Paul Jorion a bien voulu accueillir mon billet sur son blog. Voici les réponses aux questions et commentaires des blogueurs
Monsieur Pierre Sarton du Jonchay,
Jolie cette idée d’un achat et vente du futur avec du pouvoir d’achat présent. Vous introduisez le temps dans les calculs économiques. C’est la première fois que je vois formuler cette relation.
Elle est pratiquée dans le fameux « High Frequency Trading » et naturellement dans les opérations à découvert. Elle vous permet de conclure à un vol d’un objet futur pour le rendre avant qu’il
soit présent.
Que l’opération soit au mieux amorale, je suis d’accord. J’ai de la peine à suivre votre idée qu’il s’agit d’un vol. L’asymétrie d’information entre les domaines régulés et non régulés permet des
opérations douteuses. Le délit d’initié rôde dans ce secteur. L’argent quasi gratuit de la BCE fournit les munitions. Tout cela est, dans le meilleur des cas, pas reluisant. Mais voler un objet
dans le futur n’est pas clair.
Il est vrai que votre ligne d’approche du problème implique le temps. Dans les opérations boursières, c’est pour moi une nouveauté. Prendre un objet dans le futur est pour moi vraiment bizarre.
L’idée d’échapper aux conséquences de ses actes parce qu’elles tombent après son temps de responsabilité est claire. C’est pourquoi j’accepte votre idée. je ne la comprends quand même pas.
Je crois qu’il y a là quelque chose de très gros à creuser.
Cher DidierF,
Prenons un exemple pour illustrer ce que serait le « vol financier » c’est à dire la vente-rachat à découvert. Vous projeter de planter un pommier dans votre jardin et prévoyez de récolter 100 kg
dans deux ans. Vous savez quelle catégorie de pommier vous allez cultiver et comment vous allez vous y prendre. Vous vous dites que vous vendrez vos pommes 100 euros dans deux ans. Vous êtes
propriétaire de 100 euros dans deux ans en culture de pommes.
Imaginez que vous n’êtes plus cultivateur de pommes mais seulement investisseur dans le risque de cette culture. Vous vous adressez à un intermédiaire financier qui vous déclare que pour acheter
la vente à terme de 100 euros de pommes dans deux ans : il faut régler immédiatement 90 euros. Cela vous semble raisonnable et vous investissez 90 euros dans la culture de pomme. La vérité d’une
telle opération est que l’intermédiaire financier investisse immédiatement les 90 euros chez un cultivateur de pomme. Si ce que vous avez négocié avec l’intermédiaire est un risque véritable,
vous n’avez pas acheté que des mots mais l’engagement d’investir 90 euros dans la culture réelle de pommes.
Vous aurez compris que ce qui se passe sur les marchés financiers n’est pas vraiment cela. Les intermédiaires financiers travaillant de gré à gré ne remplissent pas systématiquement leurs
engagements réels d’investissement. Les promesses s’adossent aux promesses et ils n’est nullement certain que votre versement de 90 euros soit effectivement investi dans la culture de pommes.
C’est là où est le vol temporaire non pas d’un objet réel concret mais de sa mesure. On vous a vendu un certain prix de quelque chose à terme ; mais l’intermédiaire s’approprie la contre-réalité
à terme de cet objet pour spéculer à votre place sur la réalité.
La négociation financière à découvert est possible par l’absence réelle de marché qui est l’absence d’arbitre impartial de la réalité. Si personne ne vérifie que le prix d’une anticipation
financière se rattache effectivement à un objet de réalité, alors on peut vendre et acheter n’importe quelle mesure de quelque chose qu’y n’existe que verbalement dans le futur. Ainsi un
opérateur financier par le crédit qu’il inspire dans les masses financières qu’il transforme peut négocier des prix qui ne renvoient à aucune réalité humaine et physique. La pomme-papier se
confond avec la pomme réelle dans le futur.
S’il existe un vrai marché, aucune anticipation financière ne peut être vendue ou achetée sans qu’elle ne soit confrontée à une réalité engagée, c’est à dire couverte au sens financier du terme.
