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4 septembre 2017 1 04 /09 /septembre /2017 15:42

L'assimilation vicieuse de la valeur au prix qui prévaut actuellement est un détournement réductionniste pseudo-scientifique de la révolution galiléenne. A des fins d'économie cognitive et de mathématisation de la science, la matière à connaître a été tout entière concentrée dans l'objet indépendant du sujet. Si l'on regarde le prix comme une propriété de l'objet et si l'objet existe en tant qu'objet du sujet, alors la valeur est la rationalité du sujet en lui-même qui donne des propriétés à l'objet dont le prix. C'est dans le contexte pré-galiléen d'une objectivité dépendante du sujet qu'il faut comprendre la relation posée par Albert Legrand et la scolastique entre la valeur et le prix.

Valeur dans la réalité subjective et prix de la réalité objective

Le lien entre prix et valeur est utile si l'on pose la formation du prix dans une double rationalité du sujet à l'objet du prix et du sujet à lui-même dans sa multiplicité personnelle et dans sa liberté d'interprétation de la réalité objective. La relation distinctive syllogistique entre valeur et prix non seulement permet d'exploiter toute la causalité aristotélicienne dans ses quatre dimensions de matière, forme, effet et fin mais rationalise la variabilité et la pluralité du prix d'un même objet entre des individus et des sociétés distinctes. Autrement dit, la valeur est ce qui permet la liberté et la responsabilité dans la fixation du prix de l'objet.

Le prix représente la valeur de l'objet s'il existe un accord effectif entre quatre personnes dans la subjectivité desquelles se synthétise identiquement et séparément la matière, la forme, la fin et l'effet de l'objet. Autrement dit la valeur du prix est en réalité un accord entre un acheteur et un vendeur sur la chose équivalente par un certain nombre associé à un intermédiaire nommant et reconnaissant la chose et le prix comme l'acheteur et le vendeur au sein d'une société incarnée dans une quatrième personne garante de l'égale existence des quatre personnes dans la réalité de la chose et du prix. La valeur du prix est dans les quatre rôles sociaux personnels qui font l'objet réel et vrai pour ses sujets.

La valeur au sens d'Albert le Grand rend le syllogisme du prix discutable en vérité distincte et séparable de la réalité. La valeur établit la subjectivité du prix dans une loi morale qui en solidarise les acteurs personnels. Les acteurs du prix sont solidaires par la valeur mise en commun de l'objet. Pour cela, il ne suffit pas que l'objet existe avec un prix calculable ; il faut aussi que l'objet réponde justement à l'humanité et à la réalité des sujets en acte. La valeur est donc l'objet politique et moral nécessaire de la science économique qui fixe la rationalité objective des prix entre des personnes réellement libres.

Si l'on s'en tient au réductionnisme post-galiléen de l'économisme libéral, la valeur est bien un argument rhétorique pour tuer la liberté du sujet et le réduire à une matière prévisible totalement manipulable. Si la valeur indifférencie la matière et la forme, l'objet et le sujet, l'individuel et le collectif, alors elle est un simple outil de dénaturation du prix pour éluder toute discussion sur la fonction économique du sujet qui reconnaît, nomme, évalue et partage.

La valeur donne le sens de la gratuité. La gratuité n'est pas le prix nul en réalité ou l'absence de valeur mais la relation entre les sujets et l'objet du prix qui garantit l'existence libre des personnes même si le prix est quantitativement nul ou négatif. Le gratuit est la valeur garantie pour toute personne indépendamment de la nullité ou de la négativité du prix sous un certain angle de calcul.

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8 août 2017 2 08 /08 /août /2017 08:42

Déficit public : une solution technique.

Par Marc Timsit

Une évolution des structures de la monnaie capable de financer les budgets de l’État.

Nous vivons sans doute dans le meilleur environnement que l’homme ait jamais connu, nous contrôlons suffisamment notre milieu pour ne pas subir les aléas de la nature et nous avons élaboré la civilisation la plus puissante de notre histoire.

Notre société a considérablement évolué depuis 35 ans : en 1980 il fallait 3 mois pour obtenir le téléphone contre quelques secondes aujourd’hui, on est passé du minitel à l’internet, les voitures consommaient et polluaient plus, elles étaient plus dangereuses et moins intelligentes. A cette époque le sida faisait son apparition, on ne savait rien sur cette nouvelle maladie, et presque tous les cancers tuaient. Aujourd’hui, la majorité des cancers guérissent et on ne meurt plus systématiquement du sida.

Ces progrès extraordinaires sont les résultats de la recherche scientifique, pourtant les chercheurs qui nous permettent d’accéder à ces technologies ont à ferrailler contre une nature qui ne leur fait pas de cadeaux.

Dans le même temps on est passé de 1 à 3,5 millions de chômeurs et de 200 milliards de dette publique à 2 000 milliards aujourd’hui.

On constate de ces observations que les scientifiques cherchent et trouvent des solutions, ce qui ne semble pas être le cas en matière économique. On pourrait en déduire que les solutions en économie n’existent pas, et que nous devons nous résoudre à gérer au mieux une faillite annoncée et inéluctable.

Pourtant la réalité est exactement l’inverse : il est très difficile de comprendre et de contrôler la nature car ses lois mystérieuses nous sont inconnues; alors que l’économie et toutes ses règles ne concernent, ne dépendent et ne sont établies que par les hommes. Dans la mesure où tout dépend des hommes en matière économique, il y a la possibilité d’organiser les choses pour que l’économie fonctionne mieux. Ce qui n’aurait pas été le cas si l’économie subissait une contrainte physique naturelle.

On peut penser que notre système d’organisation ne fonctionne pas tout à fait bien car depuis très longtemps les crises succèdent aux crises, et si toutes les solutions connues ont été essayées sans succès nous devons explorer de nouvelles voies. L’économie est une structure essentielle de notre société, elle est le siège de beaucoup de nos problèmes, mais elle abrite aussi les solutions qui nous font défaut.

Au cœur de l’économie se trouve un objet particulier, son vecteur : la monnaie. La monnaie n’a rien de naturelle, elle ne pousse pas aux arbres, elle est le résultat de la longue histoire des hommes qui l’ont façonnée à leurs besoins. Aujourd’hui, et depuis très longtemps, est considéré comme de la monnaie tout ce qui remplit les trois fonctions de la monnaie, pour rappel : « permettre les échanges économiques », « indiquer les prix » et «  pouvoir être une réserve de valeur ».

Une brève histoire de l’évolution de l’économie et de la monnaie :

Notre histoire a débuté il y a 200 000 ans, et pendant les 130 000 premières années, la survie était assurée par les capacités de chacun ou du petit groupe auquel il appartenait. Les hommes vivaient uniquement de ce qu’ils pouvaient se procurer directement dans la nature; à l’époque, il n’y avait pas d’activité économique.

Puis avec l’homme moderne, il y a 70 000 ans, naît la première économie : le troc. La monnaie n’existait pas vraiment puisqu’elle n’avait pas de support, mais le troc fonctionnait en autorisant les échanges économiques, chaque bien échangé devenant vecteur de l’économie en étant une monnaie d’échange. Même sans support monétaire représentatif, le troc était une économie qui fonctionnait car on utilisait déjà la première fonction de la monnaie : permettre les échanges économiques.

Le troc a été le système économique le plus longtemps utilisé par les hommes, cette économie a évolué en se complexifiant, mais elle ne permettait pas l'apparition d’un système bancaire par exemple.

Puis les évolutions techniques augmentèrent la diversité et la valeur des biens produits, comme les outils ou les armes. L’acquisition de ces biens par échanges directs, en utilisant le troc, devint alors très compliquée. La progression de la société humaine mena le système économique de l’époque au bout de ses possibilités, le troc atteignant ses limites quand les biens échangés ne sont pas de valeur équivalente.

La période qui suivit, avec l’apparition de l’agriculture il y a 10 000 ans, fût beaucoup plus riche, complexe et ambitieuse que l’époque paléolithique. Les hommes eurent la possibilité de faire évoluer le système économique en utilisant comme vecteur un objet intermédiaire, une valeur fixe comme une mesure de blé ou de riz, pour évaluer chaque bien échangé. La notion de prix était née. Il devenait alors aisé d'acquérir des biens : il suffisait de payer avec la quantité de riz, de monnaie, nécessaire à cet achat. La monnaie de l’époque assurait alors deux fonctions : elle autorisait les échanges économiques et permettait de fixer les prix.

Le monde a pu tourner avec une monnaie à deux fonctions pendant longtemps, mais les échanges économiques restaient limités. En effet, utiliser le riz, le blé, ou encore le sel ou la bière qui sont périssables et volumineux, contient l’activité économique à un usage domestique. Une monnaie à deux fonctions rend inconcevable la notion d’épargne. Il est alors impossible d’acquérir des biens de grande valeur comme une terre, une maison ou un navire.

L’économie était plus complexe car elle utilisait une monnaie avec un support, mais celui-ci ne permettait pas à la monnaie de remplir ses fonctions actuelles, il manquait alors la fonction de réserve. L’économie de l’époque offrait plus de possibilités que le troc mais ne pouvait pas non plus conduire à l'élaboration d’un système bancaire.

Ce sont les Grecs de l’Antiquité qui ont imaginé la monnaie qu’on utilise encore aujourd’hui. On était à l'âge du bronze et parce que le support de la monnaie était devenu métallique, elle pouvait désormais être une réserve de valeur et nous permettre, plus tard, d’élaborer un système bancaire. Notre monnaie, qui nous vient de cette lointaine époque, est, de fait, une monnaie antique.

On est passé d’une monnaie qui ne permettait pas la fonction de réserve ni l’établissement d’un système bancaire à une monnaie qui peut être une réserve et qui permet un système bancaire. Cette évolution de la monnaie est le fait du changement du support utilisé pour la véhiculer. On peut faire une réserve avec des pièces de monnaie, pas avec de la bière...

Même si, aujourd’hui, les supports de la monnaie sont très divers (pièces, billets, chèques, etc...), les fonctions de la monnaie n’ont pas changé. On pourrait développer un système bancaire en sesterces, mais toujours pas en bière.

Cette dernière évolution de la monnaie nous a permis d’imaginer des systèmes d’échanges et de circulation des biens très complexes. Grâce à elle, l’économie a changé de dimension, et ainsi l’utilisation d’une monnaie antique à trois fonctions a permis de bâtir toutes les civilisations qui nous ont précédés. Il s'agit de la même monnaie antique que nous utilisons aujourd'hui, et c’est grâce à l’usage d’une monnaie à trois fonctions que le monde économique que nous connaissons existe. De l’épargne à l’emprunt en passant par la fiscalité, rien ne serait possible sans une monnaie antique à trois fonctions.

De la même manière qu’on est passé d’une économie de type néolithique à une économie moderne en changeant le support de la monnaie, on pourrait aujourd’hui faire un pas de plus en changeant une nouvelle fois de support pour passer à une monnaie exclusivement électronique qui deviendrait, de ce fait, contrôlable. Elle pourrait ainsi remplir une quatrième fonction.

Une monnaie à quatre fonctions sera donc exclusivement électronique, elle ne circulera que dans le cadre d’un réseau informatique contrôlé. Il n’y aura plus de pièces ni de billets pour la véhiculer, et ce support exclusivement numérique et sous contrôle nous permettra d’ajouter une fonction à la monnaie. Et on pourrait définir librement cette fonction.

La quatrième fonction :

N’ayant pas de contrainte physique à respecter, nous sommes libres d’imaginer et de définir cette nouvelle fonction à notre convenance. Il faut néanmoins que cette monnaie à quatre fonctions soit compatible avec notre système économique, qu’elle soit utile au développement de notre société et qu’elle soit facile à utiliser.

On peut considérer que la société dans son ensemble est constituée d’individus et que son organisation repose sur l’expression de forces. Parmi ces forces, on peut identifier une force politique, une force économique, une force religieuse, et encore quelques autres. Si on considère l’économie comme une force d’organisation, on constate qu’elle s’exprime par l’intermédiaire d’un vecteur : la monnaie.

Il existe un système qui est organisé par des forces, qui utilisent des vecteurs, et qui fonctionne plutôt bien, c’est la nature. En effet, la physique quantique décrit l’univers comme étant constitué de particules qui sont organisées entre elles par des forces. Ces forces sont au nombre de quatre : la force de gravité, la force électromagnétique, la force nucléaire faible et la force nucléaire forte. Ces forces utilisent des vecteurs (les bosons) pour s’exprimer.

Pour aller droit au but, la force nucléaire forte est responsable de la cohésion des nucléons (les protons et les neutrons sont des nucléons, ils constituent le noyau atomique). Les nucléons sont constitués de trois quarks liés par des gluons (de la famille des bosons) qui sont les vecteurs de la force nucléaire forte.

Si on observe un proton au repos, il n’y a pas de gluon car les quarks n’en ont pas besoin pour conserver la cohérence du proton. Si on tape sur ce proton pour le casser, pour disperser ses quarks, des gluons apparaissent, et plus on va taper fort, plus il y aura de gluons; c’est cet étrange et bien réel comportement de la matière qui permet à la force nucléaire forte d’assurer la cohésion de ce proton. On peut dire que le besoin de gluons crée des gluons, et que lorsqu’ils ne sont pas nécessaires ils disparaissent. L’énergie investie pour casser le proton se transforme en gluons qui assurent sa cohésion.

On sait que la force nucléaire forte fonctionne correctement puisque l’univers existe, mais on constate que ce n’est pas le cas de la force économique qui participe à l’organisation de notre société. On observe l'efficacité du gluon qui répond à la nécessité de cohésion des nucléons, et on constate qu’aucune propriété équivalente n’existe pour la monnaie. Le gluon et la monnaie sont pourtant tout les deux des vecteurs de forces.

