compréhension humaine de l’intérêt et de la propriété. L'aboutissement de cette transformation est l'implosion actuelle du capitalisme financier. L’intérêt et la propriété ont été vidé de la substance cognitive qu'ils avaient jusqu'à la révolution financière de l'ère contemporaine.

Depuis que l’être donné et la réalité objective ont été fusionnés à la fin du Moyen Age, l’homme et la matière physique sont devenus le même objet de connaissance à l’intérieur de l’être donné. Ainsi la science économique progressivement élaborée à partir du XVIIIème siècle a-t-elle été dès l’origine incapable d’établir une différence claire entre la nécessité des choses et la nécessité des hommes.

 Adam Smith a écrit sa « Richesse des nations » après sa « Théorie des sentiments moraux ». La main invisible de Smith désignait la morale comme force invisible d’équilibre dans le jeu humain de l’économie. Mais dès Smith, le pythagorisme stérilise la réflexion sur l’économie. La matière économique est supposée contenir en elle-même la logique de la quantité indépendamment de la délibération des acteurs économiques.

La morale de Smith est déjà une théorie mathématique ; elle existe en soi par une révélation que l’homme ne choisit ni ne discute. Smith fonde une science économique sans sujet avec une rationalité en soi ; une nécessité qui est donnée. Cette rationalité est faussement objective parce qu’inaccessible au sujet universel. L'homme n'a pas besoin de nommer la rationalité économique pour qu’elle agisse.

Le grand Marx se révolte contre les conséquences de l’économie smithienne. Mais il n’identifie pas l’origine de la dérive économiste : la confusion de l’être donnée avec la réalité objective. Les conséquences tragiques de cette confusion s’étalent dans le capitalisme libertaire dès le XVIIIème siècle. Les libertaires ne font pas la différence entre l’être et la réalité. La liberté est une réalité qu'aucune loi de l'être ne peut ni ne doit limiter. Les libertaires se cachent sous les libéraux politiques. Le libéralisme politique dégénère en libéralisme économique par la négation de la morale qui porte la liberté des personnes.

Les libertaires sont ce qu’ils possèdent physiquement. Ils sont donc absolument libres de faire ce qu’ils veulent avec ce qu’ils possèdent : leur propre corps physique, celui des autres qu’ils réduisent à l’esclavage et bien sûr tous les biens matériels dont ils abusent. La loi morale qui régule la relation avec soi-même, les autres et le monde physique n’existe pas pour le libertaire. La propriété se confond avec la possession ; rien ne peut limiter la propriété-possession puisque la rationalité du don inter-subjectif n’existe pas.

A l'origine, la propriété est une notion morale et politique. Elle établit la limite entre soi et les autres dans les relations humaines d’échange. Elle distingue des fins personnelles différentes dans la matérialité objective. La propriété ne peut pas exister sans une société politique pour discuter les limites et les faire appliquer. Par contre la possession est un état de fait exempt de tout jugement moral. En supposant que l’autorité publique n’a pas à s’investir dans la propriété économique, que la propriété économique est assimilable à une possession, Smith rend possible une matière économique hors de la morale politique.

L'économie affranchie de la politique va transformer la perception de la propriété. La propriété va pouvoir s'attacher à des objets de créance et des objets d’entreprise à l'intérieur desquels sont enfermés des sujets humains. La propriété assimilée à la possession permet aujourd’hui de passer par pertes et profits des pays entiers et d’asservir méthodiquement le travail à la possession du capital.

Le capitalisme financier est par la confusion de la possession et de la propriété un marxisme inversé. Comme la possession collective du capital physique a été un échec, la possession privée du capital est le seul moyen efficient de produire de la richesse. Possession collective et possession individuelle ont aboli la morale de la propriété.

Comme la morale est devenue une question purement privée sans rapport avec la politique, la possession de l’homme par le capital est libre. La liberté libertaire ne connaît pas la loi réelle. La loi libertaire est théorie de l’alignement physique de sons codés par le langage juridique ; elle n’a rien à voir avec l’être puisque la science sait tout de la réalité objective au-delà de quoi il n'y a rien. En tout état de cause, dans le régime de la propriété privée objective, une dette se rembourse et un capital accumule des plus-values ; l’objet libertaire n’a pas de sujet.

 Les notions morales d’intérêt et de plus-value changent complètement de contenu dans l’économie non politique qui régit la globalisation des échanges. Dans le monde pré-capitaliste, l’intérêt était le prix de la propriété distincte de la possession. Le propriétaire peut se déposséder de l’objet réel de son bien mais reste responsable de son bon usage. Moralement, il en répond devant la société.