Un investissement de 90 dans 100 euros de pommes dans deux ans est couvert si votre versement de 90 va effectivement à un producteur de pommes. Le producteur de pomme est alors acheteur du crédit
nominal de 90 emprunté pour produire 100 de pommes dans deux ans. L’intermédiaire financier est vendeur de la prime de risque de crédit à hauteur de 10 et vous êtes prêteur de 90 euros et
propriétaire d’une prime d’option de pomme à terme de 10 euros. Bien sûr, l’intermédiaire financier vendeur de la prime est tenu par la réalité : au terme des deux ans, il paie 10 au producteur
de pomme qui n’aura pu vendre ses pommes que pour 80 euros de manière à ce que les 90 euros soient effectivement remboursés selon la mesure anticipée du crédit. Une option est bien plus que la
mesure d’un nominal de crédit et d’une prime de risque : c’est un engagement humain entre trois personnes pour produire deux mesures financières et une réalité à terme. Sans un marché de réalité
à terme pour cadrer la négociation d’option, la négociation financière se centre sur elle-même au mépris de toute réalité et donc de toute vérité.
Vraiment trapu comme article… Je note seulement que la notion de règlementation y joue un rôle aussi important qu’inattendu. Intuitivement, on dirait que, aux yeux des acteurs financiers et des
spéculateurs en particulier, cette réglementation est en fait la réalité-même, celle qui sert de référence aux calculs, donc un terrain naturel pour la spéculation. Ce n’est donc pas tant la
notion de risque qui est à revoir de fond en comble, mais son contexte, de type sémantique, que constitue la réglementation. La « vraie » réalité, celle du « crédit engagé », s’en trouve comme
masquée, et expulsée des calculs spéculatifs.
Il est fort possible que j’ai mal compris, mais il me semble qu’il y a là-dessous une idée originale et forte, parce que la réglementation, au départ, est censée rappeler les acteurs à la
réalité.
Crapaud Rouge,
Je suis d’accord. Cet article est trapu. Je n’ai pas non plus tout compris. Vous me faites remarquer que dans cet article la règlementation est la réalité des financiers. C’est une idée fort
séduisante.
Elle rejoint ce que je comprends de l’article. Il y a la partie règlementée de la finance et une partie non règlementée. Cela produit deux réalités entre lesquelles il est possible de jouer. La
partie règlementée sous estime le prix de l’actif et permet de vendre avec un paiement sûr. La partie non règlementée surestime ce même prix et permet de s’imaginer gagner beaucoup plus que ce
qui est possible si on l’achète. Ensuite par besoin d’argent, il faut vendre et là la partie règlementée entre en jeu. La différence est fournie par la planche à billets US ou les prêts
quasi-gratuits de la BCE. Elle disparaît dans les poches des opérateurs financiers jouant sur les deux tableaux. Nous, on paie.
Par la rigueur, par l’accusation que nous vivons au dessus de nos moyens, par l’optimisation des systèmes sociaux, par le chômage, etc… Beurk
J’ignore si cette image correspond à la réalité. Mais elle est très plausible et utilise votre idée de la réalité des marchés définies par la régulation. Vous m’ouvrez la porte d’univers virtuels
distincts entre lesquels des financiers effectuent des échanges. Nous sommes les gisements de matières premières pour ces échanges. Nous payons.
Cela m’ouvre des perspectives de jeux financiers infinis par créations d’univers virtuels.
@DidierF et Crapaud Rouge,
C’est exact : la réglementation est la réalité des financiers. L’anticipation des prix du futur ne se fait pas sur des réalités physiques tangibles mais sur des définitions de réalité. La
définition d’objet financier renvoit à quelque chose qui doit pouvoir exister à un prix qui s’approche de celui anticipé. L’anticipation financière porte autant sur le prix que sur l’objet
sous-jacent au prix. Et la matière du risque n’est pas l’incertitude du prix mais bien la pluralité d’interprétation d’une même définition d’un objet d’investissement et la possibilité que la
réalité future n’existe pas dans la forme ou elle a été mesurée. Il y a une troisième cause matérielle de risque, celle qui créé l’aléa moral : l’absence d’intention d’anticiper des réalités et
de les mesurer à leur vraie valeur à terme entre les mains de leur acheteur final. La mesure du risque résulte de ses trois causes matérielles dont l’une tient strictement à l’éthique du
financier.