Serait-il possible d’utiliser une monnaie qui se comporterait comme les gluons, qui répondrait à la nécessité économique par création monétaire; une monnaie qui serait capable de transformer la nécessité économique en monnaie ? Probablement pas, car il suffirait à n’importe qui d’exprimer une nécessité économique pour que la monnaie dont il a besoin soit créée. On peut aisément admettre qu’une économie qui utiliserait une telle monnaie ne pourrait pas fonctionner car les agents économiques étant ce qu’ils sont, chacun cherchant naturellement son propre intérêt, la situation serait tout de suite ingérable.

Il y a cependant un agent économique particulier qui utilise déjà la création de monnaie lorsque cela lui est nécessaire. Il s’agit de l’État qui créé de la monnaie quand il en a besoin, mais cette création monétaire s’accompagne d’un endettement sans fin qui ne peut pas être remboursé. Si, seulement pour l’État, la monnaie fonctionnait comme le gluon et adoptait un comportement quantique, l’État continuerait à créer de la monnaie quand il en aurait besoin, mais sans le déficit assorti de l’énorme dette qui va avec.

On utilisera alors une monnaie qu’on qualifiera de quantique et qui remplira quatre fonctions : permettre les échanges économiques, indiquer les prix, pouvoir être une réserve de valeur et couvrir les budgets de l’État.

Pour rendre possible l’utilisation d’une monnaie quantique à quatre fonctions, il faut qu’elle soit exclusivement électronique et qu’elle évolue sur un réseau informatique contrôlé par l’État. Ce réseau informatique ne sera pas exactement celui que nous utilisons aujourd’hui pour notre monnaie antique élaborée il y a plus de vingt cinq siècles.

La Banque deviendra un organisme unique intégré à l’État, elle rassemblera l’ensemble des institutions financières : toutes les banques, les succursales, les agences, etc... Tous les intervenants agissant sur la monnaie seront sous le contrôle de l’État. Il ne s’agira pas de nationaliser les banques, mais de les intégrer à l’État. Il y aura un ministre de la Banque comme il y a un ministre de l’Éducation Nationale. Les banques dépendront de la Banque comme les écoles de l’Éducation Nationale.

La Banque assurera toutes les missions de toutes les banques que nous connaissons aujourd’hui : l’épargne, l’emprunt, les placements, les mouvements, les paiements, etc... Elle gérera tous les comptes bancaires : ceux de l’État, des particuliers, des entreprises, etc...

Il n’y aura donc qu’une seule Banque qui contiendra et gèrera la totalité de la monnaie quantique sur son propre réseau informatique. Toutes les banques existantes seront toujours là, avec les mêmes agences, le même personnel, les mêmes activités et mêmes les enseignes pourront être conservées pour préserver les repères de la clientèle. Par contre la gestion de la Banque ainsi que la politique économique seront définies et menées par l’État. La motivation de l’État devra être l'efficacité de l’économie pour servir les gens et leurs activités.

Aujourd’hui, avec notre monnaie antique, le financement des budgets de l’État est assuré par la perception d’impôts et de taxes en tous genres et, comme cela ne suffit pas, l’État est contraint d’emprunter tous les jours pour couvrir ses budgets.

Une monnaie quantique couvrira les budgets de l’État, cela signifie que l’État sera financé par la quatrième fonction de la monnaie. Concrètement, la quatrième fonction permettra de créer toute la monnaie nécessaire au financement de l’État et imposera de détruire toute celle entrant dans ses caisses par analogie avec le comportement quantique des gluons.

STOP : « créer toute la monnaie nécessaire au financement de l’État » donc inflation et hyper inflation comme en 29 !

C’est sûr qu’avec une monnaie à trois fonctions on aurait ce scénario. Car avec une monnaie antique les risques d’inflation et d’hyper inflation sont induits par la perte de la confiance qu’on peut avoir en la monnaie dont on ne peut contrôler, évaluer en fait, que le nombre.

Mais avec une monnaie quantique les choses seront sensiblement différentes car on aura sur la monnaie un contrôle total et absolu. On connaîtra en permanence et en temps réel son nombre, ses mouvements, sa localisation, et même l’historique de chaque partie de monnaie depuis sa création. A tel point que, schématiquement, si en 1929 on avait utilisé une monnaie quantique, on aurait pu réinstaller la sauvegarde du mercredi 23 octobre et ainsi éviter la catastrophe du jeudi noir.

Les contraintes :

Pour remplir ses fonctions, la monnaie quantique n’existera que par l’information, elle n’aura pas de support physique. Les pièces de monnaie et les billets de banque sont des supports physiques, ce n’est pas le cas des autres modes de paiement que nous utilisons comme les chèques, les cartes bancaires et autres virements qui ne font que transmettre de l’information.

Du fait de la disparition de la forme numéraire de la monnaie, on ne pourra régler nos factures et nos achats que par virements, chèques, cartes bancaires, téléphone, clics de souris, etc... Mais cette évolution de nos habitudes de paiement est déjà en marche et ne devrait pas présenter de difficulté.

Quelques applications d’une monnaie quantique :

Prenons le cas d’une société où toutes les personnes et les entreprises produisent 1 000 de richesse, l’État prélève 300 pour assurer ses missions (santé, éducation, sécurité, etc...). Il reste 700 que les gens vont consommer, et l’État va dépenser son budget de 300. On aura donc 700 + 300 de consommation pour 1 000 de production.

Pour schématiser cet exemple avec notre monnaie antique actuelle, on a :
- production = 1 000
- fiscalité = 300
- consommation = 700
- dépense publique = 300

On a donc : production = 1 000 et demande = 1 000 (700 + 300)
Tout va bien.

La même situation avec une monnaie quantique :
- production = 1 000
- fiscalité = 300
destruction des 300 perçus par l’État (la quatrième fonction impose de détruire la monnaie qui entre dans les caisses de l’État)
- consommation = 700
création de 300 versés à l’État (la quatrième fonction permet la création de toute la monnaie nécessaire à la couverture des budgets de l’État)
- dépense publique = 300

On a là aussi : production = 1 000 et demande = 1 000 (700 + 300)
Tout va bien.

Mais nous savons que les choses ne se passent pas ainsi, les 300 prélevés par l’État ne suffisent pas car il a besoin de 350.

Avec une monnaie antique on a :
- production = 1 000
- fiscalité = 300
- consommation = 700
- emprunt = 50
- dépense publique = 350

On a alors : production = 1 000 et demande = 1 050 (700 + 350)
- déficit = 50
- dette = 50

On ne peut pas dire que tout aille bien, car pour rembourser cet emprunt de 50 avec intérêts (emprunt A), l’État contractera un emprunt B plus important, puis un emprunt C encore plus important pour rembourser l’emprunt B, etc...

D’après les critères européens de bonne gestion, tout irait bien avec un déficit de 3%. Or 3% de déficit fait doubler la dette tous les 25 ans. En 2015 on avait 2 000 M de dette, si on a une bonne maîtrise de nos budgets on aura 4 000 M de dette en 2040, et si on poursuit nos efforts de bonne gestion on aura 8 000 M de dette en 2065, etc... Pour ajouter au problème, il convient de rappeler que depuis des années le déficit est supérieur aux 3 % tant espérés, et que rien ne semble pouvoir le réduire.

La même situation avec une monnaie quantique :
- production = 1 000
- fiscalité = 300
destruction des 300 perçus par l’État (la quatrième fonction impose de détruire la monnaie qui entre dans les caisses de l’État)
- consommation = 700
création de 350 versés à l’État (la quatrième fonction permet la création de toute la monnaie nécessaire à la couverture des budgets de l’État)
- dépense publique = 350

On a alors : production = 1 000 et demande = 1 050 (700 + 350)
- déficit = 0
- dette = 0
Tout va bien.

L’utilisation d’une monnaie quantique permettra à l’État de dissocier ses recettes de ses dépenses ce qui autorisera des stratégies économiques nouvelles car il n’aura pas besoin d’ajuster ses prélèvements pour financer son action.

Prenons le cas d’un salarié qui touche un salaire net de 2 000. Les charges salariales, patronales, sociales, etc... représentent 2 200. Le coût de ce salarié pour l’entreprise est donc de 2 000 + 2 200 = 4 200.

Avec une monnaie quantique on pourrait avoir :

Salaire net = 2 100 (5 % d’augmentation) et charges = 1 900. Le coût de ce salarié devient  alors 2 100 + 1 900 = 4 000 (5 % moins cher pour l’entreprise).

On aura donc une situation où les salariés auront une augmentation du salaire net de 5 %, les entreprises une baisse du coût du travail de 5 %, et il va de soi que la couverture sociale sera assurée par l’État grâce à la quatrième fonction de la monnaie quantique. Une situation où les salaires nets sont augmentés, les charges des entreprises baissées, et la couverture sociale assurée semble bien plus confortable que ce que nous connaissons aujourd’hui.

De plus, nos entreprises supportent 65 % de prélèvement quand on additionne la fiscalité, les charges sociales et les taxes. Avec une monnaie quantique, l’État n’ayant plus un besoin impératif de ces financements, il pourra réduire la charge des entreprises à 50 % comme en Allemagne ou même à 20 % comme au Luxembourg.

Par ailleurs, le temps de travail devrait être envisagé du point de vue de la biologie. Il est évident que lorsqu’on est jeune on a une plus grande capacité de travail qu’en fin d’activité professionnelle. Le travail devrait être apprécié sur la totalité du temps d’activité. Une monnaie quantique permettrait de financer une retraite qui conserve le niveau de vie après 35 ans de travail, et la durée du travail évoluerait suivant le temps déjà travaillé. On pourrait travailler 40 heures par semaine les 10 premières années d’activité, puis 35 heures par semaine les 10 années suivantes, puis 30 heures par semaine pendant encore 10 ans et enfin 25 heures par semaine les 5 dernières années d’exercice. Soit une moyenne de 33,5 heures par semaine.

Les applications proposées ici ne sont qu'un aperçu de ce que pourrait réaliser notre société si elle utilisait une monnaie quantique, ces principes peuvent se décliner pour toutes les activités humaines.

Quelques remarques :

Les échanges internationaux :

Changer le support de la monnaie pour lui conférer une quatrième fonction n’impose pas forcement de changer d’unité monétaire, nous conserverons l’euro comme monnaie nationale et nous la doterons simplement d’une quatrième fonction. Pour cela, nous n’utiliserons plus les supports numéraires de l’euro. Cela signifie qu'en France, personne ne pourra utiliser d’euro, ni aucune autre monnaie, en pièces et billets, ni les français ni les étrangers de qui nous accepterons les transactions numériques.

En ce qui concerne les échanges avec les autres pays, ils se feront dans la continuité, les mouvements financiers se dérouleront, comme aujourd’hui, sur des réseaux informatiques qui sont l'environnement naturel d’une monnaie quantique. Sur les comptes gérés par la Banque une monnaie électronique remplira quatre fonctions, mais seulement trois sur les comptes des banques étrangères. Ce qui ne changera rien, ni pour les étrangers ni pour nous.

Les relations économiques que nous avons avec nos partenaires qui utilisent l’euro ne se font pas en espèces, elles se poursuivront sans raison de changer. Néanmoins le fait d’utiliser la même monnaie nous permettra de les aider à boucler leurs budgets; de plus, comme l’État n’aura pas de contrainte budgétaire, il pourra financer les budgets européens pour alléger la pression fiscale de nos partenaires, y compris de ceux qui n’utilisent pas l’euro.

Concernant les taux de change, il n’y a pas de raison pour qu’ils soient influencés par l’utilisation d’une monnaie quantique, car la valeur d’une monnaie n'est pas liée à ses structures mais à l’économie dont elle dépend. Néanmoins, le fait d’utiliser une monnaie quantique renforcera notre économie et pourrait entraîner une évolution des taux de change que l’État veillera à encadrer pour déranger le moins possible l’ordre économique mondial.

Les riches :

On pourrait penser que l’utilisation d’une monnaie quantique risque de desservir une partie de la population, ce ne sera pas le cas. Mais les plus riches pourraient s’inquiéter sur l’avenir de leur fortune et être tentés par un exode économique.

Aujourd’hui, avec notre monnaie antique, on risquerait un ralentissement de l’activité économique par manque de financement. Mais avec une monnaie quantique les problèmes de financement disparaissent pour l’État qui contrôle la monnaie et la Banque. Donc s’il y a fuite des capitaux par crainte d’une évolution de la monnaie, notre économie ne sera pas touchée car l’État injectera la monnaie nécessaire à sa stabilité.

Cependant, au moment de la transition d’une monnaie antique à une monnaie quantique, on changera directement l’ancienne monnaie antique en monnaie quantique sans prendre en compte l’origine des fonds car le principe sera de changer la monnaie et rien d’autre. Une fois ce changement fait, il est très probable qu’il faudra justifier l’origine de toute monnaie antique qu’on voudrait introduire sur le réseau de la Banque pour la convertir en monnaie quantique.

Reportons nous à la dernière évolution de la monnaie, à l’époque de la Grèce Antique, quand elle a acquis sa fonction de réserve avec l’apparition des pièces de monnaie. Jusque là, la monnaie était supportée par des graines de céréales, du sel, de la bière, etc... Il y a certainement eu des riches en monnaie à deux fonctions qui ont refusé de changer leurs réserves de sel en pièces de monnaie, et ils se sont probablement ruinés. On peut supposer un scénario équivalent lors du passage à une monnaie quantique.

Si on n’a rien à craindre d’une fuite de monnaie antique avant la conversion monétaire, on risque de voir plutôt le mouvement inverse, les riches étrangers tenteront de détenir le plus de monnaie dans notre économie pour conserver un accès à celle-ci en utilisant une monnaie quantique.

Les pauvres :

Concernant les plus pauvres de notre société, l’utilisation d’une monnaie quantique les obligera, comme tout le monde, à avoir un compte bancaire, une carte de paiement, un carnet de chèque, un téléphone, et un accès à tous les modes de paiements numériques. La Banque fonctionnera probablement sans frais pour tous ses clients, qu’ils soient riches ou pauvres, l’utilisation d’une monnaie quantique se fera sans restriction pour personne.