Le versement d’un intérêt au propriétaire prêteur d’un bien est le prix de son bon usage. Un bon usage matériellement visible par la société dans un transfert de monnaie portant l'effigie du souverain. Le mauvais usage d’un bien par son emprunteur entraîne la condamnation morale du prêteur qui doit restituer l’intérêt perçu à la victime ; laquelle est physiquement représentée par les agents publics de la souveraineté.

L’interdiction de l’intérêt dans la société pré-capitaliste est dans notre terminologie contemporaine l’interdiction de la plus-value sur un bien qu’on ne possède pas. La plus-value pré-capitaliste ne peut venir que de la transformation des objets par le travail ; la plus-value va a celui qui possède l’objet éventuellement emprunté à un propriétaire, lequel perçoit l’intérêt moral qu'il lui appartient de mesurer dans la dépossession de l'objet prêté au travail.

Le capitalisme financier se construit dès son origine sur l’hypothèse néo-pythagoricienne de la confusion de l’être donné avec le réel objectif. Donc la propriété est possession ; et la plus-value est l’intérêt. Ainsi est-il possible d’acheter la plus-value du travail contre salaire. Bien évidemment le salaire est le prix de l’énergie du corps physique mais pas celui d’un être humain que personne ne devrait posséder.

Dans la civilisation pré-capitaliste, l’intérêt est le prix du droit de la morale alors que la plus-value est le prix de la transformation de la matière physique par le travail. Il est immoral de faire de la plus-value sur la possession d’un droit qui n’est pas la propriété d’un objet matériel concret. Dans la civilisation pré-capitaliste il est non seulement immoral mais illégal de faire de la plus-value sur la possession d’un corps humain. Évidemment, la morale et le droit ne suffisent pas à empêcher dans le pré-capitalisme les abus que le capitalisme a légalisés.

Si Marx n’a pas su poser les conditions morales d’une économie politique il a en revanche anticipé les conséquences des contradictions du capitalisme livré à lui-même hors de toute loi morale. Jusque dans les années 1980, le capitalisme a paradoxalement subi la contrainte morale du communisme. Les États de droit libéraux ont dû édicté des lois pour protéger le travail, contrôler l’intérêt et réguler la plus-value par l’impôt. A partir de la chute du communisme, toutes les digues morales cèdent : les libéraux sont remplacés par les libertaires.

Le libre échange et la libre circulation du capital transforment les États en entreprises capitalistes concurrentes des banques et des sociétés multinationales. En plus de la morale recluse dans la sphère privée, les lois sont privatisées. La finalité des lois n’est plus la protection des personnes mais l’allègement des obligations pesant sur la propriété-possession. Les plus-values du capital ne sont plus taxées. Il faut attirer le capital qui fait des plus-values sur le travail. La taxation du travail rémunère les administrations publiques engagées dans la « guerre économique mondiale » par le capitalisme gouvernemental.

Les banques et entreprises multinationales accumulent sans limite des plus-values financières dans les paradis fiscaux et des plus-values sur le travail non protégé par le droit dans les pays en développement. La plus-value expropriée au travail provoque la diminution de la demande par rapport à l’offre. Le déséquilibre a été masqué par la production débridée de dettes publiques et privées. Conformément à la prédiction de Marx, la plus-value financière a tué la plus-value du travail. Le capitalisme politico-financier se perd dans des illusions de plus-value déniées de la réalité.

La dette écrase désormais le travail. Les impôts augmentent qui vont déclencher la révolution qui va entrainer la guerre qui va détruire le capital. Est-il nécessaire que Marx ait vu juste jusqu'à la révolution ? Oui du point de vue de la froide raison économique du capitalisme ; mais peut être non du point de vue de la raison morale de la politique. Si la politique existe encore.

Tout est question désormais de choix moral. Si la morale des personnes se trouve dans les tréfonds de l’être donné qui n'a pas encore émergé dans la réalité objective, alors la solution alternative à la rationalité économiste du capitalisme libertaire doit encore murir. Quand la solution aura été trouvé, la propriété, la possession, la plus-value, l’intérêt et les États de droit auront été détruits par le capitalisme : il sera abstraitement possible de reconstruire du propre à partir de rien.

Si la morale est au contraire dans la réalité objective qui se déclare enfin distincte de l’être donné, alors le débat politique sur le bien commun entre les nations peut renaître. Les gouvernements de la zone euro sont fondés à déclarer la faillite du système bancaire en euro. Ils rétablissent le contrôle des frontières physiques pour percevoir des taxes. Ils maintiennent la liquidité des finances publiques par la taxation des rentrées de capitaux et bloquent les sorties de capitaux pour vérifier la légalité des dettes remboursées aux étrangers.