Comme toute activité économique est faite d’anticipation, la finance crée sa propre réglementation pour tout objet de valeur à terme non défini par la collectivité. Un objet de négociation
financière défini par la collectivité constitue un vrai marché : tout échangiste sait ce qu’il négocie et le négocie en lui attribuant une valeur collectivement reconnue. Un objet défini par un
intermédiaire financier hors de toute régulation publique échappe facilement à une compréhension collective qui garantisse la réalité de sa valeur.
Quand plusieurs nationalités et plusieurs sources de réglementation publiques ou privées se confrontent dans l’espace économique mondial hors la présence d’une autorité commune de définition de
la valeur, toutes les mystifications sont possibles et financièrement rentables.
@ Pierre Sarton du Jonchay
Je suis un peu long, désolé, la grève m’offre du temps.
Votre article fera sans doute plaisir à P. Jorion, puisque dans sa conclusion il propose la mise en place du bancor. Néophyte en ces matières, votre article reste pour moi abscons.
Denis Guedj avait dit « Une affirmation mathématique n’est pas vraie parce que c’est un « chef » qui le dit, mais parce que tout un chacun peut en vérifier la justesse ! ».
C’est le pari de la raison, encore faut-il que le « tout un chacun » ait acquis le savoir qui permet d’être dans le coup de la vérifiabilité. Entre 2 avis opposés dans un domaine où j’entrave que
pouic, je penche vers l’expert qui a les mêmes penchants politiques que moi, ça ne garantit rien pour autant.
Vous présentez sur votre blog le coup de gueule du
regretté Guedj, Merci, c’est une excellente lecture plus accessible au commun.
Je crois comprendre que ce bancor malgré son inconvénient de cumuler dans sa sonorité la banque et l’or, serait un nouvel étalon universel offrant une gamme de convertibilité à toutes les
monnaies en usage, or inclus dans une chambre de compensation avec une exception notable pour l’or qui serait convertible en bancor et pas l’inverse. Bref une sorte de mètre, référent ultime pour
des monnaies ayant entre elles des rapports schtroumpfés via ce bancor qui devient un équivalent général. Pourquoi pas !
Néanmoins à lire P. Jorion (note sur le bancor) la proposition de Keynes vise à « assurer la pacification des relations économiques entre les nations » et Keynes pense « Il n’y a en réalité que
deux [idéologies] : les états totalitaires… et les états libéraux ».
Sous réserve des changements de « valeur » linguistique des mots utilisés dans le passage d’une langue à l’autre, je note que Keynes use du terme « Nation » et de celui d’ « État ». Le troisième
larron de la sainte trinité fictionnelle « Peuple » n’est pas explicite et sa volonté chère à Mirabeau pas plus. On ne trouvera jamais de présence de l’un et de l’autre que biaisée par un système
complexe de représentation quel qu’il soit et pas neutre du tout quant au « faire valoir » des intérêts divergeants en jeu.
En dépassement de la Nation et ses impasses fut proposé au 19ème la notion d’internationalisme qui subvertit les calculs égoïstes des représentants de la Nation qui s’avèrent pour la plupart les
représentants des privilégiés de la Nation comme les fils de ce blog ne cessent de le montrer.
On sait que l’élan de cet internationalisme fut cassé par les ambitions nationalistes en jeu dans la dite première guerre mondiale. (Cf Jaurès). Un évènement contingent s’en produisit en 1917 qui
tout en déplaçant le sens d’internationalisme, ordonna par la suite autrement qu’au 19ème l’ordre du monde et son désordre pendant tout le 20ème et jusqu’à ce jour puisque malgré les paradoxes
sensibles de la République Populaire de Chine, elle reste un effet de l’évènement contingent.
Si Keynes dans les 30’ usait déjà de l’opposition totalitaire/libéral c’était déjà comme aujourd’hui encore, sans distinguer que le fascisme n’a jamais été qu’une forme violente de réaction du
pouvoir des possédants à la violence du projet socialiste de leur couper les bourses.
La loi Monory de 1978 était aussi une réponse politique plus soft au PCG, et favorisa fiscalement la création d’un capitalisme populaire (dans tous les sens du terme !) et l’identification
idéo-logique aux possédants. Cette identification suscite plus « d’envie » que la théorie des ensembles version 2 classes définissant les appartenances (même croisées de fait).
Vous employez l’expression de « réglementation non totalitaire ».