Ceux qui ont des difficultés financières :

Il y a tous ceux qui aujourd’hui sont interdits bancaires, ou qui risquent de l’être, ou qui n’ont pas accès aux banques. Une monnaie quantique ne proposant pas d’alternative à l’utilisation de la forme électronique de la monnaie, il ne pourra pas y avoir d’interdiction bancaire. La Banque fonctionnera comme nos agences bancaires d’aujourd’hui, les incidents de paiement auront des conséquences : aujourd’hui on exclut les mauvais clients du système bancaire, avec une monnaie quantique on ne pourra pas le faire. Ils seront mis sous une forme de tutelle financière et ne pourront dépenser que ce qui leur permettra de boucler leurs fins de mois. Il faut garder à l’esprit que l’État aura les moyens d’augmenter la protection sociale afin d’éviter les situations personnelles dramatiques.

Les étrangers :

Il y a chaque année des millions de touristes qui visitent notre pays. Ils sont généralement équipés de cartes de paiement, de chèques, de smartphone, etc... Ils pourront utiliser leurs moyens de paiement chez nous sans problème et sans frais. Mais ils devront veiller à ne pas détenir de monnaie sous forme numéraire car les monnaies antiques étant incontrôlables, elles ne sont pas compatibles avec une économie qui utilise une monnaie quantique.

Les entrepreneurs étrangers qui souhaiteront investir dans notre économie seront les bienvenus, ils pourront utiliser de la monnaie quantique qu’ils auront déjà ou se financer par des investissements venant de l’étranger sous réserve d’indiquer l’origine de leurs fonds. Mais une économie avec une monnaie quantique n’aura pas besoin de rechercher des financements dans un système économique ancien pour être florissante, le contrôle que nous aurons sur la monnaie nous permettra de conserver notre économie saine et propre.

Il convient de remarquer aussi que les gens qui viennent clandestinement, sans compte bancaire, n’auront aucune chance d’interagir avec qui que ce soit. Ils ne pourront ni se nourrir ni se loger, encore moins trouver un emploi ou avoir accès à un service public. Ils seront très vite localisés. L’utilisation d’une monnaie quantique interdit l’anonymat, si on n’est pas identifié on ne pourra utilisé aucun moyen de paiement.

Les impôts :

Avec une monnaie quantique, l’État n’aura pas besoin des taxes et des impôts pour se financer, et on pourrait s’interroger sur l’opportunité de supprimer purement et simplement la fiscalité.

Les multiples prélèvements que nous impose l’usage d’une monnaie antique sont une forte pression économique mais aussi autant de liens entre l’État et ses citoyens. L’État influence, quelque fois sans le vouloir, les comportements des gens en usant de la fiscalité. Quand il taxait les fenêtres on a construit des bâtiments plus sombres, mais quand il détaxe les panneaux solaires il augmente l’activité économique du secteur et favorise l’utilisation d’une énergie renouvelable.

Supprimer la fiscalité priverait l’État de la possibilité d’agir sur les comportements de ses citoyens. Par exemple, la disparition des taxes sur les carburants ne conduirait pas nécessairement à des comportements très responsables.

En fait, entre une économie sans aucun prélèvement et la situation fiscale actuelle il y a une très grande différence, et rien ne peut nous assurer que nous optimiserons le développement de notre société avec une fiscalité nulle. Par contre, ce que nous savons, c’est qu’une baisse de la fiscalité des entreprises et des particuliers sera salutaire.

Il sera donc prudent de réduire la pression fiscale avec retenue pour inscrire notre économie dans une croissance ferme, maîtrisée et raisonnable. On simplifiera et utilisera la fiscalité comme un tableau de commande de notre stratégie économique, mais elle ne devra pas disparaître.

L’économie :

L’État est au centre de deux importants flux financiers qui concernent des sommes gigantesques et qui représentent, chacun, pratiquement la moitié de notre activité économique. Il y a un flux qui part des caisses de l’État vers tous les agents économiques à travers les salaires versés aux fonctionnaires, les prestations sociales, les aides et commandes passées aux entreprises, etc... Et il y a un deuxième flux qui se dirige vers les caisses de l’État et qui est alimenté, sous forme de taxes et impôts, par tous les agents économiques. 

Théoriquement, avec une monnaie antique, ces deux flux doivent être strictement de même valeur pour que les choses se passent bien. Ce qui n’est évidemment pas le cas, car le flux sortant des caisses de l’État est toujours plus important que le flux entrant. Comme ils sont totalement liés l’un à l’autre, pour tenter d’atteindre l’équilibre comptable il faut régulièrement augmenter le flux entrant en alourdissant la pression fiscale et promettre de réduire le flux sortant, sans jamais y parvenir. Mais cela ne suffit pas et l’État emprunte pour couvrir ses budgets.

Avec une monnaie quantique, ces deux flux ne seront plus dépendants l’un de l’autre, ce qui autorisera des stratégies sociales et économiques très différentes de ce que nous connaissons aujourd’hui. L’augmentation de la protection sociale deviendra alors compatible avec une politique économique libérale et une fiscalité allégée. Il deviendra possible de protéger mieux tout en baissant les charges et les impôts.

La liberté est le fondement de notre société, elle doit concerner toutes les activités humaines, et bien sûr l’économie. L’économie libérale n’aime pas le vide, elle explore en permanence de nouvelles possibilités, et elle s’adapte au mieux à son environnement. C’est la liberté de l’activité économique qui permet de créer les richesses et c’est elle qui pousse à les distribuer. La liberté de l’économie sera toujours plus efficace qu’une économie dirigée, et l’État, bien qu’ayant le contrôle sur la monnaie, risquerait de scléroser le système s’il ne veillait pas à encourager le libéralisme économique.

La confiance :

Au cœur du système économique se trouve la monnaie, et à la base de l’économie il y a la confiance. Aujourd’hui nous utilisons l’euro, preuve que nous avons confiance en l’économie de la zone euro. Pourtant notre économie est pratiquement à l’arrêt, sans croissance, avec un chômage très élevé depuis longtemps, les caisses de l'État sont déficitaires, nous avons accumulé une dette colossale, etc...

Mais nous avons confiance en notre économie, car les gouvernements successifs nous promettent la reprise, la croissance qui va avec et enfin une réduction du chômage, beaucoup d’incantations sans résultat. Et même si tout se mettait à aller bien et qu’on respecte les critères de déficit prévu, nous continuerons à accumuler de la dette. 

Alors si nous avons confiance avec une monnaie antique qui n’offre aucune perspective, nous pourions avoir confiance avec une monnaie quantique qui nous permettra de cesser l’endettement de l’État, de diminuer la fiscalité sur les particuliers et les entreprises, d’augmenter les salaires nets, de renforcer la protection sociale, etc... 

Utiliser une monnaie quantique qui s'appuiera sur une économie libérale dynamique et innovante, soutenue par un État providentiel, pourrait bien recueillir la confiance des gens et permettre de construire une nouvelle économie pour une société mieux adaptée à nos besoins.

Conclusion :

Étant donné notre aptitude aux progrès scientifiques, si difficiles à obtenir, on peut s’interroger sur l’absence de solutions à nos problèmes économiques. Pourtant, tout ce qui fait l’économie est purement et exclusivement humain à commencer par son vecteur : la monnaie.

A chaque étape de l'évolution de la monnaie il y a eu la nécessité de répondre à un besoin réel, et à chaque fois un changement du support de la monnaie et l'évolution psychologique des utilisateurs ont permis l'acquisition d’une fonction supplémentaire à la monnaie.

Au début de notre histoire la monnaie n’existait pas, puis l’humanité s’est organisée en société et le troc est né. Avec l’agriculture, la monnaie s’est dotée d’une fonction supplémentaire, puis avec la métallurgie d’une troisième. Aujourd’hui nous entrons dans l’ère de l’information et comme la monnaie n’a plus besoin de support physique pour exister, elle pourrait remplir une quatrième fonction.

Nous avons créé la monnaie pour qu’elle réponde à nos besoins, et comme nous l’avons déjà faite évoluer plusieurs fois dans l’histoire, rien ne nous impose ses limites actuelles. Utiliser une monnaie exclusivement numérique nous permettra de la contrôler et de lui attribuer une quatrième fonction pour en faire une monnaie quantique qui couvrira les budgets de l’État.

On peut considérer que l’État utilise déjà la fonction de création monétaire pour couvrir ses budgets, mais il doit s’endetter pour le faire avec une monnaie antique, ce qui n’arrivera plus avec une monnaie quantique. L’utilisation d’une monnaie quantique permettra à l’État de se financer sans dépendre des impôts et des taxes.

La monnaie quantique est parfaitement compatible avec notre système actuel car la presque totalité de nos euros est déjà sous forme numérique. Elle est facile d’utilisation et l’État, libéré de ses contraintes budgétaires, pourrait enfin mener des politiques cohérentes pour améliorer la vie de ses citoyens.

La monnaie quantique n’est pas une théorie économique, elle ne s’appuie sur aucune idéologie, c’est une évolution technologique de la monnaie. Elle règle le problème des déficits publics et autorisera l’État à mener des politiques qui répondront au principe de nécessité plutôt qu’à des exigences comptables.

Devant la succession de crises que nous ne réglons pas, ceux qui pensent qu’on a tout essayé se trompent car ils ont la faiblesse de croire que, ne connaissant pas de solution, il n’y en a pas; et pire, que ce n’est même pas la peine d’en chercher. Si les scientifiques avaient eu ce comportement on continuerait à subir des famines, à se déplacer à cheval et à avoir une espérance de vie de 25 ans.

Étant donné la qualité des résultats obtenus par notre personnel politique, il n’y a rien d’étonnant à ce que le peuple exprime son mécontentement de diverses façons. Notre société semble prête à faire évoluer ses structures politiques, économiques et sociales pour sortir d’un système que nous savons voué à l’échec. Si elle ne l’a pas encore fait c’est parce qu’elle n’a pas de nouveau modèle pour remplacer l’ancien, mais les choses pourraient changer...

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5 avril 2017 3 05 /04 /avril /2017 15:26

France 24, « Le débat », lundi 3 avril 2017 à 19h30

Le point sur la fraude fiscale internationale un an après la révélation par des "panama papers".

Benoit Bringer : Journaliste d’investigation chez « Premières Lignes ».

Pierre Sarton du Jonchay

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23 mars 2016 3 23 /03 /mars /2016 10:58

ImageJorion
Les attentats de Paris et Bruxelles ont délivré à des gens ordinaires le message de leur insignifiance aux yeux d’autres gens ordinaires. Des terroristes ont déclaré à la face des gens actuels qu’ils ne sont rien dans un monde qui n’a pour eux plus de sens. Cette fièvre nihiliste a-t-elle une origine ? La montée de l’idéologie islamiste est concomitante au triomphe de la mondialisation financière et à la désintégration de l’utopie communiste. Les oligarchies libérales sont en guerre contre les peuples pendant que des organisations terroristes sophistiquées agressent les sociétés de droit.

La cupidité libérale coïncide sans frottement avec le fanatisme théocratique. La guerre contre le terrorisme arrive à point pour relancer les dépenses en dépit de la surcharge des dettes non remboursables. La réalité disparaît sous une nécessité qui semble échapper à toute volonté. Plus personne ne décide et il n’y a pas d’alternative (TINA). Il n’est plus que le choix entre des mécanismes financiers imparables ou la vanité définitive de l’existence terrestre pour les mécréants. Il n’y a pas ou plus de capital pour tous.

Le capital, la Loi et la personne

Le capitalisme est un régime d’économie politique où la richesse reconnue comme telle a son origine dans l’initiative individuelle formulée dans une loi commune. La loi qui permet le capital est à l’origine, humaine et vivante. La mesure du capital en vue de l’échange et de la transformation en biens s’effectue par des personnes physiques. Par la loi vivante, les individualités personnelles sont réciproquement solidaires dans des personnes morales. La personnalisation morale des individus fonde la réalité économique du capital.

A l’origine, la rationalité du capital est verbale. Elle implique un verbe social par quoi la raison des individus élabore un objet partageable transformable dans la réalité commune. La personne morale est l’unité décisionnelle d’une association, d’une concertation, d’une délibération de personnes physiques. Par la confiance morale dans la loi vivante commune, les personnes répondent collectivement du prix du capital proposé comme bien disponible à la vente sur le marché.

L’existence probable du capital par les personnes physiques moralement solidaires fait la consistance économique de la dette. Le capital de la personne qui vend est cessible contre la dette de la personne qui achète. Le prix de la dette de l’acheteur est crédible par la disposition effective d’un capital collectivement reconnu ; et par la double garantie morale de la collectivité dépositaire de la loi commune ainsi que de l’existence vérifiable dans la société vendeuse de la chose sous le capital.

Depuis son origine dans l’Europe du Moyen-Age, le capitalisme a oscillé entre deux substantiations possibles de la personne. La substantiation simpliste réduit la personne à ce qu’elle possède physiquement. La substantiation complexe attribue des prix aux choses selon les contrats entre personnes : les dettes sont le prix des choses à livrer par les choses possédées entre les personnes irréductibles à ce qu’elles peuvent vendre ou acheter. La dette est consubstantielle à l’appropriation qui implique en disposant du prix de produire pour autrui. La possession individuelle du capital est soit simplement pour soi-même au-dessus des autres, soit personnelle au service d’autrui dans le contexte de la société politique.

Dette d’usure ou dette interpersonnelle

Si l’économie du prix est déterminée par des individus, le capital hiérarchise les individus par un pouvoir issu des choses. Si l’économie du prix est déterminée par les personnes dans leurs relations de réciprocité, le capital est contrevaleur réelle de toutes les dettes que les personnes se reconnaissent entre elles. Tout individu quoi qu’il possède est alors débiteur du prix de ce que la société politique lui confie. Dans la morale qui fonde le capital à l’origine, la propriété n’est pas le droit d’abuser des choses que l’on possède mais le devoir d’en user au bénéfice des personnes. Si au contraire le capital est juste une surface quantifiable d’individus, les dettes qui naissent de la circulation des biens usent les personnes qui ont moins de surface que d’autres.