La fermeture des frontières financières de la zone euro permet le contrôle des règlements effectués par les banques. Toutes les banques sous souveraineté euro sont garanties par le FESF qui contrôle les sorties de capitaux en règlement des engagements extérieurs effectivement conformes au droit européen. L’administration publique des paiements extérieurs de la zone euro dévalue de fait l’euro par rapport au yuan et autres monnaies créancières de la zone euro.

La zone euro reconnaît d’un coup son appauvrissement par rapport à la Chine. Elle reconnaît que ses dettes sont plus élevées qu’initialement comptabilisées et abaisse son coût du travail afin de permettre la reprise des exportations en remboursement des dettes extérieures accumulées. Les États euro peuvent alors négocier la remises en ordre de leurs finances publiques par la primauté du droit des personnes sur la possession des biens.

La primauté de la personne remet le libéralisme politique à la place de l’économisme libertaire. La propriété est à nouveau liée aux droits et obligations de la personne. La Cité régit à nouveau la possession des biens. Le prêt d’un bien matérialisé en monnaie donne droit à l’intérêt comme prix de l’usage conforme à la loi du bien commun. L’intérêt est le même, proportionnel au prix du bien, pour tout prêteur et tout emprunteur. Il rémunère la responsabilité assumée par le propriétaire du bon usage d’un bien ; lequel implique la restitution par l’emprunteur qui n’en a plus l’usage moral. Et le paiement de l’impôt par le propriétaire.

La primauté de la personne implique la ré-attribution de la plus-value au travail. Mais pour que les droits du travail soient réels entre travailleurs face aux propriétaires du capital financier, l’employabilité de la personne offrant du travail est assurée. L’assureur du travail en dernier ressort est l’État qui garantit par les ressources fiscales la protection, la formation et la liberté des personnes. La production des services d’assurance est garantie par un marché organisé du travail.

Ce n’est plus l’emploi des personnes qui est négocié mais des prestations professionnelles. Les contrats de travail sont des contrats d’entreprise de la production de biens objectifs ; la tâche est rémunérée par un salaire identique pour toutes les personnes disposant des mêmes compétences compensées par les marchés de travail. L’entreprise est rémunérée par la plus-value du prix du produit final sur les salaires et achats. L’entreprise associe des travailleurs partageant les responsabilités et les risques de production rémunérés par un accord de partage de la plus-value.

Le capital financier n’est plus défini comme un apport extérieur de monnaie mais comme accord de partage révisable de la plus-value entre ses contributeurs liés par les contrats d'entreprise. Le partage de la plus-value s’opère par la compensation des risques à l’intérieur de la société d’entreprise constituée par l’association des contrats de travail des objets intermédiaires. Le capital financier se mesure en monnaie par les primes de garantie professionnelle que les associés de l’entreprise négocient et compensent entre eux sous le contrôle d’investisseurs financiers exclusivement garants de la légalité des relations d’entreprise.

Dans le régime de la réalité objective ordonnée à l’être donné de la personne humaine, le capital, la propriété, l’intérêt et la plus-value retrouvent leur sens naturel que le capitalisme libertaire a retourné contre l’homme par le sens de la loi. Le capitalisme libertaire ne connaît pas la loi comme séparateur de réalité humaine entre les personnes solidaires dans la société politique. Le capitalisme libertaire inverse la réalité. Il détruit l’homme par la rationalité lancée contre la liberté. Il anéantit la morale pour vider la responsabilité de tout contenu réel.

L’homme est un être personnel intéressé par sa relation à l’autre ; relation qui produit le réel par la vie sociale à l'intérieur du politique. Après sept siècles d’exploration de la cupidité et de réflexion sur l’existence empirique, l’homme se trouve devant le choix de se perdre dans le néant de la spéculation ou de transformer réellement sa vie sociale terrestre. Et cette fois-ci le choix n’est plus réservé à quelques privilégiés.

L'échec du régime de la possession financière de l'homme ouvre une nouvelle étape de la civilisation mondiale. La définition de l'usage des biens terrestres n'appartient plus à des oligarchies mais à la responsabilité personnelle universelle comptabilisée dans la monnaie du droit. La monnaie du droit n'existe pas dans le capitalisme financier. Elle est donc à créer dans une monnaie universelle de compensation mondiale des échanges internationaux.

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Pierre Sarton du Jonchay
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