Le réel par définition échappe à toute tentative de réglementation si on entend par là une tentative symbolique de la tentation imaginaire de l’incarcérer. Par hypothèse toute règle suppose la
possibilité de sa transgression. La sanction est le témoin de cette potentialité en puissance. Donc une règlementation est par essence totalitaire bien que trouée. Qu’il s’agisse de la notion de
vide juridique ou des cohortes de juristes qui se précipitent aux services d’intérêts qui les rémunèrent jusqu’à satiété pour trouver les failles des limites imposées par l’État de droit, la
fuite est toujours déjà là.
Aussi pourriez-vous m’éclairer sur votre syntagme de « réglementation non totalitaire » qui suppose alors une réglementation qui soit totalitaire. Une réponse là-dessus m’importe.
Votre billet/analyse semble proposer une solution technique comme remède à une situation économique issue de choix politiques. Je crois lire que toute l’affaire que vous articulez tient à la
décorrélation entre un signe et son référent. Là où Magritte propose son « ceci n’est pas une pipe » les MAF achètent et vendent la pipe, avec le bénéfice virtuel du rapport de cette féelation
réelle promise à quelques fortunes.
Ce serait donc une sorte de bulle de la valeur de la signification comme telle (un délire initié par quelques « économistes » embarquant le monde entier ? – on en a connu d’autres ; le petit
dernier, Kerviel « Donc, si j’ai continué, ce n’était pas pour l’argent, mais j’étais complètement déconnecté de la réalité »). Cette valeur de la signification (la fameuse réalité) est toujours
en discussion à la bourse des échanges langagiers quotidiens qu’on appelle pourparlers.
Personnellement je ne pourparle plus sur l’opportunité de mettre fin à la propriété privée des grands moyens de production, ni sur la fin du secret bancaire. Après ça peut pourparler sur « un
programme partagé » incluant le bancor, qu’ensuite viennent s’en mêler la dite extrême gauche jusqu’aux villepinistes, l’important me parait d’isoler les terroristes et les totalitaristes du
capital et de « desseiner » une alternative, mondiale bien sûr.
Cher pvin,
Permettez-moi d’avoir pris le temps de réfléchir avant de vous répondre. Mon expression de réglementation (non) totalitaire est effectivement à éclairer. J’entends par totalitaire le fait de
couvrir par un discours tout un champ du réel de sorte qu’il ne reste aucune incertitude sur la description complète de ce réel. S’agissant du domaine financier, la réglementation n’est pas
totalitaire puisque la partie du champ non couverte est beaucoup plus importante que la partie couverte. J’affirme que ce fait pose problème parce que générateur de risque non mesurable donc
illimité.
Comme l’échange financier porte sur le futur, ses objets ne sont pas mesurables physiquement mais dans leur définition verbale. La réglementation est un moyen indispensable de l’activité
financière en figeant des définitions d’objet financier. Sans une définition commune entre les contreparties de l’objet qu’elles négocient, le risque est total qu’elles ne négocient pas la même
chose. L’absence de réglementation financière d’origine publique dans le champ international laisse aux acteurs le soin d’annoncer par eux-mêmes la réglementation qu’ils s’appliquent entre eux.
Ils le font à l’intérieur de leurs contrats sans lesquels il n’y a pas d’objet financier.
La réglementation publique plus les contrats privés constituent donc globalement et nécessairement une description totale de la réalité des engagements financiers. Mais c’est une totalité
invisible à la collectivité du fait des contrats de gré à gré qui ne laissent aucune trace extérieure aux parties. Entre les parties-mêmes, rien ne prouve ni ne garantit l’interprétation commune
des engagements échangés. Il en résulte que les prix ne sont pas l’expression d’un équilibre entre une offre et d’une demande. Ni à l’échelle de la collectivité financière à cause des contrats
inconnus ; ni à l’échelle individuelle où l’offre d’un contrat n’est pas objectivement ce qui est demandé par la contrepartie.
Précisons à ce stade qu’une négociation financière étant nécessairement une pure confrontation de subjectivités sans objet physique, la seule présomption objective d’objectivité entre des parties
est l’intervention d’une troisième partie responsable de l’équité. Elle n’a pas d’intérêt dans l’objet négocié mais seulement à l’équilibre d’information entre les parties sur la réalité de leurs
engagements réciproques. On découvre que ce tiers ne peut venir que du marché ; pas le lieu où l’on négocie mais l’intermédiaire par lequel on négocie. L’intermédiaire de marché incarne
littéralement la communauté des objets de négociation financière entre toute partie négociante.