Le capitalisme libéral est la forme du capitalisme imposée au XIXème siècle qui permet de comptabiliser le prix du capital, donc de la dette qui l’achète, hors de la responsabilité personnelle. Les dettes du capital emprunté se calculent indépendamment de la dignité des personnes. Les juristes libéraux ne récusent pas la responsabilité : ils la désubstantivent en excluant la société politique de la régulation du marché où se négocient les prix. Le capital libéral est fiction de prix sans réalité collatérale publiquement et ouvertement vérifiable. Le capital libéral existe libéré de la loi d’égalité de droit entre les personnes physiques dans les personnes morales.

Le capital libéral existe par la seule virtualité juridique. Le principe juridique nominal du capital irréel est le titre de société dite anonyme par quoi le propriétaire du titre peut utiliser le pouvoir d’achat du capital titrisé sans se faire reconnaître physiquement. La société anonyme qui justifie le capital n’est plus obligatoirement incarnée par des personnes physiques. Il n’y a pas d’obligation de réalité des personnes au-dessus des choses publiquement visibles pour répondre du prix du capital dans les dettes.

Masquer la responsabilité personnelle physique par un titre négociable contre dette, entraîne que des intermédiaires financiers puissent emprunter au profit d’intérêts anonymes. La dette « ex nihilo » prêtée par des inconnus devient substance invisible d’un capital scripturaire. Les propriétaires anonymes du capital peuvent, par la seule parole de l’intermédiaire qui les masque, utiliser librement le pouvoir d’achat du titre sans être reconnus par la société qui définit le Droit. Le régime libéral place les propriétaires de titres financiers hors du régime commun de responsabilité par quoi on règle sur ses biens réels propres les charges qu’on inflige à la société civile.

Spéculation du capital sans travail

La conséquence immédiate du capital anonyme est le décret du prix du travail par le seul intérêt du capital. La détermination du travail nécessaire à la production est le fait exclusif du capital. L’établissement du prix en proportion de la plus-value finale est propriété du capital et des individus qui le contrôlent. La personne qui travaille vend son activité à un acheteur virtuel sans corps et sans âme. La dette qui peut acheter le travail n’est plus calculable en humanité réelle. Le travail-même n’appartient plus à celui qui agit mais à une comptabilité anonyme désincarnée.

L’anonymisation du capital déshumanise les prix. Le prix devient valeur en soi par une simple écriture détachée de la réalité objective. Le capital dématérialisable engendre une dégradation de la monnaie. La monnaie redevient la matière comptable primitive de ce qui a de la valeur en soi hors d’une quelconque responsabilité personnelle morale et physique. Le pouvoir de quelques individus suffit à justifier les prix indépendamment de la loi et d’une identification collective et partageable des biens objectifs réels.

Jusqu’au XVIIIème siècle, quand les titres financiers ne sont pas encore négociables par un marché officiel, l’unique moyen légal et moral d’émettre de la monnaie a été de déposer des richesses réelles auprès de personnes publiques souverainement instituées. La monnaie qui matérialise la liquidité du prix des choses échangées est à l’origine une dette garantie par le souverain. La loi commune explicitement appliquée à tous les échanges interpersonnels peut seule conclure la discussion du prix d’un bien contre dette réglée en monnaie.

Le souverain indifféremment physique et moral a d’abord émis des pièces de monnaie contenant en elles-mêmes le métal qui puisse valoir le prix nominal inscrit sur le signe. Puis l’affermissement de la confiance publique dans un état politique reconnu et partageable à permis l’émission des titres papier de dette du Trésor Public. Le prix de la monnaie en papier fut garanti par la réalisation collatérale souveraine de la loi commune. Le bien commun légal était financièrement assuré dans la solidarité fiscale. La solidarité fiscale instaurée par la loi commune fait le Trésor Public par quoi tout créancier en monnaie d’une réalité publique licite est assuré de recevoir les quelconques biens promis par la collectivité des personnes.

Privatisation de la fiscalité et propriété privée

Les assignats furent émis sous la Révolution Française comme titres de propriété potentielle à terme sur les biens nationalisés du clergé. L’impôt exceptionnel sur le capital d’un groupement social impliquait que les nouveaux pouvoirs publics se substituent aux personnes expropriées dans la production des services qu’elles assumaient. Mais la désorganisation de l’État, la disparition des services financés par le capital de l’institution ecclésiale, l’insuffisance de la production nationale et la volatilité des recettes fiscales entraînèrent la dévalorisation donc la démonétisation des assignats émis.

La sacralisation de la propriété privée confirmée par la Révolution Française un siècle après les révolutions hollandaise et anglaise avait rendu possible l’émission de titres de créance sur un capital privé soustrait légalement à la vérification publique de la loi commune. Les créances d’origine privée avaient conquis le même statut obligataire public que les créances du souverain. A l’intérieur de son domaine privé de propriété, la loi de l’individu devient souveraine.

L’émission des signes monétaires n’avait plus pour contrepartie unique les créances de la volonté générale sur la société mais le prix d’effets exclusivement privés de volontés particulières soustraites de la loi commune par la loi formelle. La puissance publique n’était plus totalement responsable de la valeur réalisable du signe monétaire. Les intérêts privés progressivement anonymisés se sont appropriés en un siècle toute la substantiation de la matière monétisable.

La révolution industrielle a été financée par l’adossement de l’émission de la monnaie au prix des titres financiers anonymes. Le signe monétaire totalement déconnecté de la responsabilité personnelle du réel s’est imposé au XXème siècle avec l’internationalisation obligatoire du dollar. La déshumanisation de la monnaie et du prix s’est achevée dans l’instauration de l’euro, première monnaie légalement multinationale abstraite de toute loi incarnée par des sociétés politiques constituées.

La monnaie virtualisée de l’État désincarné

Jusqu’à l’avènement du dollar et de l’euro, les monnaies sont émises par des nations en devenir constituées en États de droit. Les gouvernements des états nations sont matériellement responsables des conséquences générales de leurs décisions par le prix international de leur monnaie sur le marché mondial. Selon qu’une politique gouvernementale est jugée ou non créatrice nette de valeur par la collectivité nationale et internationale, le marché des changes pousse à dévaluer ou réévaluer les parités internationales du titre monétaire. La personne étrangère est juge public indépendant du bien-être de la personne domestique.

A partir de 1945, la Réserve Fédérale des États-Unis dont le capital est privé, étend au monde entier son droit domestique d’émettre des dollars hors du contrôle politique légal. Les dettes de l’État fédéral étatsunien sont réglées par des certificats de dépôt sur des banques privées non seulement auprès des fournisseurs domestiques étatsuniens mais des créanciers extérieurs étrangers à la légalité étatsunienne. Les intérêts particuliers privés de la banque hors sol de droit étatsunien deviennent la contrepartie internationale de l’émission monétaire des souverainetés nationales étrangères à la loi libérale étatsunienne.

Le libéralisme étatsunien est pur, fondé sur le puritanisme. L’individu est seul face à la vérité qui n’a pas de transformation commune. La loi s’applique telle qu’elle est écrite. Les faits ne sont pas négociables ; les individus ne sont pas interprétables ; il n’y a pas de transition entre mal et bien. Le bien commun est une théorie concrètement inconciliable entre des intérêts individualisés. L’État n’a pas de personnalité morale ; il ne représente pas d’intérêt général qui soit plus que la somme des intérêts particuliers.

Jusqu’au 15 août 1971, les souverainetés étrangères gardent un moyen de pression sur l’émission de monnaie bancaire en dollar par le rachat à prix fixe garanti des réserves d’or de la banque centrale privée des Etats-Unis. Par la convertibilité fixe du dollar en or, les états nationaux sont demeurés comptables du prix international réel de leur monnaie. Les réserves de change en métal et en titres de dette publique étaient les contregaranties officielles reconnues entre banques centrales nationales. Les transferts en matière précieuse exécutaient une politique monétaire établie dans les lois nationales.

Monnaie libérale et politique vidée de sa substance

A partir de 1971, les États n’ont plus d’obligation les uns envers les autres. Les personnes morales publiques en puissance encore dirigées par des personnes physiques répondant du pouvoir d’achat international d’une monnaie ne sont plus que des motifs de spéculation. Vis-à-vis de leurs ressortissants comme de leurs créanciers étrangers, les États sont le prix arbitraire invérifiable d’actifs financiers en monnaie nationale. Le pouvoir factuel de donner substance à la monnaie est intégralement transféré au capital privé des banques. Les États sont émetteurs de titres mais comme n’importe quelle autre personne privée au service d’intérêts particuliers propres indépendants d’un intérêt général délibéré.

Depuis 1971, les prix internationaux et donc nationaux s’expriment par des monnaies dont la valeur n’est pas légalement définie en responsabilité réelle des personnes qui gouvernent et produisent. Ni matériellement, ni formellement, la quantité de signes monétaire en circulation n’est reliée à la légalité collective des biens partageables effectivement livrés aux personnes physiques. Les intermédiaires politiques et économiques de la valeur ne sont plus responsables de ce qu’ils peuvent produire au bénéfice des personnes.

L’euro achève la déconnexion entre la loi commune et le prix en mettant les souverainetés en concurrence sur l’interprétation des lois dans l’économie. Les contrats privés priment la délibération des lois. La réalité ne se définit plus dans les personnes quand la loi s’achète qui délimite les intérêts réciproques. La politique du Droit est asservie à la production des choses au bénéfice des propriétaires indéfinis et anonymes du capital. Le pouvoir politique n’est plus l’expression de l’intérêt général souverain mais d’une confrontation des intérêts particuliers en capital évalué et négocié par les seules banques.

Dans le régime de la libre circulation bancaire du capital, il n’y a pas de frontière pour distinguer les intérêts personnels ni solidariser les personnes à l’intérêt général. La parole politique mécanisée est vide de bien commun. Le calcul économique est réduit à des mathématiques sans sujet ni objet autre que l’accroissement anonyme de la quantification d’un réel absolument fictionnel. La seule finalité reconnu au travail dans le calcul exclusivement économique est la plus-value monétaire au coût marginal de la vie.

La légalité n’est plus obligation d’humanisation des individus. Le bien être n’est plus l’effet du vivre ensemble dans des sociétés. Le capitalisme libéral universel applique le dogme de la neutralité morale de la monnaie. La quantité des signes monétaires en circulation n’a rien à voir avec la réalité des biens servis aux personnes individuelles et collectives. Les prix de la production s’accumulent dans des dettes exponentielles. La masse des consommateurs est infiniment débitrice de quelques démiurges qui créent les vrais biens rentables par le prix exclusivement monétaire.

Le renard libre dans le poulailler sans porte

La finance libérale est démiurgique ; elle détient le monopole universel d’identification et de définition des biens négociables. La liquidation du prix par l’écriture du crédit en monnaie est le seul objet possible de négociation. La mécanisation de la loi dans le crédit bancaire scriptural se substitue totalement à la délibération sociale et politique du droit des personnes. Dans la loi libérale, le travail n’est pas le fait de la personne qui humanise la réalité. Le travail est une marchandisation de l’individu chosifié ; un coût soustrait à la plus-value du capital sur le prix de la consommation qui ne travaille pas.

Le compte bancaire dématérialise le travail de la personne pour la personne. La relation personnelle devient insaisissable par l’abolition des frontières politiques. Le sens des choses n’est plus rapportable aux relations entre les personnes par les sociétés. Il suffit pour cela que les personnes physiques ne soient pas exhaustivement et centralement identifiées dans un état civil. Tous les noms propres ne sont pas référencés dans une nationalité qui oblige à la responsabilité effective des biens négociés.

Le financiarisme libéral dissimule la cause du prix en monnaie dans la discontinuité du lien de la propriété au propriétaire. L’impossibilité délibérée de rattacher les prix à des personnes physiques responsables de la réalité des biens titrisés a deux conséquences géopolitiques fondatrices : les paradis fiscaux et les territoires physiques de non-droit. Le paradis fiscal est une légalité fictionnelle exonérant le dépôt financier de capital de la vérification par une loi souveraine. Les charges fiscales de souveraineté ne sont pas réglées qui pourtant permettent l’existence-même du capital.

Le paradis fiscal autorise la rémunération sans cause du capital par la seule décision du banquier exonéré de loi réelle par la loi écrite. Le territoire du non-droit trouve actuellement sa manifestation la plus affirmée dans le phénomène Daesh. Ce pseudo-état existe par anéantissement financier des États réels nominalement souverains sur le territoire occupé par Daesh. Il a suffi que le capital circule librement hors de la responsabilité des personnes dans des États irréels.

Les règles internationales du libre échange interdisent de taxer les flux aux frontières des États. Les droits des personnes ne sont pas assurables par l’application fiscale souveraine des lois nationales sur des territoires circonscrits. Les banques hors sol corrompent en toute liberté les pouvoirs politiques locaux au profit des intérêts particuliers qu’elles financent. Les intérêts particuliers exploitent les richesses naturelles, les vendent et les exportent à leur profit exclusif au mépris de l’intérêt général sans contribution aucune aux charges du bien commun.

L’argent de la terreur plutôt que la force de la justice

La prospérité économique et politique de Daesh est le fruit accompli de l’anarchisme économique libéral. Les intérêts agissant sous Daesh ne sont pas identifiables ni dans les flux de marchandises intraçables, ni dans les comptes bancaires hors sol, ni dans la propagande anonyme véhiculée par l’Internet. Les hommes de main de Daesh sont manipulés en n’importe quel point du globe par les mêmes techniques de programmation des consciences qu’utilisent les organisations capitalistes consuméristes du monde libéral. La conscience personnelle est affamée ; l’individu est sur-puissant.

La « sola scriptura », la monnaie scripturale, dont le capitalisme libéral réserve l’interprétation au seul intérêt particulier, actualise la vieille théorie de l’écriture divine incrée. Pour limiter à quelques prêtres politiques les bénéfices d’interprétation de la Loi, il est juste nécessaire d’inventer une écriture libre de la réalité inaccessible à l’intelligence commune des personnes concrètes. Les Omeyades ont inventé le coran inimitable pour fonder le premier califat. Les matérialistes libéraux perpétuent l’empire par l’économisme spéculatif. Les prix sont calculés en monnaie moralement neutre qui n’est pas vérifiable en droit réel des personnes égales en dignité.

Le capitalisme libéral est nihiliste comme le régime de dhimmitude dans le dar el islam. Le droit d’exister librement est financièrement payant. La valeur ne provient pas de l’égale dignité des personnes mais des fortunes inégales entre les individus. La répartition inégalitaire du capital et des pouvoirs traduit un ordre transcendant sans finalité ni raison intelligibles. Le paradigme est rentable dans l’impôt que les incroyants en islam, ou l’intérêt que les pauvres en capital, doivent verser à l’oligarchie pour acheter leur existence par le travail qui aliène sans motif.

Le nihilisme libéral pose l’impossibilité de la finalité vivante dans les personnes. Le travail détaché de sa raison d’être à informer le bien-être des personnes asservit les individus faibles aux individus forts. Si la mise en rapport des forces s’applique par un capital anonyme exclusivement financier, le politique a plus facile à promettre ce qu’il ne fera jamais, le banquier à financer ce qui n’est pas produit, le trader à spéculer sur la faillite des entreprises humaines, le manager à remplacer des personnes par des machines et des procédures, le communiquant à négocier du temps de cerveau en guise d’information et le ploutocrate à terroriser ses débiteurs avec les désespérés qu’il fabrique.

Souveraineté restaurée des personnes indexées en monnaie

Le terrorisme, l’état d’urgence civile, la guerre extérieure, la compétition législative entre États, la privatisation du bien commun, la dissimulation des identités personnelles et le dénigrement de la souveraineté sont les moyens nécessaires de la rentabilité du capital financier de l’oligarchie. Au contraire, l’établissement civil des personnes physiques reliées par des personnes morales fonde le capital des biens communs distribuables selon des besoins humains délibérables, discutables et vérifiables.

Le capital indexé par la personne signifierait que la monnaie ne peut être créditée qu’à des vendeurs de travail ; que le travail ne soit vendu qu’à des acheteurs effectivement responsables des biens capitalisés par le droit commun. L’abolition de la souveraineté et des frontières dénationalise la monnaie. Sans la nationalité des monnaies, la responsabilité des politiques, des banquiers et des entrepreneurs face aux personnes physiques n’est plus mesurable ; le prix des biens et des services est calculable sans la contribution aux charges communes d’assurance de l’existence intégrale des personnes. La souveraineté économiquement et juridiquement efficiente implique la personnalité morale de L’État de droit.

La personne publique incarnée est la seule protection réelle des pauvres contre la prédation des riches. Un État de droit est constitué en personne morale si et seulement si il dispose du pouvoir propre d’émission de sa monnaie, laquelle est définie comme prime d’assurance de toutes les obligations domestiques issues de la loi nationale. La monnaie qui assure la personne est adossée à l’état civil. Toute personne morale jusqu’à l’État dépositaire de l’état civil ne doit pas exister hors d’une identification exhaustive des personnes physiques qui l’incarnent.

Si l’État est assureur en dernier ressort des droits personnels, la responsabilité financière entre deux États distincts réciproquement débiteurs par leurs ressortissants ne peut se solder que par l’ajustement de la parité de change international. Le prix consolidé de toutes les dettes nationales publiques et privées à l’égard des personnes physiques nationales ou étrangères doit pouvoir varier dans les monnaies des autres États appliquant des droits différents de la personne. Sans la nationalisation des unités de compte, le remboursement obligatoire des dettes internationales signifie l’effacement des droits du plus faible entre des individus factuellement inégaux.

Un gouvernement juridiquement souverain ne disposant pas de sa propre monnaie est par force menteur, irresponsable et tyrannique. Si la monnaie est commune à des systèmes juridiques et des gouvernements distincts, les biens, services, dettes et liquidités produits sous une même juridiction ne sont pas librement négociables dans une juridiction alternative. La légalité et la justice ne peuvent pas avoir un prix propre comparable à d’autres juridictions.

Sortir la monnaie de la guerre d’anéantissement du travail personnel

Aux États-Unis comme en zone euro, les injustices entre les juridictions étatiques bien distinctes sont résolues par des dettes assises sur des non-valeurs. Il n’est pas possible de dévaluer une juridiction fautive pour qu’elle répare par sa production en monnaie domestique les dommages mesurés selon ses propres lois aux personnes nationales et étrangères. Sans monnaies distinctes, les citoyens n’ont aucun moyen de calculer le prix de leurs créances de justice sur les dirigeants des sociétés où ils travaillent.

A cause de la monnaie unique dans les 18 États de l’euro, les États forts sont instruments de pillage des États faibles. Les gouvernements surendettés doivent voter des lois iniques et aberrantes pour simuler une contre-réalité positive à des créances nihilistes impossibles à déprécier. A cause du dollar monnaie mondiale de réserve, les banques de droit divin utilisent impunément l’épargne des travailleurs pour volatiliser les prix des matières premières, acheter les lois et les gouvernements et financer l’exploitation des humains et de l’environnement dans les pays pauvres par le chômage et la dette des pauvres dans les pays riches.

La monnaie sans la souveraineté des personnes produit la fiction des richesses par la misère humaine. Dans la misère libérale, l’intelligence s’arrête à la représentation monétaire ; elle n’a plus accès à la réalité. Pour restaurer une valeur du réel dans le calcul des prix, les personnes physiques n’ont d’autre moyen que la réintégration forcée de leurs élites dans le corps de loi de leur puissance souveraine. Un crédit bancaire non rattaché à un objet légal doit avoir un prix nul en monnaie. Le dépôt dans la loi commune est vérifiable par les sociétés intermédiaires qui produisent le bien. Le prix déposé n’est garanti en capital qu’à la condition du travail de tous ses propriétaires.

Dans la zone euro, le prix d’un objet produit hors de la souveraineté européenne doit être nul sauf si un ressortissant physique d’une loi européenne se porte garant du prix non nul par son travail déposé en euro. Tout actif comptabilisé dans un paradis fiscal par une banque empruntant à la BCE doit avoir un prix nul sauf si le propriétaire réel déclaré règle la prime d’assurance fiscale du droit d’usage de son pouvoir d’achat. Tout importateur de quoique ce soit doit se porter garant fiscal selon une loi européenne, des droits personnels des travailleurs étrangers ayant produit le bien importé.

Titriser la souveraineté pour la rendre au citoyen

Toute loi européenne invoquée en justification du prix non nul d’un bien vendu sur le territoire de l’euro, doit être déposée au nom d’un État souverain. La souveraineté en euro implique la responsabilité personnelle financière illimitée des dirigeants politiques, laquelle est assurée par le capital de l’État confédéral indépendant des intérêts nationaux. La confédération des démocraties souveraines en euro a son propre corps de loi dont l’application est financée par une fiscalité propre indiscutable par les États nationaux ou locaux. En contrepartie, les recettes fiscales nationales et locales sont garanties par la confédération selon le jugement que la démocratie politique confédérale pose sur la conformité des gouvernances locales aux lois locales et communes.

A quelque niveau qu’elle s’exerce, la souveraineté est responsable d’elle-même à la condition de sa parité de change propre à l’intérieur de la zone euro. Le franchissement d’une frontière marque le changement de formulation de la loi dans une responsabilité juridictionnelle différente. La parité de change variable selon le ressort juridictionnel produit une rémunération monétaire non spéculative de l’efficacité gouvernementale. Une souveraineté en excédent de paiements courants sur une autre souveraineté en euro est en plus-value de légalité domestique par rapport à la loi commune des Européens.

La traduction financière de la plus-value de souveraineté est une réévaluation de la parité par laquelle les ressortissants des États en déficit paient une taxe de change au budget confédéral. Le risque de change intrinsèque entre des souverainetés distinctes devient la base de la fiscalité confédérale dont la finalité spécifique est l’assurance du droit des personnes physiques et morales sur tout le territoire de l’euro. La banque en euro n’est plus au-dessus de l’intérêt général mais dépositaire de l’identification et du prix des droits particuliers de chaque personne.

Tous les prix sont librement négociables à la condition du dépôt des biens négociés dans une légalité souveraine. Le prix des parités souveraines de l’euro et du capital des banques asservies à une souveraineté est la propriété de la personne morale étatique domiciliataire. Les charges et les revenus de la stabilité financière des monnaies et du crédit reviennent à l’intérêt général et non à des intérêts spéculatifs particuliers privés. La monnaie ne peut plus être émise sans la réalité visible des personnes engagées dans la Loi.

Sacrifier l’humanité à la barbarie libérale ou investir dans la démocratie

Le système de la monnaie civilisée est descriptible à partir de la philosophie politique européenne parce que mûrie dans la plus longue expérience de la démocratie. Le système étatsunien libéral a été imposé en Europe par la cupidité des élites. Il va sans dire que les règles ici posées de la civilité financière sont incompréhensibles aux actuels détenteurs du capital. La barbarie produit des taux de profit plus alléchants que la démocratie. Mais il apparaît bien aujourd’hui que l’oligarchie barbare ne remboursera jamais ses dettes. La crise financière est devenue crise politique et géo-politique de toute la civilisation humaine.

La solvabilité de l’économie réelle ne peut pas être restaurée sans déclarer la faillite du capital libre de la responsabilité personnelle réelle des emprunteurs de la loi en monnaie. La démocratie produit davantage de réalité collatérale aux dettes car elles engage toutes les personnes dans la délibération, la production et la transformation des biens qui satisfassent la demande humaine. Tout candidat aux prochaines élections qui ne promette pas une refondation de la souveraineté sur la responsabilité des personnes est assurément un bonimenteur rémunéré à proportion des gogos suicidaires qu’il aura captés par les urnes.

Ne pas rétablir les frontières du capital dans l’économie de la personne au service des personnes, c’est explicitement et matériellement subventionner la mort, Daesh et la guerre civile mondialisée.

CapitalCreditMonnaieCouverture

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15 juillet 2015 3 15 /07 /juillet /2015 18:27

La petite Grèce n'a pas la masse critique suffisante pour exister dans la guerre civile mondiale du capital libéral contre le travail. Elle est obligée d'accepter un statut d'occupation comparable à celui qu'elle avait sous l'Empire ottoman, puis sous l'empire de la sainte alliance post napoléonienne, puis sous le Troisième Reich, puis sous l'empire étatsunien. La Grèce va revenir à la guerre des partisans et du noyautage des institutions impériales qui l'avilissent.

La vraie mutation à laquelle nous assistons n'est pas grecque mais bien européenne continentale. L'intermède de l'union démocratique des nations européennes est refermé. Les empires mondiaux se mettent en ordre de bataille pour émerger en position de force dans le contrôle du capital totalitaire. Comme en 1940, la République Française se met en veilleuse pour ne pas affronter le pan-germanisme et pour combattre le communisme du travail qui menace les acquis bourgeois.

Pour l'avenir, paraphrasons l'appel du 18 juin 1940 :

"Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !

Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.

Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire [une immense civilisation]derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique [avec la nouvelle économie numérique de la connaissance mondialisée] qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre [les Google, Amazone, Facebook, Apple], utiliser sans limites l'immense industrie des États-Unis [l'immense ressource des technologies numériques].

Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France [la bataille de Grèce]. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique [la liquidité financière mécanique], nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure [la monnaie universelle des démocraties]. Le destin du monde est là."

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16 juin 2015 2 16 /06 /juin /2015 09:00

19'38 : "Ils [l'Eurogroupe] se sont contentés d'affirmer que le gouvernement grec n'était pas insolvable mais avait un problème de liquidité. En accordant le plus gros crédit jamais accordé dans l'histoire de l'humanité à un État insolvable, en s'étant affichés en banquiers corrompus de troisième rang, ils ont commis un crime contre l'humanité."

45'20 : "Les politiciens français sont des animaux rigolos. Ils ont la capacité de dire à différents auditoires ce qu'ils veulent entendre. [...] Officiellement et en public, les politiciens français ont très peurs de se retrouver du mauvais coté par rapport à la Bundesbank."

"Les politiciens allemands ne sont simplement pas dans le coup d'une possible remise en cause de l'architecture de la zone euro. Pour eux, c'est à prendre ou à laisser. Si çà ne vous plait pas, vous dégagez."

48' : "La Chancelière allemande n'est pas en addiction de pouvoir, mais se sent en devoir de ne pas affaiblir la fonction de chancelier. Que ce soit pour elle ou pour son successeur. Cela signifie qu'elle ne veut pas altérer la position de forte asymétrie entre Paris et Berlin dans le contexte des sommets de l'UE. Car si on approfondit dans le sens de vos propositions [de Yanis Varoufakis], poursuit mon interlocuteur [un haut fonctionnaire allemand], l'Allemagne ne pourra jamais s'extraire de l'euro. Dès que nous aurons une vraie union bancaire ; dès que nous aurons une dette italienne, grecque, espagnole officiellement refinancée par la BCE, il sera impossible à l'Allemagne de lever l'ancre pour prendre le large."

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6 février 2015 5 06 /02 /février /2015 13:07

La France va-t-elle sauver l'Allemagne en sauvant la Grèce européenne ?

La BCE est subvertie par les rigidités mentales issues de la non-politique franco-allemande face au retour de la politique en Grèce. La suspension de l'escompte des titres grecs est une nécessité juridico-contractuelle de la technocratie franco-allemande. La Grèce n'appliquant plus le programme de la Troika ne peut plus en droit monétaire nominal recevoir des crédits de la BCE. Mais sur un plan réglementaire international, la décision de la BCE est interprétable comme un événement de défaut qui déclenche un grand nombre d'appels en garantie sur les contrats de dérivés de crédit (CDS) dont les banques en euro sont gorgées en tant qu'assureurs et assurées.