La réglementation financière devient donc réellement totalitaire par l’intermédiation humaine entre sujets humains d’anticipation financière. Pour qu’une réglementation soit totale, elle ne doit
pas tout dire mais permettre que tout soit dit sur le plan des engagements humains. Le seul moyen d’y parvenir est l’instauration d’un marché d’intermédiation parfaitement délimitée et
identifiable. Identifiable par une monnaie de transaction qui signale l’efficience absolue de l’intermédiation de marché. Délimitée par le fait que sans utiliser la monnaie, on négocie en dehors
du marché et de la régulation qu’il contient. Une réglementation financière totalitaire est un marché transparent d’anticipations dont les sujets sont dedans ou dehors selon la monnaie qu’ils
utilisent.
Vous affirmez à juste titre que nous sommes dans un problème de tri. Quelle totalité choisissons-nous ? Le bancor est la proposition d’une réglementation de marché distincte de tout autre qui
accueille la totalité de l’engagement humain. Le bancor est international car aucune interprétation nationale du droit ne peut y prévaloir ; seulement l’égalité d’information entre des parties
engagées garantie par un arbitre commun. Arbitre commun évidemment délégué par les Etats, peuples et nations démocratiques convaincus que la liberté la plus fondamentale est de comprendre à quoi
la vie engage.
Qu’en dites-vous ?
J’ai arrêté de lire pour noter ceci : vous associez surprime à crise de liquidité. C’est un point de vue incomplet, stérile et finalement erroné.
La cause est une crise de solvabilité. Il suffit de se rappeler ce que désigne le terme « subprime »: des gens non solvables, parce que sous-payés au nom de théories absconses ( qui ont encore
cours), ont été incités à contracter un crédit immobilier supérieur à leur capacité de remboursement. En corolaire,il était admis, au nom d’une théorie ( qui apparamment s’est effondrée) que le
marché de l’immobilier étant croissant, la valeur à la revente serait supérieure au crédit contracté.
Là est l’origine des « subprimes »; le reste n’est que littérature de banquiers, car pour eux et eux seuls, le crise est une crise de liquidité. Adaptez le revenu des accédants à la propriété au
niveau d’un immobilier raisonnable, vous n’avez plus de crise systémique. C’était la situation prévalant avant les théories absconses.
Pensez aux épicycles de Ptolémé.
@daniel,
Vous êtes au coeur du problème en discutant du lien entre liquidité et solvabilité. La solvabilité, c’est la permanence anticipée de la liquidité future : est solvable celui dont on ne peut pas
douter qu’il sera liquide sur tous ses engagements à échéance future. Pour être solvable, il faut être actuellement liquide. Ne pas être mis en faillite signifie acter à tout instant présent la
possibilité de régler ses engagements à terme.
L’impasse actuelle du débat sur la liquidité et la solvabilité est dans l’absence de la réalité sous-jacente à la mesure de la liquidité et de la solvabilité. Pour que la liquidité présente et à
venir soit réelle, il faut que la contrevaleur des prix financiers soit réelle et vérifiable. Vous avez absolument raison : si les prix de l’immobilier américain n’avaient pas été
artificiellement stimulés par des crédits réellement illiquides, il n’y aurait pas eu de crise des subprimes.
Le problème de la liquidité est donc celui de la réalité qui doit être mesurable indépendamment des anticipations financières. Est liquide un prix qui reflète l’équilibre actuel de l’offre et de
la demande de son objet sous-jacent réel. Est potentiellement illiquide un prix qui contient les équilibres futurs de marché avant que l’offre et la demande réelles ne soit encore exprimées.
Et qu’est-ce que sont l’offre et la demande réelles ? L’échange de la satisfaction réelle de détenir un objet réel contre un crédit de monnaie liquide dont la valeur réelle correspond exactement
au prix de l’objet échangé. La réalité est donc celle de sujets librement engagés dans leur décision d’échanger un objet réel contre monnaie dont la valeur est définie et certaine.
La crise systémique est bien la possibilité de pouvoir produire le signe de la liquidité en dehors de sa réalité.