Le marché mondial des CDS n'étant pas organisé ni régulé, la BCE ne peut que s'inquiéter de la réaction en chaine que le défaut grec officialisé entraine dans tout le système bancaire mondial. Pour la première fois depuis la panique de 2008, un événement de défaut frappe une banque centrale et ses actionnaires souverains qui n'ont pas de règles opérationnelles pour mesurer et se répartir la perte entre eux. La prise de position d'Obama en faveur de la Grèce est aussi un avertissement formel à la France-Allemagne que la Réserve Fédérale n'a plus les moyens constitutionnels et juridiques d'intervenir aussi massivement qu'en 2008 pour renflouer toutes les banques qui risquent de tomber derrière le défaut financier de la Grèce et de la BCE. Les gouvernements allemands et français sont donc obligés de faire leur comptes tout seuls le prix réel de l'attitude qu'ils entendent adopter face au peuple grec et à leurs opinions publiques.

La classe politique franco-allemande se retrouve complètement piégée dans le discours de la pseudo-rigueur qu'elle a tenu à l'opinion publique allemande. Le déni de réalité d'une monnaie non adossée à un pouvoir politique fiscalement cohérent apparaît massif aux opinions publiques qui voient leurs gouvernements nationaux dépassés. Et cette fois-ci, la zone euro ne sera pas soutenue par la Réserve Fédérale. La fuite de la matière fiscale et de la liquidité systémique dans le shadow banking et les paradis fiscaux ne sera pas compensée par des crédits centraux en dollar. Or dans la finance off shore, les conflits ne se règlent pas avec des juges publics mais avec des contrats mafieux où aucun argument n'est illégal. La zone euro qui ne repose pas sur un État supranational ni même sur une alliance militaire concrète d’États nationaux est totalement désarmée face aux arguments des États-Unis, de la Russie ou de la Chine.

La direction franco-italienne de la BCE est de fait en conflit ouvert avec l'actionnaire allemand majoritaire. La BCE mène donc deux politiques contradictoires vis-à-vis de la Grèce pour éviter le pugilat au sein de son conseil et entre les administrations française et allemande. La BCE ne fait plus directement la liquidité des titres grecs mais elle accorde une autorisation de découvert officiellement d'urgence aux banques grecques. La BCE est donc un machin inerte dans le jeu politique que la Grèce a initié. Devant le tsunami qui arrive, le gouvernement allemand oscille entre l'autisme et la pétrification. L'Allemagne sans tête s'achemine vers la sortie de l'euro. A moins que la politique française ne renaisse pour proposer de sauver l'Allemagne en sauvant la Grèce par un vrai système politique européen fondé sur un gouvernement financier confédéral où  la monnaie commune sera assurée par une fiscalité commune du capital en couverture de la stabilité du crédit des Etats et des banques en euro.

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29 novembre 2014 6 29 /11 /novembre /2014 16:40

Quelles sont mes possibilités réelles de faire naître la chambre de compensation dont je parle sur ce blog et chez Paul Jorion depuis maintenant deux ans ?

Il ne suffit pas en effet qu'un projet soit beau pour son auteur et généreux pour la société pour justifier l'énergie dépensée et la précarité économique et sociale qu'il induit. La vraie morale des gens responsables est ancrée dans la réalité telle qu'elle est et telle qu'elle peut devenir effectivement ; un projet est moralement viable s'il offre une perspective réelle et véritable d'apporter un bien économique pour la société ainsi qu'à ceux qui y travaillent.

Quelle est la réalité actuelle générale et particulière, pour moi entrepreneur en gestation, et pour tout entrepreneur en acte ? La crise dans laquelle nous sommes enlisés depuis 2008 et qui a déclenché la présente recherche, est une réalité très profonde. Les sources sont asséchées du capital financier et du crédit bancaire. Le niveau de vie ne progresse plus qualitativement et tend à stagner quantitativement à l'échelle mondiale. Des secteurs essentiels de l'économie s'affaissent. Les États de droit sont inexorablement mis en faillite.

Outre que le nombre de gens sans travail ou en situation précaire ne cesse d'augmenter, les dettes publiques ont explosé dans le monde entier. En France, la dette publique est passée en 7 ans de 60% à 100% d'un PIB (prix total de la production annuelle de la France) qui a stagné et peut-être régressé.

Notre système économique est en faillite selon ses propres critères de constitution. Il ne répond plus à sa finalité ni à sa raison d'être de donner au maximum de monde les moyens de vivre correctement en contribuant effectivement à la production des biens par le travail et l'entreprise. Sous l'angle comptable et financier, la masse mondiale des dettes croît irrémédiablement plus vite que la production et les revenus. L'effondrement des banques et des monnaies est depuis 2008 comptablement dissimulé par une énorme création de liquidité par les banques centrales. La banqueroute s' inscrit dans les réalités quotidiennes ; les services publics fondamentaux qui permettent la croissance économique sont en cours de démantèlement pour freiner provisoirement la croissance des dettes dans l'attente d'un système économique et financier alternatif.

Comme je suis issu de la banque, mon parcours professionnel est déterminé par la crise. J'ai accepté de prendre du champ parce que je ne voyais plus le sens de ce que je pouvais faire. En tant que cadre dirigeant, j'avais été obligé d'exprimer mes réserves sur la moralité, la légalité et l'honnêteté des opérations dont j'étais coresponsable. J'ai mis à profit ma liberté professionnelle retrouvée pour démontrer dans un livre que le système politique et financier mis en place dans les années quatre-vingts est économiquement incohérent, c'est à dire destructeur des réalités humaines. La désintégration à laquelle nous assistons est donc la conséquence directe de l'inconscience ou de la folie des élites de pouvoir.

J'ai choisi de m'exposer à la déchéance professionnelle pour montrer l'aberration de notre système économique qui, pour faire de l'argent avec de l'argent, ignore les compétences professionnelles à entreprendre et produire du vrai. En réalité je n'ai jamais autant travaillé, inventé et produit que depuis que je suis en congé du système. Bien évidemment, je survis grâce à la solidarité économique du pays hautement civilisé dont je suis un citoyen. Bien sûr, dans le système actuel de barbarie économique et financière, je suis un assisté et un parasite. Si je fais partie des pauvres, j'apprends à comprendre ce qu'est la précarité organisée par le système. En contrepartie je peux apprécier de ne pas vivre contre ma conscience.

Au stade actuel de programmation de la chambre de compensation, je prouve qu'il existe un système économique alternatif au délire actuel. Il consiste simplement en un rétablissement des lois et de la responsabilité personnelle telles qu'elles ont existé jusque dans les années quatre-vingts. Aujourd'hui, grâce aux technologies numériques d'information et de réseau, l'application de la loi, des contrats et de la responsabilité des personnes peut être rendue vérifiable par la monnaie. Il suffit que la monnaie soit numériquement émise proportionnellement au contrôle politique et juridique effectif des sociétés produisant des biens réels vrais, c'est à dire au service des gens qui achètent en vendant leur vrai travail. La monnaie qui comptabilise les prix ne pourra plus être utilisée comme un voile masquant la responsabilité des faux dirigeants.

La logique de la compensation est connue et appliquée au moins depuis Aristote. Les soi-disant élites qui ont pris le pouvoir mondial par la révolution libérale et par la globalisation financière, appliquent la compensation mais a leur profit exclusif grâce aux paradis fiscaux et à l'extra-territorialité financière du capital. La présentation que je fais des possibilités de la compensation numérique que je programme a évidemment pour les élites parasitaires un caractère hautement subversif.

Mon projet consiste à appliquer les techniques financières et juridiques d'aujourd'hui à la proposition qu'avait fait Keynes en 1944 d'un système monétaire véritablement international. Il réalise l'égale responsabilité des États et des intérêts bancaires dans l'équilibre général de l'économie, de l'échelle de la micro-entreprise à celle de la société mondiale. Comme le système actuel de la libre circulation du crédit en dollar donne tout le pouvoir aux banquiers et aux actionnaires privés anonymes, tout système alternatif qui rétablirait l'équilibre des droits et devoirs entre banquiers et non-banquiers se trouve par définition non finançable. Il précipiterait la liquidation des fausses dettes des non-privilégiés vis-à-vis des privilèges fabriqués par la finance dérégulée.

Au-delà du renouvellement au demeurant simple des techniques de compensation, nous sommes en réalité dans une crise morale très profonde ; en fait une véritable guerre de religion entre une poignée d'élus par la divine magie du "business" et un peuple mondial de gens de bonne volonté envoûté par la richesse virtuelle des puissants. La religion de l'argent substitue le capital financier fictif au travail réel collectif comme cause véritable du bien être.

Tous ceux qui entrent dans un dialogue direct avec leur concitoyens pour se répartir le travail qui réponde aux besoins humains délibérables et véritables, sont excommuniés par les prêtres du business. Les faux entrepreneurs se sont arrogés par l'argent le monopole de la rationalité économique. La religion de l'argent servie par le catéchisme du business libre a instauré le veau d'or au centre de toute réalité digne de l'attention humaine.

Vu du système actuel, la chambre de compensation est par nature et par définition vouée à l'échec. Chaque jour supplémentaire qui passe sans contrepartie en espèces sonnantes et trébuchantes, vient montrer que le rêve est rêve sans réalisation possible. La compensation des prix en monnaie par la réalité humaine commune ne commencera à fonctionner que dans la discrétion en marge du système actuel. Les premières communautés de compensation seront aussi marginales que les israélites et les premiers chrétiens dans l'empire romain. Mais le nouveau système d'échange rétabli sur la monétisation des biens économiques réels, supplantera le système financier actuel aussi massivement et rapidement que Google a remplacé nos répertoires et nos dictionnaires. L'humain n'a pas une capacité infinie à supporter l'inefficience de son labeur.

Dans le nouveau monde en construction sous les ruines visibles de l'ancien monde, le vrai défi n'est plus l'argent et la reconnaissance sociale mais le langage de la communion réelle, le langage de la finalité commune possible des biens. Pendant que les gens de business se dessècheront isolés dans leur fausse monnaie, les gens qui entreprennent et travaillent dans le réel vont inventer le langage du partage et du don de ce qu'ils sont capables de connaître et de transformer. Comme la révolution libertarienne a récusé la "communion des saints" depuis le XVIème siècle, nous ne savons plus comment elle opère. Mais nous sommes capables de réapprendre. Le mobile et la finalité de la compensation monétaire numérique des réalités humaines est tout simplement la communion des saints !...

Que croyons-nous et que voulons-nous ? Qu'allons-nous donc choisir ?

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8 septembre 2014 1 08 /09 /septembre /2014 11:40

Restaurer la condition monétaire de la démocratie

Régime mondial de la guerre de tous contre tous

Le capitalisme financier libéral est le système économique mondial depuis la chute en 1991 du capitalisme communiste autoritaire de l'empire soviétique. L'effondrement du système de la propriété collective des moyens de production en Russie et en Ukraine a laissé la place à un capitalisme oligarchique sauvage que des États de droit nominaux trop faibles ne peuvent ni réguler ni tempérer. Comme dans l'Occident libéral, le capital productif est entre des mains exclusivement privées poursuivant des intérêts particuliers inconvertibles en bien commun.

L'Occident libéral et l'Occident russe ont le même système de propriété du capital. Mais il demeure aux États-Unis et en Union Européenne un résidus de structures étatiques qui interdisent la guerre ouverte entre les intérêts particuliers. La discussion publique sur la possibilité d'un intérêt général n'est pas totalement abolie à l'Ouest. En Russie et en Ukraine, tout est de fait privatisé derrière une loi publique quasiment décorative. Les clans et les mafias industrielles, financières contrôlent intégralement la politique économique de production et de distribution des moyens de vie et d'enrichissement.

A l'Est comme à l'Ouest, il y a la même explosion des inégalités de niveau de vie et de responsabilité entre ceux qui vivent du prix de leur travail et ceux qui spéculent sur l'instabilité du capital. La différence majeure est dans la persistance d'une puissance publique d'arbitrage et de régulation de l'économie plus forte à l'Ouest qu'à l'Est. Les cadres idéologiques opérant sont identiques : inexistence d'un intérêt général réel, c'est à dire d'un régime d'égalité des droits et devoirs à vivre des fruits de son travail plutôt que du pillage du bien commun qu'est le désir de justice dans le vivre ensemble.

La chute de l'empire communiste a levé à l'Ouest toutes les barrières morales à la prédation du bien commun par le capitalisme financier libéral. Le financiarisme libéral pose l'impossibilité du bien commun par l'individualisation absolue de tout intérêt. L'intérêt général ne peut pas exister du fait que tout individu se retrouve en guerre contre tous les autres pour le pouvoir et la richesse individuels. L'effacement de l'intérêt général par le capitalisme libéral a été accompli dans deux guerres mondiales qui ont rendus les États souverains infiniment débiteurs du système financier privé de collecte de l'épargne des citoyens.

Fin du non-système de la guerre des systèmes

La guerre civile ukrainienne est l'un des derniers spasmes de l’État du droit nominal qui rend non réalisable le régime de la souveraineté de l'intérêt général. Le système de souveraineté par les États-nations a été maintenu au sortir de la deuxième guerre mondiale parce qu'il rendait lisible la guerre idéologique entre la liberté formelle et l'autoritarisme communiste. Plus profondément, le remboursement des dettes de guerre des États à leurs citoyens obligeait de toute façon les nations à se soumettre soit au système financier libéral en dollar soit au Gosplan soviétique. Les nations n'étaient plus libres car les États avaient perdu leur capacité d'émission monétaire au bénéfice du système bancaire international garanti par la Réserve Fédérale des États-Unis.

Le financiarisme libéral arrive au bout de sa course en Ukraine. Il est incompréhensible et incontrôlable par les peuples et il ne permet pas à différents peuples de cohabiter sur une même terre. La rentabilité marginale du financiarisme libéral repose sur la guerre nécessaire. L'Ukraine est à la frontière des deux visions nationaliste et internationaliste du capitalisme libéral antagonique. Ce pays ne peut basculer ni du coté de l'OTAN-Union Européenne ni du coté de l'empire russe : le basculement de l'Ukraine signifierait la fin de la guerre civile mondiale nécessaire au contrôle du vivre ensemble par la finance capitaliste privée.

Le président russe s'est opposé à l'intégration de l'Ukraine dans l'espace de l'Union Européenne car les oligarques russo-ukrainiens auraient perdu le contrôle de la frontière occidentale de l'Ukraine, donc des recettes commerciales et douanières qu'elle génère. La position de l'UE est elle, totalement indéterminée : l'intégration de l'Ukraine est politiquement valorisante car elle accroît le prestige d'une union de façade qui n'a par ailleurs aucune prise sur les réalités économiques et politiques. Sur un strict plan économique, les banques et firmes multinationales européennes ont plus à perdre qu'à gagner dans le pourrissement des relations entre l'Est et l'Ouest.

Le gagnant provisoire, s'il y a quelques plus-values financières à réaliser, est le système politico-financier des États-Unis. Barack Obama peut rappeler qu'il préside quelque chose en faisant manoeuvrer militaires et diplomates. Mais c'est surtout le système financier en dollar qui gagne quelques semaines de survie en paraissant plus éloigné de la zone de conflit et en finançant les belligérants de tous les cotés. Le perdant provisoire de la guerre civile ukrainienne est à coup sûr la démocratie et le reste d'amour de la démocratie que la kleptocratie libérale n'est pas parvenu à éradiquer dans l'âme des peuples.

La guerre civile ukrainienne ressemble furieusement à la Guerre des Balkans provoquée par le démantèlement de l'Empire Ottoman à la veille de la première guerre mondiale. Le pouvoir politique européen complètement polarisé par la guerre des intérêts économiques et financiers avait été incapable du moindre arbitrage au nom de l'intérêt général. La première guerre mondiale devint l'issue nécessaire à l'effacement du pouvoir politique par le financiarisme libéral. Quand l'intérêt général n'a plus de représentation efficace, la guerre de tous contre tous est le plus sûr moyen de soutenir la rentabilité du capital nominal mis en sûreté dans les paradis fiscaux.

La finance et la politique en guerre contre l’État de droit

Vladimir Poutine et Victor Porochenko sont dos au mur à cause de la fuite des capitaux et de l'effondrement des recettes fiscales de leurs États officiellement rivaux. Derrière les apparences politico-médiatiques d'une rivalité Est-Ouest, le capitalisme libéral fait tout simplement la guerre aux peuples au cas où ils voudraient travailler pour vivre les uns par les autres plutôt que comme esclaves des oligarchies de l'argent. Ce qui se joue en Ukraine, c'est l'alternative entre une transformation de la guerre froide de la finance en guerre civile mondiale généralisée ou bien la reconstruction d'un ordre politique international stable du vivre ensemble.

L'ordre géo-économico-politique issu de la deuxième guerre mondiale est totalement obsolète. Il conduit nécessairement à la guerre générale pour simuler la solvabilité financière. L'accumulation de dettes par la guerre chaude ou froide ne permet plus d'asservir les peuples. La mondialisation dans la transparence numérique ne permet plus de dissimuler le gaspillage de la richesse empruntée aux peuples par la sous-rémunération du travail. Si les États emploient les maigres recettes fiscales qui leur restent à financer les guerres que les politiciens provoquent pour cacher leur impéritie et si les banques prêtent l'épargne des travailleurs à l'industrie de la guerre capitaliste, tout le système se précipite dans l'insolvabilité car il devient explicitement suicidaire de travailler pour payer des impôts et rembourser ses emprunts.

Le krach des subprimes n'est jamais que la faillite du système financier libéral ; celui qui a financé les guerres des États-Unis contre les peuples qui se construisent par la souveraineté monétaire. L'Union politique des Européens a été sabotée par la monnaie unique ; elle instaure la guerre économique entre des vieilles nations privées de vrais États souverains nationaux et fédéral qui puissent garantir le remboursement des dettes par leurs ressources fiscales propres. L'euro pérennise l'obligation mondiale d'emprunter à la Réserve Fédérale des États-Unis. Maintenant qu'il n'existe plus aucun pouvoir politique responsable dans le magma européen, l'Otan peut prononcer des sanctions contre la Russie pour exciter les peuples les uns contre les autres.

La rupture majeure entre 1914, 1939 et aujourd'hui est dans la révélation désormais explicite de l'incongruité économique du financiarisme libéral. La contradiction réside dans la disjonction absolue et délibérée entre la dette financière mondiale et l'économie réelle du capital et du travail. Aucun observateur attentif et honnête de l'équilibre géo-économique mondial ne peut ignorer que la réalité économique interdit le remboursement de toutes les dettes comptabilisées dans le système financier. Il est désormais impossible de ne pas répartir les pertes. Le problème est bien politique.

La Russie et l'Ukraine cherchent à contrôler le Donbass simplement pour saisir du collatéral réel contre leur émission monétaire dont la crédibilité s'effondre auprès des acteurs économiques réels. Bien évidemment, ce que pensent et veulent les ukrainiens russophones du Donbass n'a aucune espèce d'importance quand il s'agit de faire rentrer les impôts en Russie et en Ukraine. Le raisonnement d'Angela Merkel et de François Hollande obéit à la même logique. Il faut faire peur pour que les impôts rentrent afin que l'Allemagne et la France soient crédibles à garantir leurs banques en faillite qui financent les belligérants d'Ukraine.

Pas de démocratie sans marché des changes régulé par la responsabilité politique

Comme les capitaux circulent en totale liberté, grâce au dollar et à l'euro, hors de tout contrôle et de toute fiscalité d'intérêt général, un responsable politique ne peut que brailler et gesticuler pour donner l'illusion qu'il agit pour le bien de ses électeurs. S'il existe encore un pouvoir politique qui veuille prévenir le chaos général, il décidera de rétablir la responsabilité politique de l'économie par la souveraineté monétaire. La monnaie est la capitalisation économique d'un bien commun assurable par des États de droit délimités et identifiés. Sans la territorialisation des monnaies par la souveraineté du Droit, il est impossible de mesurer l'efficacité économique d'un pouvoir politique constitutionnellement régi par la Loi et le service de tous les citoyens.

La finalité économique d'un marché des changes entre des monnaies adossées à des systèmes juridiques souverains est d'assurer le risque d'injustice par la mutualisation fiscale entre et dans les communautés de citoyens. Les États-Unis d'Amérique ne sont pas une vraie démocratie car le même dollar sert à mesurer la responsabilité des gouvernements fédérés, du gouvernement fédéral et de tous les autres gouvernements du monde emprunteurs obligés sur le marché du dollar.

L'Union Européenne n'est pas une démocratie car la parité de l'euro en dollar mesure l'efficacité du système politique européen comme si les gouvernements allemand, italien, espagnol et français étaient identiques dans leurs politiques territoriales, sociales et économiques. L'Allemagne et la France ne sont plus gouvernées mais administrées par un pouvoir financier vaguement communautaire qui ne contient aucun principe de solidarité. Le capitalisme libéral est le régime de l'irresponsabilité parfaite du réel. La politique de la zone euro est dirigée par les algorithmes des traders et avocats de Londres, New-York, Dubaï et Singapour.

L'Ukraine et la Russie ne peuvent pas construire leur démocratie car tous les actifs réels de leurs marchés interdépendants sont titrisés dans les bourses de l'Ouest et déposés en garantie de leurs dettes en euro et en dollar. Les oligarques russes et ukrainiens négocient d'égal à égal avec leurs pouvoir politique du fait que les dépôts privés qui financent les dettes publiques sont dans les paradis fiscaux de l'Ouest. Le système financier libéral en euro-dollar est la cause de la guerre civile ukrainienne qui nourrit toutes les filières de corruption et de spéculation contre la paix civile.

De la même manière qu'il y a abandon définitif de la démocratie en Amérique et en Europe tant que les monnaies ne sont pas re-nationalisées et re-souverainisées, il n'y aura pas de paix et de démocratie en Ukraine tant que l'Ukraine russophone n'aura pas sa propre monnaie dans une confédération ukrainienne ; tant qu'il n'y aura pas un vrai marché des changes européo-russo-ukrainien régulé et supervisé par un État confédéral européen qui garantisse la démocratie par un euro confédéral convertible en responsabilité politique nationale.

Il est temps que les citoyens d'Europe se remettent au travail !

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4 septembre 2014 4 04 /09 /septembre /2014 16:05

Le krach des subprimes en 2008 a révélé au grand jour la guerre mondiale numérique. Cette guerre internationale de l'argent a pris le relais de la guerre froide militaire et idéologique qui s'est conclue par l'effondrement de l'empire soviétique en 1991. L'argent est la matérialisation visible en espèces et en comptes bancaires de la monnaie. La monnaie est un phénomène numérique de réduction des échanges économiques par les prix des objets de bien produits et consommés par les humains. Eu égard à l’extrême diversité des biens et services dont les humains ont besoin pour vivre, le seul moyen logique de rendre les échanges liquides est de réduire la diversité par le nombre, en l’occurrence par le prix en monnaie.

Le prix en argent est une loi pratique de répartition des richesses à l'intérieur des sociétés. La fixation des prix par les lois politiques et les rapports de force entre acheteurs et vendeurs détermine l'existence des monnaies dans les nombres inscrits dans les comptabilités bancaires. Jusque dans les années quatre-vingts où justement l'empire soviétique s'est effondré, la monnaie était émise et contrôlée par les États. Les banques ne pouvaient pas faire crédit ni comptabiliser les dépôts correspondant sans rendre compte de toutes leurs opérations au pouvoir politique légal.

Les États souverains étaient assureurs en dernier ressort du système des monnaies et, par les banques centrales qu'ils contrôlaient, prêteurs en dernier ressort. La dérégulation bancaire et financière des années quatre-vingts a rendu toutes les banques centrales juridiquement indépendantes ; la dérégulation a imposé une auto-assurance des banques par elles-mêmes. En théorie, la libéralisation des marchés financiers reposait sur des règles précises et rigoureuses de capitalisation des banques qui devaient permettre de faire face à n'importe quelle crise sans avoir à emprunter de la liquidité dans les budgets publics des États.

En pratique, les krachs se sont multipliés depuis 1988. Les banques et les marchés financiers n'ont jamais maîtrisé le risque par eux-mêmes sans recourir au crédit et à l'arbitrage des États. Le système financier mondial ne reste à flot depuis le krach des subprimes que grâce au crédit illimité des banques centrales adossé à la croissance illimitée des dettes publiques et à l'accumulation de dépôts bancaires dans les paradis fiscaux. La finance s'est totalement déconnectée de l'économie réelle. L'investissement réel n'est plus financé ; la croissance mondiale tend vers zéro. Les prix financiers se maintiennent pendant que la déflation progresse et que la satisfaction réelle des besoins humains régresse.

Attrition du bien commun réel par la finance numérique spéculative

Le libéralisme financier se révèle en pure posture idéologique dont la finalité pratique est de justifier un ordre économique où une classe minoritaire de riches n'a pas d'obligation de solidarité réellement économique avec le reste de l'humanité. La finalité de l'économie n'est plus de satisfaire les besoins humains mais de distinguer une élite de sachants appelée à faire avancer le monde selon ses finalités propres en monnaie purement privée déconnectée de la délibération du bien commun. La guerre numérique a ramené le monde à son équilibre primitif où la paix sociale ne se maintient que par l'asservissement des masses à quelques intelligences spéculatives supérieures.

La guerre froide numérique repose sur l'informatisation de la monnaie. La numérisation informationnelle de l'argent a permis de soustraire les circuits financiers à la surveillance politique transparente et publique du droit. Toutes les règles politiques de la liquidité et du crédit ont été transcrites en langage informatique illisible par le débat politique, par le juge judiciaire et par le citoyen. Grâce à l'informatique, les banquiers et directeurs financiers de l'économie réelle peuvent prétendre à la légalité sans parler les langues vernaculaires par lesquelles les règles de droit sont compréhensibles au commun des mortels.

Le langage informatique a une efficacité spéculative extraordinaire : il est absolument universel alors que les langues vernaculaires sont par nature nationales, locales et spécialisées. La monnaie numérique ne connaît aucune frontière sauf celles que les banquiers créent pour générer des profits d'arbitrage. La politique et l'économie réelle des humains non initiés ne peut strictement rien saisir de la finance numérique si les intérêts financiers sont rendus numériquement illisibles à l'intelligence sensible. La libre circulation du capital hors de toute fiscalisation par les États de droit nationaux a été la condition juridique et politique de l'émancipation absolue des intérêts financiers par rapport aux intérêts réels.

La guerre numérique systémique

La crise des subprimes est définitivement sans solution en économie réelle parce que les modèles informatiques qui déterminent le crédit et les investissements bancaires sont juridiquement et légalement déconnectés de la réalité sensible échangée entre les humains. Le système mondial de la monnaie imposé par la révolution libérale superpose les zones monétaires les unes sur les autres de façon à dissoudre toute responsabilité politique, juridique et économique de l'équilibre général des prix. Concrètement, les banques choisissent les règles qu'elles appliquent par la monnaie dont elles libellent leurs contrats.

Elles ont par ailleurs une totale liberté de conversion monétaire des opérations au taux de change qui leur convient. Les États, les banques centrales et les soi-disant autorités de régulation et de supervision sont réglementairement aveugles sur les masses monétaires, sur les prix réels des actifs financiers et sur les parités réelles entre monnaies. Le système financier mondial est fondé sur la concurrence mais les objets et les règles de la concurrence sont propriétés privées exclusives d'acteurs supra-nationaux qu'aucune loi humaine politique ne peut atteindre. Paul Jorion qualifie ce « capitalisme à l'agonie » de « défaut de système » que Gaël Giraud dénomme « l'illusion financière ».

Le krach des subprimes est l'équivalent de la Bataille de la Marne en 1914. L'offensive a échoué et les belligérants se sont enterrés. La guerre devient économique et doit se financer par la dette publique non remboursable en bénéfices de guerre. Le krach de 1929 est en train de se reproduire actuellement où l'accumulation de dettes de guerre et de paix mal engagée stérilise tout potentiel de croissance. L'Union Européenne réplique la bêtise politique des années trente en essayant le désendettement public sans restructurer le système du crédit et de la monnaie. Les États-Unis qui ne savent toujours pas séparer la politique de la finance sont passés de la gesticulation politique rooseveltienne à la fuite en avant militaro-financière.

Politique financière mondialisée du chaos

Comme dans le premier vingtième siècle, le monde se dirige vers la troisième guerre mondiale pour échapper de la dégénérescence systémique du capital libéral ; un capital non régulable par les États de droit. La destruction des sociétés politiques va faire le lit d'un nouveau nazisme ; une nouvelle fragmentation du monde selon la propriété financière du capital en lieu et place de la compétition entre les races et les nations. Comme en 1933, les institutions démocratiques des républiques sont financièrement incapables de résister à la montée des intérêts particuliers catégoriels idéologiques et économiques.

Les nazis ne sont plus maître du jeu en tant que parti politique nationaliste mais en tant qu'institutions financières non gouvernementales dictant leur politique aux États réduits à la fonction d'agence financière. La finalité de ce nouvel ordre politique n'est pas d'assurer la suprématie de certains peuples ou pays mais d'asservir définitivement les gens qui travaillent à l'oligarchie financière globale contrôlant le capital par la toile financière numérique. La différence majeure entre 1933 et aujourd'hui est un rapport de force établi sur des bases économiques transnationales et non sur des rapports politiques internationaux.

Contrairement à l'entre-deux-guerres, les capitalistes totalitaires bellicistes n'ont pas à rétablir leur base économique avant de partir à l'offensive. Le contrôle de la monnaie leur donne la disposition a priori d'un financement illimité des buts de guerre. Parce que les nazis de 1933 étaient allemands, ils avaient dû commencer par redonner à l'Allemagne la maîtrise de sa monnaie. A l'instigation du banquier central Hjalmar Schacht, les Allemands avaient refermé leurs frontières commerciales et financières afin d'isoler leur finance du magma spéculatif international. Le pouvoir d'achat du Reichsmark fut rétabli sur le potentiel économique réel de l'hinterland germanique.

En rétablissant la coïncidence entre la souveraineté politique, la souveraineté économique et la souveraineté monétaire, l'Allemagne nazie s'était donnée la possibilité de financer n'importe quelle politique par une économie réelle identifiable et mesurable. Dès l'annexion de l'Autriche, l'économie allemande tournait à plein régime pour préparer la guerre à venir alors que les démocraties tentaient de racheter la paix en discutant avec Hitler. La coïncidence entre la souveraineté économique et la souveraineté monétaire est aujourd'hui réalisée à l'échelle du monde au profit du pouvoir financier. Le pouvoir politique nécessairement national et international discute de la paix mondiale pendant que le totalitarisme libéral lui a retiré toute souveraineté économique afin de financer la guerre du capital contre le travail.

La collaboration forcée avec le totalitarisme

Comme Hitler face aux industriels, aux travailleurs et aux pays satellites de l'Allemagne, la finance internationale dicte les prix par la monnaie. Mais le totalitarisme financier n'ayant par construction numérique pas de frontières, n'a pas à surveiller des frontières physiques et juridiques pour empêcher la fuite ou l'afflux des capitaux qui déforment les équilibres de prix internes par des actions spéculatives externes. L'apparente opposition entre autoritarisme nazi et libéralisme financier cache une même mécanique de concentration du capital au profit de la conquête militaire pour le premier et de l'asservissement du travail au capital pour le second.

La façon dont la France de Vichy a été mise en coupe réglée par les nazis illustre la force économique et politique de la souveraineté monétaire ; souveraineté monétaire fragmentée dans l'Europe nazie et souveraineté monétaire globale unique sous le totalitarisme libéral actuel. En 1940, l'Allemagne maintient nominalement la souveraineté française mais occupe et divise le territoire français entre le nord et la zone sud nominalement libre. Les Allemands dirigent intégralement le commerce extérieur et les finances françaises ; ils utilisent la ligne de démarcation entre le nord et le sud pour contrôler les échanges et la production intérieurs*.

Moyennant le contrôle physique de l'espace métropolitain français, les Allemands se contentent de fixer un impôt d'occupation payable en franc et une parité de change autoritaire en reichsmark. Les nazis forcent la dévaluation du franc par rapport à leur monnaie pour que les travailleurs français travaillent autant et au même prix que les travailleurs allemands. Le gouvernement de Vichy lève des impôts et émet de la monnaie pour reverser aux Allemands le prix de l'entretien de leurs troupes d'occupation et surtout de leurs importations d'armement et de denrées alimentaires.

L'extension du système Schacht à la France occupée induit un commerce franco-allemand parfaitement équilibré et une activité économique maximale des deux cotés de la frontière politique. Évidemment, la nourriture en France est très chère et les salaires sont bas. Mais le plein emploi en France soutient l'économie de guerre allemande. Et les Français haïssent de plus en plus leur gouvernement souverain qui les appauvrit au profit de l'Allemagne... La même mécanique financière s'applique aujourd'hui au profit des intérêts financiers extra-nationaux pour financer la guerre mondiale de spéculation capitaliste.

Le pouvoir politique acheté par le système de finance totalitaire

Le système économique libéral mondialiste a remplacé les nazis. La guerre n'est plus internationale mais civile. La guerre n'est plus que marginalement militaire mais surtout idéologique et numérique. Ce ne sont plus les territoires qui sont occupés mais les esprits et les intelligences. La puissance de l'argent est passée au premier plan devant la puissance des armes et des militaires. Mais la guerre financière se conduit comme la guerre militaire derrière des écrans interconnectés de la toile numérique.

Le gouvernement des États-Unis et les institutions européennes sont les autorités d'occupation. Elles reçoivent leurs instructions des marchés financiers anonymes, lesquels font circuler la liquidité monétaire émise désormais gratuitement par les banques centrales. Les marchés achètent par la volatilité des changes les politiques locales dégageant la plus forte rentabilité du capital financier. Les pouvoirs politiques sont nominalement souverains mais ils ne peuvent appliquer qu'une seule politique : réduction des droits du travail et de l'environnement pour faire baisser les prix de revient en pourcentage des prix nominaux fixés par les marchés ; privatisation des services publics afin de réserver aux intérêts privés la prime du bien commun ; fiscalisation des revenus du travail et défiscalisation des revenus du capital afin de subventionner la rente capitaliste.

En l'absence de marchés publics nationaux du capital et en l'absence d'ordre politique international autonome de l'économie, le libéralisme financier interdit toute responsabilité politique par une asymétrie d'information insurmontable entre les oligarques de la finance et les serviteurs publics du bien commun. Le marché mondial des changes tenu par une poignée de banquiers privés sanctionne par des mouvements de capitaux n'importe quelle décision politique insuffisamment favorable au capital par rapport au travail. Les banquiers systémiques plus gros que les États n'ont aucune difficulté à se faire attribuer le produit de l'impôt d'un État souverain en délocalisant leur liquidité dans les États plus dociles.

Comme le Maréchal Pétain, les présidents et gouvernements français sont des potiches face aux autorités d'occupation libérale européennes. La Commission et le Parlement européens n'ont eux pas le moindre poids à représenter l'intérêt général européen face aux lobbies financiers des industries mondialisées. Sans statut d’État fédéral et sans ressources fiscales propres, l'Eurogroupe n'est qu'une milice parmi d'autres sur le champ de bataille des marchés mondialisés. La BCE qui n'est pas adossée à un État souverain confédéral, ne pèse rien par rapport à la Réserve Fédérale, laquelle dicte ses lois financières au gouvernement fédéral étatsunien et les applique au monde entier par la souveraineté mondiale de fait du dollar.

L'idéologie libérale véhiculée par les administrateurs politiques des institutions politiques et financières, à l'intérieur et entre les États formels, structure un système économique déshumanisé. La souveraineté est purement formelle ; non interprétable en réalité. Personne n'assume en conscience et en responsabilité humainement délibérée l'équilibre des marchés financiers déterminant la répartition des richesses et la rémunération des acteurs efficients de la production les biens et services. Les rapports de force n'ont pas de sujet afin d'échapper à toute humanisation objective.

Retourner la monnaie contre la cupidité financière

Avec autant d'efficacité qu'Hitler en 1933 mais pour financer l'économie de la paix, les démocraties peuvent reconquérir en quelques semaines leur souveraineté dans la guerre mondiale numérique libérale. Il suffit de rétablir les frontières douanières et d'interdire aux banques centrales de prêter à des acteurs économiques non publiquement soumis à la loi et au financement de la loi par l'impôt. L'argument libéral d'impéritie de l’État de droit en matière économique est sans consistance si la concurrence est ordonnée entre les États nationaux par le rétablissement national des monnaies.

En posant l'inexistence pratique du bien commun, le libéralisme financier s'interdit de considérer le prix des biens particuliers en fonction des services réellement produits et vendus dans un cadre juridique et gouvernemental qui les définissent objectivement. Le totalitarisme libéral aplatit la réalité économique en n'y voyant que du capital monétaire indépendant du travail. Or seul le travail demande les biens et services qu'il produit contre le prix fixé en monnaie. Le krach des subprimes, a été la découverte brutale irréversible par la finance numérique de l'inanité des prix en l'absence de rémunération suffisante du travail et du capital juridique commun. Le capital efficient est aussi la mesure opérationnelle du bien commun qui assure la répartition équitable des revenus entre tous les acteurs économiques.

Répétons que la guerre numérique libérale corrompt ou aveugle la classe politique européenne. La zone euro est un môle de stabilité financière à la condition d'un rétablissement des responsabilités étatiques nationales par un État fédéral responsable de la régulation bancaire et monétaire sur des ressources fiscales propres. Si les frontières douanières sont rétablies aux limites de la zone euro sous la responsabilité d'un véritable État multinational, alors les États-Unis d'Europe se dote d'un vrai marché monétaire assis sur une véritable démocratie européenne confédérée. Les monnaies nationales exclusivement convertibles en euro fluctuent sur un marché confédéral pour équilibrer les échanges commerciaux et financiers publics et privés.

La conséquence immédiate d'un marché monétaire multinational en euro est de stopper immédiatement le démantèlement des droits du travail européen et l'écrasement des salaires au profit du capital financier. Les gouvernements nationaux redeviennent assureurs en dernier ressort de l'équilibre domestique des prix en fonction des spécificités nationales de l’État providence. Les assurances sociales et politiques du travail sont réintégrées dans le calcul économique par les parités de change nationales en euro. Les États nationaux dont le travail est insuffisamment rentable sont dévalués tandis que les pays où le capital est trop rémunéré sont réévalués par un marché public intelligible des changes.

En plus d'un rétablissement de l'équilibre réel entre l'offre et la demande de biens et services, la création d'un marché financier fermé en euro autorise une fiscalité confédérale. L'Eurogroupe transformé en gouvernement de l'euro responsable devant une commission parlementaire confédérale peut engager une politique de rachat des dettes publiques qui ont servi à recapitaliser les banques prêteuses en euro. Au lieu de laisser les banques et les grands pays de la zone euro puiser sans limite dans la caisse publique virtuelle de la zone euro, la recapitalisation des banques est réalisée sous le contrôle d'un pouvoir judiciaire européen responsable devant un exécutif et un législatif financiers confédéraux.

La responsabilité financière universelle est la seule monnaie de la démocratie

La guerre mondiale numérique est une généralisation à l'échelle du monde de la politique nazie de corruption du personnel politique par la monnaie. Le libéralisme fait comme si la pensée des personnes n'avait aucune part dans les décisions économiques. Il induit une vision mécaniste de l'économique en même temps qu'une indexation abstraite de la monnaie par l'idéologie anarcho-libertarienne. Est-il raisonnable de ne pas croire à la responsabilité humaine efficiente dans la production et la répartition des richesses ? Il saute aux yeux dans la dépression actuelle, que les revenus distribués sont durablement insuffisants pour déterminer et acquérir tout ce qui est produit. Les prix réglés en monnaie n'intègrent pas le travail réel de renouvellement de tout le capital nécessaire à la croissance économique.

La théorie monétaire keynésienne tirée de l'observation des réalités financières multinationales de l'Empire britannique et de l'entre-deux-guerres occidental multipolaire a parfaitement posé l'impossibilité de l'économie sans la solidarité des États de droit. L’État de droit international par la compensation des monnaies en bancor fut refusée par les États-Unis qui ne savent pas depuis leur origine penser l'autonomie de l'intérêt général sur les intérêts particuliers nationaux ou privés. L'euro n'a pas été créé comme un bancor européen parce que les Allemands ont voulu figer leur pré-éminence par une monnaie unique non régulable par le pouvoir politique. Enfin les élites politiques françaises ont voulu museler la démocratie avec l'idéalisme monétaire allemand importé par les Etats-Unis dans la RFA post-nazie.

Il est temps que les citoyens de l'Europe prennent la mesure du désastre. Il est temps que la concurrence libre et non faussée sans souveraineté monétaire internationale coopérative soit reconnue comme une arme de destruction massive contre la démocratie et le bien commun. Il est temps de chasser les collaborateurs du totalitarisme financier et de mettre en faillite les banques hors la loi. Il est temps de faire racheter par un État européen confédéral tous les dépôts bancaires en euro et les dettes publiques issues de l'irresponsabilité financière systémique. Il est temps de refonder la démocratie par la responsabilité monétaire des gouvernements nationaux.

* Histoire de Vichy, 1940-1944, Robert Aron avec Georgette Elgey, éd. Fayard

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